C’est pour l’écouter chanter et le voir que les gradins du théâtre antique se sont remplis pour La Nuit espagnole, proposée par les Chorégies d’Orange ce samedi. C’est du moins l’impression laissée. Lui, c’est Placido Domingo, le divo, le dernier de sa génération. Un des rares chanteurs dont la renommée dépasse le monde du chant lyrique. Les Trois ténors qu’il a composés avec Pavarotti et Carreras attiraient les foules sur leur trois noms, maintenant c’est sur le sien seul.
Domingo a aimanté le regard du public dès que son ombre troublait le plateau à jardin. On peut être seul sur cet espace et l’occuper pleinement comme l’a fait Domingo, à l’inverse on peut ajouter des artifices, des effectifs et des effets et n’offrir que le vide clinquant. Placido Domindo ne s’est pas limité à de la figuration avec un ou deux airs de zarzuela, à jouer autant qu’interpréter. Que ce soit en solo ou duo, en langue tribale, Placido Domingo a assumé, se nourrissant des applaudissements acquis. Ce genre à part de ce théâtre chanté, offre en oxymores des airs joyeux et pétillants à la situation triste des déchirements de la vie.
Réduire cette soirée ibérique à leur seule présence de Placido Domingo serait injuste, même s’il a tenu la scène romaine. A ses côtés, l’hémicycle a pu découvrir la soprano portoricaine Ana Maria Martinez au timbre chaleureux et aux légatos subtils.
Le ténor Ismaël Jordi faisait aussi son entrée aux Chorégies d’Orange et complétait le trio lyrique de cette soirée.
Pour illustrer le cadre où se déroulaient les saynètes des zarzuelas, les danseurs, de la compagnie Antonio Gadès, jouaient au besoin les figurants. Ils étaient là aussi pour montrer l’héritage de leur maître, mort en 2004, qui avait fait évoluer le flamenco vers une danse de ballet. Les gradins ont pu apprécier la justesse et la cohésion de la chorégraphie réglée par les claquements des castagnettes ou des fers des talons martelant le parquet de la scène antique.
Le rythme et la cadence étaient données par le chef espagnol Oliver Diaz. Porté par des élans de générosité, il dirigeait l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo.
Photo crédit Bruno ABADIE
Au Programme des Chorégies d’Orange :
Les Chorégies d’Orange fête leurs 150 ans du 2 juillet au 6 août, cette année avec douze dates pour treize spectacles. Deux opéras sont à l’affiche : Guillaume Tell de Rossini et Don Giovanni de Mozart. La VIIIe symphonie de Mahler sera à la dimension de l’événement avec l’Orchestre national de France et le Philharmonique de Radio-France réunis pour la première fois de leur histoire. Outre les concerts et la danse avec Roméo et Juliette du ballet de Monte-Carlo, la venue de la soprano Anne Netrebko, la présence de Placido Domingo, et Jeff Mills, le singulier prince de la musique électro au sein du festival lyrique, étoffent l’affiche.
- Le 8 juillet, récital Le Soleil de Naples ;
- Le 11 juillet, concert Jeff Mills ;
- Le 12 juillet, Guillaume Tell de Rossini ;
- Le 16 juillet, concert Révélations classiques Adami ;
- Le 17 juillet, Ballet Roméo et Juliette ;
- Le 20 juillet, gala Netrebko et Eyvazov ;
- Le 29 juillet, la VIIIe Symphonie de Mahler ;
- Les 2 et 6 août, Don Giovanni de Mozart ;
- Le 4 août, Ciné-concert avec Jean-François Zygel.
Renseignement aux Chorégies d’Orange