Cette année les Chorégies d’Orange fête leur 150 ans avec dix spectacles. Depuis un an, Vincent Payen, directeur technique du festival lyrique collabore avec Paulin Reynard, directeur de la production. De leur complémentarité dépend la réussite du spectacle et du festival. Un travail de l’ombre où chaque jour suffit à sa peine pour résoudre les problèmes techniques, afin de répondre à l’esthétique artistique souhaitée par les réalisateurs.
Vincent Payen, directeur technique des Chorégies et Paulin Reynard, directeur de production, sont amenés à s’entendre pour mener à bien cette nouvelle saison des Chorégies d’Orange qui fête ses 150 ans cette année. Et ça leur va bien, car leur bonne relation n’est ni forcée ni contrainte. Il est vrai que tous deux, à leur manière et dans leur fonction, se doivent la solidarité et la complémentarité. Ils disent à l’envi que leur moment de gloire est intériorisé quand le spectacle est réussi. Paulin Reynard image cet instant : « Nous sommes assis l’un à côté de l’autre. On est là à compter les secondes. Quand on avait prévu 20 secondes de machinerie et qu’on jauge 20 secondes pendant le spectacle alors qu’au cours des répétitions il en fallait 22, alors on est content. » Vincent Payen poursuit : « Plutôt que de saluer, je prends plus de plaisir à écouter la réaction de la salle. Notre but est de participer à la réalisation du spectacle et de répondre au souhait de la réalisation. »
On peut imaginer qu’en entrant dans cette nouvelle saison orangeoise, les deux hommes ne dorment pas beaucoup. Vincent Payen s’amusent à dire : « Pour dormir et récupérer, c’est comme le reste de la journée : il faut être efficace. »
Tous deux racontent que le spectacle se construit dès que l’un ou l’autre tient une information : « Immédiatement on la transmet, car elle sera utile et on peut déjà y réfléchir. Ça signifie qu’on que l’on commence à y penser un ou deux ans à l’avance. »
Si difficultés il y a cette année, dans cette édition singulière du festival lyrique, elles seraient dans la chronologie des spectacles, explique Vincent Payen : « On est plus dans l’alternance des spectacles puisqu’ils y aura des concerts en plus des opéras. Ce qui oblige à démonter ou déplacer le décor. On doit réfléchir à ce qui peut être gardé pour gagner du temps au démontage comme au remontage. On doit penser que chaque production doit être respectée et séduisante. C’est le cas de la VIIIe symphonie de Mahler qui marque ce 150e anniversaire, on discute avec le metteur en scène de Don Giovanni, pour savoir ce qu’on peut conserver comme éléments de décor. » Paulin Reynard livre un exemple de contrainte : « Pour la VIIIe par exemple on doit démonter le praticable car sinon l’orchestre ne rentre pas. Une fois que l’on sait ça, à nous de trouver une solution en tenant compte des éléments qui seront sur le plateau. Ça signifie aussi que Vincent n’aura qu’un jour et demi pour remettre le plateau pour Don Giovanni et poursuivre les répétitions. »
Vincent Payen peut compter entre 80 et 100 techniciens : « Je laisse libre les chefs de service de leur choix, mais en général les trois-quarts des techniciens reviennent d’une année sur l’autre. Aux Chorégies, les gens sont fidèles. Ils sont tous qualifiés mais pas sur qualifiés comme on peut l’entendre. Ce qui est important c’est que chacun suit les évolutions technologiques. »
Cette année encore, la vidéo prendra une large part dans la scénographie des deux opéras : Guillaume Tell de Rossini le 12 juillet et Don Giovanni de Mozart les vendredi 2 et mardi 6 août. Vincent Payen tord le cou aux idées reçues quand d’aucuns disent que l’emploi de la vidéo permet de réduire les coûts de production : « C’est une question de choix pour le metteur en scène. Aujourd’hui, on vit dans un monde connecté, les images sont importantes, on regarde nos téléphones portables etc. La vidéo permet une autre vision du spectacle qu’un décor unique comme à Orange. Mais certains réalisateurs préfèrent encore le décor. Le problème de la vidéo, c’est pour le réalisateur des lumières qui doit composer avec la puissance des projecteurs qui doit installer des spots en conséquence pour donner du volume aux personnages. »
Paulin Reynard et Vincent Payen s’accordent à dire qu’à la présentation des projets tous deux donnent un avis pour que l’artistique et la technique se conjuguent : « Nous devons tout faire pour ça fonctionne. Pour l’instant, il ne nous est jamais arrivé de dire que cette idée n’est pas réalisable. A nous de faire en sorte pour ça fonctionne. On est là pour trouver les solutions. »
Au programme :
- Cette nouvelle édition commencera avec Musiques en fête, capté au Théâtre antique et diffusé en direct sur France 3. Date à déterminer.
- Le samedi 22 juin retour de Pop the opéra avec 600 collégiens sur la scène romaine:
- Le samedi 6 juillet, concert Nuit espagnol et le retour de Placido Domingo ou la venue des ballets d’Antonio Gadès ;
- Le jeudi 11 juillet, concert de Jeff Mills et son spectacle « Ligth From the Outside World » ;
- Le vendredi 12 juillet, Guillaume Tell, opéra de Rossini, avec dans les rôles titres Nicolas Alaimo et Annick Massis avec la basse Nicolas Courjal ou le soprano Jodie Devos ; la mise en scène est de Jean-Louis Grinda et la direction musicale revient à Gianluca Capuano.
- Le mercredi 17 juillet les Ballets de Monte-Carlo danseront le « Roméo et Juliette » de Prokofiev ;
- Le samedi 20 juillet, concert lyrique d’Anna Netrebko ;
- Le lundi 29 juillet la VIIIe symphonie de Mahler sous la direction de Jaap Van Zweden ;
- Les vendredi 2 août et mardi 6 août Don Giovanni, opéra de Mozart avec Erwin Schrott, Nadine Sierra ou Karine Deshayes. L’Orchestre de l’Opéra de Lyon sera dirigé par Frédéric Chaslin. La mise en scène est confié à Davide Livermore.
- Le dimanche 4 août un ciné-concert au piano de « Faust, une légende allemande », sous les improvisations de Jean-François Zygel.
Cette année, les concerts à la cour Saint-Louis seront donnés en soirée :
- Mardi 2 juillet à 21h30 récital de Ramon Vargas
- Lundi 8 juillet à 21h30 récital Le Soleil de Naples ;
- Mardi 16 juillet à 21h30 concert des Révélations Classiques de l’Adami ;
- Samedi 3 août à 21 heures, récital diabolique de Jean-François Zygel.
Renseignement au 04 90 34 24 24 ou aux Chorégies d’Orange