Eugénie Andrin a été conviée à chorégraphier les danses et ballets de Guillaume Tell, l’opéra de Rossini. L’ouvrage sera présenté le 12 juillet au théâtre antique et pour la première fois aux Chorégies d’Orange.

Dire qu’Eugénie Andrin est devenue danseuse soliste, et maintenant chorégraphe, sans une passion exacerbée de son art, c’est possible. C’est sans doute une analyse extrême de sa part mais on la croit à sa façon de le dire et de développer son parcours et ses premiers pas sur scène.

La danse est pourtant toute sa vie, et sans doute que la pratique de sa discipline dépassionnée lui permet cette conjugaison entre technique et artistique : « J’ai commencé par prendre la danse comme des performances : pouvoir lever la jambe très haute, marcher sur les pointes, le travail à la barre. L’esthétique et l’artistique sont venus après. »

Elle ne cache pas que sa formation classique la poursuit et qu’elle est restée la base de son vocabulaire : « J’essaie d’ajouter de la danse contemporaine, mais j’ai gardé en moi ce besoin de précision du geste. »

Eugénie Andrin chorégraphie Guillaume Tell aux Chorégies d'Orange

Eugénie Andrin chorégraphie Guillaume Tell aux Chorégies d’Orange

Ce n’est pas facile de se départir de sa culture et ce qui vous a façonné.

Au théâtre antique d’Orange, elle se sent forcément moins libre que dans ses créations : « L’histoire et la musique sont là, forcément on doit les respecter. » Elle travaillera avec les danseurs du ballet de l’Opéra d’Avignon qu’Eugénie Andrin connaît bien pour avoir été soliste dans cette troupe, mais aussi avec des éléments de l’école Ballet school Orange dirigée  par Christine Blanc : « Le plus dur avec les enfants c’est de les garder concentrés car après une demi-heure, ils ont tendance à se disperser, l’autre difficulté c’est aussi d’obtenir la précision qu’on attend de danseurs classiques. Comme quand je leur demande de passer la tête d’une épaule à une autre ensemble. »

Eugénie Andrin montre le geste séquencé à obtenir au lieu d’un demi-cercle continu : « Pour l’instant je le fais avec eux, ça va. »

Elle explique que dans ses créations elle laisse de la liberté à ses danseurs : « Comme avec la compagnie, nous n’avons que deux semaines pour monter un spectacle, je suis souvent obligée de donner mes intentions. Si avec la petite compagnie comme de grands ballets nous disposions de six ou huit semaines ce serait différent. »

D’autant que dans sa petite structure, elle doit tout faire : « Il y a la partie administrative qui prend aussi beaucoup de temps. Ce n’est pas intéressant et ça repose. Et puis, je ne vis pas la danse à 100 %, je ne suis pas tout le temps en train de créer dans ma tête.»

Elle fait remarquer que la relation avec les institutions est ambiguë : « On est toujours entre notre liberté de création et ce qui va plaire aux structures. On sait ce qui plaît, mais ce n’est pas ce que j’ai envie de créer. »

Eugénie Andrin défend son art et la liberté d’entreprendre mais elle est aussi critique par rapport à sa discipline : « Il y a eu une période où on s’est moqué des gens et du public. Quand on voyait un danseur mettre trois quarts d’heure pour lever un bras, pour moi qui vient du classique où tout est codifié, ce n’est pas de la danse. On a vu aussi des gens arriver à la danse à plus de 40 ans, sans avoir dansé, ce n’est pas sérieux. »

Bruno ALBERRO

 

Au Programme des Chorégies d’Orange :

Les Chorégies d’Orange fête leurs 150 ans du 2 juillet au 6 août, cette année avec douze dates pour treize spectacles. Deux opéras sont à l’affiche : Guillaume Tell de Rossini et Don Giovanni de Mozart. La VIIIe symphonie de Mahler sera à la dimension de l’événement avec l’Orchestre national de France et le Philharmonique de Radio-France réunis pour la première fois de leur histoire. Outre les concerts et la danse avec Roméo et Juliette du ballet de Monte-Carlo, la venue de la soprano Anne Netrebko, la présence de Placido Domingo, et le singulier prince de la musique électro au sein du festival lyrique étoffent l’affiche.

  • Le 11 juillet, concert Jeff Mills ;
  • Le 12 juillet, Guillaume Tell de Rossini ;
  • Le 16 juillet, concert Révélations classiques Adami ;
  • Le 17 juillet, Ballet Roméo et Juliette ;
  • Le 20 juillet, gala Netrebko et Eyvazov (ANNULE);
  • Le 29 juillet, la VIIIe Symphonie de Mahler ;
  • Les 2 et 6 août, Don Giovanni de Mozart ;
  • Le 4 août, Ciné-concert avec Jean-François Zygel.

Renseignement aux Chorégies d’Orange