Le ténor géorgien Irakli Kakhidze a presque 20 ans de carrière alors qu’il n’a que 39 ans. S’il est en troupe à Mannheim, il est attendu la saison prochaine à Avignon, dans Carmen, en 2021 à Lille et cet été à La Cadière d’Azur pour un concert solidaire.

Son Nessun Dorma de Turandot repris à Musiques en fête l’an passé est encore dans les gradins du Théâtre antique. Irakli Kakhidze dit qu’il ne sera pas cette année à « Musiques en fête« , émission télévisée en direct du théâtre antique qui lance les Chorégies d’Orange pour ses 150 ans : « J’ai chanté au 149e. Cette année, il y avait déjà Roberto Alagna comme ténor. » Comme une déférence vis à vis de son aîné, comme s’il ne pouvait être associé au chanteur français.

Cela fait presque 20 ans que le ténor géorgien Irakli Kakhidze mène sa carrière de salle en salle : « J’ai commencé à vingt ans, mais sérieusement à 26 ans. Au début j’étais baryton et puis mon professeur de chant en Géorgie m’a décidé à devenir ténor. »

La guerre, en 2007, contre les Russes a marqué son histoire. Il en garde un souvenir douloureux. Ce qui explique sans doute sa tournée de concerts dans son pays : « Avec la soprano Chrystelle Di Marco on a appelé ces concerts Solidarité pour Paris, ils faisaient suite aux séries d’attentats de 2015 et 2016 qui ont marqué votre pays. » De solidarité il sera en question quand Irakli Kakhidze retrouvera Chrystelle Di Marco ce 21 juillet pour un concert en aide à la Croix-Rouge.

Irakli Kakhidze ne joue pas les faux-modestes, il rappelle son arrivée et ses premières prestations en France : « J’étais un roi dans mon pays, j’avais reçu le prix spécial Turidi. J’ai compris qu’ici je devais tout recommencer et que je n’étais pas connu. J’ai rejoint le Centre national d’insertion professionnelle des artistes lyriques (CNIPAL) à Marseille. On a beaucoup voyagé et donné beaucoup de concerts. Ça a nécessité une adaptation au français mais aussi apprendre à chanter comme un Européen, que ce soit la voix, les couleurs et les différents rôles. J’ai passé beaucoup d’années à l’école soviétique, ça représente encore 30% de ce que je fais. En Russie, j’ai travaillé seulement la voix et appris à la pousser. »
Avec le CNIPAL, Irakli Kakhidze dit avoir pu suivre de nombreuses master-class : « J’ai côtoyé Leo Nucci, Rolando Villazon, Roberto Alagna. J’ai une passion pour Roberto Alagna, j’aime beaucoup sa prononciation, son style et son exigence. Il t’apporte unpeu plus de valeur. »
Depuis deux ans, Irakli Kakhidze a rejoint la troupe de l’opéra de Mannheim : « Je travaille beaucoup ici, ce qui m’a permis de travailler le répertoire italien ; je vais chanter la saison prochaine Don José (NDLR de Carmen de Bizet à Avignon) et Tosca à Lille en 2021. » Quant aux Chorégies d’Orange, le ténor géorgien dira du bout des lèvres : « Nous sommes en contact, ce n’est pas encore une discussion. »
S’il ne se considère pas comme Européen, c’est que son pays borde la Caucase et l’Arménie, que l’écriture de sa langue est unique : « Elle date du IVe siècle. Elle n’a pas d’origine connue et ne ressemble à aucune autre. »  Et aucunement au cyrillique des voisins russes. D’ailleurs les relations diplomatiques entre les deux pays sont tendues : « J’avais un concert à Moscou, ce 30 mai dernier, et il a fallu annuler : je n’ai pas eu de visa. »

Bruno ALBERRO

 

Photo studio Harcourt

La vidéo d’Irakli Kakhidze 

Où entendre Irakli Kakhidze ?

  • Le 13, 18, 21, 25 juillet dans Il trovatore de Verdi au théâtre national de Mannheim sous la direction de Roberto Rizzi-Brignoli avec Evez Abdulla et Julia Faylenbogen ;
  • Le 29 juillet, concert caritatif en duo avec la soprano Chrystelle Di Marco à La Cadière-d’Azur ;
  • Les 10, 12, 14 août dans Aida de Verdi aux Soirées lyriques de Sanxay dirigé par le chef Valerio Galli dans une mise en scène de Jean-Christophe Mast avec Elena Guseva, Olesya Petrova Vitaliy Bilyy.
  • Les 07, 13, 20, 25, 28 décembre, le 22 janvier 2020, les 09, 13, 19 février, le 22 mars et le 25 avril dans Carmen de Bizet au théâtre de Mannheim.

Renseignement à Irakli Kakhidze