Marc Cassar est venu pour la première aux Chorégies d’Orange il y a trois ans. D’abord comme renfort avant d’intégrer cette année une équipe de montage. Il raconte que la première rencontre s’est faite grâce à un camarade lui a proposé de le remplacer, car lui partait vers un autre festival. Marc Cassar découvre ainsi la monde du spectacle en taille XXL.

C’est sûr que ces six semaines passées à Orange le changera de ses habitudes. Marc Cassar a le Rhône à traverser pour rejoindre le théâtre antique où il a intégré une équipe de machinistes pour monter et démonter la scène et préparer les spectacles des Chorégies d’Orange. Il est installé à Saint-Géniest-de Comollas dans le Gard où il a ouvert un théâtre avec sa compagne, qu’ils ont appelés la Fabrique des imageries. Il explique qu’il a investi des anciens garages pour les transformer en une scène et en ateliers.

Un lieu façonné de  ses mains où tout se fait entre artistique et artisanat : « Nous fabriquons nos décors, les costumes. » Lui-même se présente comme comédien ou metteur en scène, régisseur à l’occasion. Sa compagne assure, elle, la direction d’acteurs. « Mon appart’ », une de ses pièces sera présentée d’ailleurs à la Maison de la poésie à 21h45 pendant le festival Off. Comme beaucoup de théâtres aujourd’hui, il faut se débrouiller pour faire tourner les spectacle en créant un circuit parallèle hors de celui des grosses machines institutionnalisées. Marc Cassar a fait le choix de vivre sans demande de subventions : « C’est beaucoup de temps pour formuler les demandes de plus en plus complexes. Il faudrait que nous ayons une personne qui se consacre à l’administration et nous n’en avons pas les moyens, alors on se débrouille autrement. Le théâtre vit et on arrive à payer les comédiens.»

Les Chorégies d’Orange, c’est bien différent de son théâtre de campagne, mais ce n’est pas fait pour lui déplaire, au contraire : « Ici, je peux travailler avec de grosses structures comme Artéfact qui construit les décors. Ça m’intéresse cette grosse machinerie et j’admire cette conception. Et j’apprends au sein d’une équipe nombreuse de quatre-vingt ou cent techniciens, alors que dans mon théâtre on bosse à trois. C’est une autre facette de notre métier. »

Au-delà de la culture de la scène, ces six semaines aux Chorégies sont aussi nécessaires pour maintenir son statut d’intermittent : « Ici, on peut faire 300 heures, c’est très bien, même si on a des primes en moins par rapport à l’an passé. Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce n’est pas si facile d’atteindre les 507 heures fixées. Etre aux Chorégies permet à des intermittents comme moi que le reste de l’année soit moins compliqué. Si nous n’avions que notre théâtre, sans une autre activité, on ne pourrait pas tenir. Où alors le prix des places serait à 50 euros pour arriver à payer les déplacements, les hébergements et les salaires.»

Sa fierté c’est tout de même de participer aux 150 ans des Chorégies d’Orange : « On est quatre-vingt ou cent à pouvoir se dire : j’y étais. On représente une poignée parmi tous les machinistes et tout le monde du spectacle vivant. C’est quand même incroyable d’être ici, au sein du plus vieux festival d’Europe, et de participer à la réalisation des spectacles. Il ne faut pas le cacher c’est bien aussi pour la carte de visite personnelle. Dire qu’on a travaillé aux Chorégies d’Orange, c’est comme posséder un nom particules, ça marque les esprits. C’est une façon de dire aussi qu’à côté des théâtres de proximité comme le mien il est encore possible qu’il y ait des lieux comme ici, qui ont des moyens de monter de grands spectacles, c’est essentiel qu’il y est encore de grands festivals où on peut présenter des spectacles importants. Moi, je n’y pense même pas. »-

Bruno ALBERRO

 

Renseignement aux Chorégies d’Orange