En intégrant l’Ecole Elisa Lemmonier, Corinne Crousaud se destinait à travailler dans la haute couture. Un stage à la Société française de production pour la télévision en a dédidé autrement. Elle est devenu costumière pour le spectacle vivant et depuis 2009, responsable de ce service aux Chorégies d’Orange.

Depuis 2009, elle dirige le service des costumières aux Chorégies d’Orange. Corinne Crousaud raconte en toute simplicité son émotion à chaque fois qu’elle revient au théâtre antique.

Corinne Crousaud ne cherche pas à feindre son émotion quand elle foule le théâtre antique pour les Chorégies d’Orange, où elle est responsable du service des costumières. Une émotion non feinte qui se traduit par un frisson et quelques poils dressés en retrouvant le mur antique : « La première fois que je suis venue à Orange, en 2004, je n’avais même pas osé traverser la scène. Pour faire notre métier, il faut être émotive, parfois les larmes montent sous les paupières. »

Il faut une bonne dose aussi de bienveillance et de psychologie : « Nous sommes les dernières personnes que les artistes voient avant de monter sur scène. Il y a bien encore le régisseur, mais ça dure moins longtemps. Le chanteur a besoin d’être rassuré. On est là à lui sourire. Si on le fait c’est que nous avons ça en nous.»

Elle résume son rôle à cette citation : « Pour qu’un artiste chante bien, il faut qu’il oublie son costume. C’est pour cela que nous prenons beaucoup de temps à l’essayage. On le fait se déplacer et bouger pour qu’il ne ressente aucune gêne. Ce n’est arrivé que deux fois qu’un chanteur refuse un costume et une fois on a dû le changer, car de tout évidence ça n’allait pas à la chanteuse. En général, ces changements ou modifications se passent bien. »

Aux  Chorégies d’Orange, elle commence à travailler à partir du mois de janvier, d’abord avec Paulin Reynard, directeur de production du festival, ensuite avec le réalisateur des costumes en relation avec la direction technique : « Ici, je suis libre de constituer mon équipe. Au fil des ans elle s’est renouvelée. La remise en cause est permanente. Je m’oblige aussi à cette remise en cause pour ne pas tomber dans la routine. »   

Son expérience de la scène lui indique dès les premières répétitions si le spectacle va plaire ou pas : « Je vois les choses en trois D, comme si la mise en scène, les costumes, les décors étaient distincts. Ça me touche quand ça ne fonctionne pas, surtout quand ce sont des gens que j’aime bien. Mais ce qui me fait le plus de peine, ce sont les gens qui partent avant la fin du spectacle. Je trouve que c’est un manque de respect pour les équipes artistiques ou techniques, que ces personnes qui partent ne mesurent tout le travail effectué et le nombre de personnes qui travaille sur un projet. On peut ne pas être porté par l’émotion mais on trouve quelque chose de bien dans un spectacle. » Après son bac, Corinne Crousaud a intégré l’école Elisa Lemonnier à Paris pour travailler ensuite dans la haute couture : « C’était une des deux écoles publiques. J’ai fait un stage à la Société française de production pour la télévision et je me suis dit c’est ça que je veux faire : les paillettes, le spectacle, tout ça. C’était l’époque aussi où il y avait des moyens dans la Culture. Aujourd’hui c’est autrement, on doit apprendre à composer différemment. »

Elle se souvient qu’enfant elle voulait être chirurgienne, mais au plus loin qu’elle remonte elle se voit en train de coudre des habits pour ses poupées, sous le regard de sa grand-mère. Elle glisse aussi qu’elle voulait faire de l’élevage en Australie. Un pays où elle ne s’est pas encore rendue : « J’irais un jour. La Nouvelle-Zélande m’attire aussi.»

Bruno ALBERRO

 

Au Programme

Les Chorégies d’Orange fête leurs 150 ans du 2 juillet au 6 août, cette année avec douze dates pour treize spectacles. Deux opéras sont à l’affiche : Guillaume Tell de Rossini et Don Giovanni de Mozart. La VIIIe symphonie de Mahler sera à la dimension de l’événement avec l’Orchestre national de France et le Philharmonique de Radio-France réunis pour la première fois de leur histoire. Outre les concerts et la danse avec Roméo et Juliette du ballet de Monte-Carlo, la venue de la soprano Anne Netrebko, la présence de Placido Domingo, et le singulier prince de la musique électro au sein du festival lyrique étoffent l’affiche.

  • Le 2 juillet, récital Ramon Vargas ;
  • Le 6 juillet, Nuit espagnole ;
  • Le 8 juillet, récital Le Soleil de Naples ;
  • Le 11 juillet, concert Jeff Mills ;
  • Le 12 juillet, Guillaume Tell de Rossini ;
  • Le 16 juillet, concert Révélations classiques Adami ;
  • Le 17 juillet, Ballet Roméo et Juliette ;
  • Le 20 juillet, gala Netrebko et Eyvazov ;
  • Le 29 juillet, la VIIIe Symphonie de Mahler ;
  • Les 2 et 6 août, Don Giovanni de Mozart ;
  • Le 4 août, Ciné-concert avec Jean-François Zygel.

Renseignement aux Chorégies d’Orange