
Nicolas Courjal séjournera une dizaine de jours cet été au Cambodge, pour donner un peu de son temps à 47 orphelins du Refuge Kol. Nicolas Courjal est comme ça. Aux Chorégies d’Orange, en 2014, alors qu’il chantait dans Nabucco, la basse française avait pris la parole avant la représentation pour défendre le statut des intermittents. Prise de parole applaudie par une partie du théâtre antique, huée par une autre. Au moins il fait l’unanimité sur la scène. Sa saison se terminera avec « Guillaume Tell » de Rossini aux Chorégies d’Orange où il endossera le costume du méchant Gessler, le fonctionnaire zélé.
Nicolas Courjal aime à se ressourcer chez lui en Bretagne pour travailler au calme, loin des bruits de la Capitale. C’est un choix de vie de retrouver sa maison familiale. Il n’est pas du genre à s’inquiéter pour sa carrière. D’autant que si elle a été lancée en Angleterre, elle se poursuit en France. Et les sollicitations augmentent. Le vendredi 12 juillet il sera sur la scène du théâtre antique pour interpréter Gessler dans Guillaume Tell de Rossini aux Chorégies d’Orange. Un rôle de composition qu’il affectionne trouvant intéressant de jouer des personnages complexes? Même si en Gessler, il ne trouve aucune humanité à son personnage. On l’a vu dans Faust à Marseille tout le plaisir à jouer son rôle : « Quand le regard du metteur en scène correspond à ce qu’on ressent, c’est plus facile à interpréter, on est plus dans le vrai. Ça vaut pour tous les chanteurs je pense.» Ne lui dites qu’il est la basse la plus en vue du moment, ça le fait sourire : « Je ne le crois pas. Mais ça fait plus plaisir que d’entendre que je suis le plus mauvais chanteur. » En tout cas, Nicolas Courjal est heureux dans sa tessiture : « Je ne voudrais pas être ténor. Non ! ça ne me dit rien. Soprano, ça m’aurait plu. Mais ce n’est pas possible. »
- Parler musique avec Nicolas Courjal c’est bien et c’est plus que ça aussi écouter une leçon simplicité. Il raconte que ce n’est pas un acteur qui est devenu chanteur : « J’ai commencé par le violon et le piano avant d’être au chant. Pour moi, le chant c’était d’abord de la musique. Au début sur scène, je n’étais à l’aise. Et au conservatoire on ne prend pas de cours d’art dramatique ou de théâtre. Maintenant, jouer est devenu aussi important que chanter. Ca ne signifie pas que j’accepterai n’importe quelle mise en scène, il faut que c’est un sens, si par exemple on nous demandait de nous mettre nu. Mais ça ne m’est jamais arrivé. »
Après son approche de la scène, Nicolas Courjal évoque son séjour estival d’une semaine au Refuse Kol, au Cambodge, où il va coudoyer et choyer 47 orphelins : « Ce centre est ouvert depuis dix ans par mon amie Sophie Koch (soprano), la marraine, et Didier Laclau-Barrère un des administrateurs. Le centre a commencé avec deux enfants. Les besoins sont énormes alors si je peux apporter ma contribution, c’est normal. Je me rends compte aussi On ne sort pas indemne de ce genre de rencontre, tout en sachant que ce que nous faisons c’est une goutte d’eau dans un océan. Ce séjour au Refuge ne peut que nous toucher, mais aussi ça nous rend plus fort. Ça aide à prendre du recul sur les choses. Des gens nous demandent si on peut adopter les enfants, mais on ne peut pas ils sont leur parents, si les enfants sont délaissés c’est à cause de la détresse et de la misère. De même on ne prend pas de parrainage, car pourquoi un enfant aurait 150 dollars et celui d’à côté vingt seulement? » Nicolas Courjal peut être regardé comme un homme à principe, celui prêt à les défendre, à bon droit. Comme aux Chorégies d’Orange, en 2014, alors que la représentation de Nabucco de Verdi allait être donnée, il est venu prendre la parole en costume de scène pour dénoncer les menaces qui pèsent sur le statut des intermittents du spectacle : « Je trouvais normal de défendre cette exception française. Je trouvais normal aussi que ce soit un chanteur qui parle, sa voix porte mieux. Surtout que les politiques ne veulent rien proposer en remplacement. Avant il y avait des troupes d’opéra, mais ça n’existe plus. C’est vrai que dans le public, certains ont applaudi, je me suis fait copieusement siffler aussi. Il faut dire qu’il n’y a pas les artistes d’un côté, les techniciens de l’autre et le public encore à part. Non ! Nous sommes tous liés. On sait que ces statuts sont remis en cause tous les dix ans. Trop considèrent que les artistes et les techniciens sont des fainéants. Ce n’est pas vrai : nous parlons de la défense de la culture.»
La vidéo de Nicolas Courjal
Nicolas Courjal aux Chorégies d’Orange
Le 12 juillet à 21h30, Nicolas Courjal est à l’affiche de « Guillaume Tell » de Rossini dans une mise en scène de Jean-Louis Grinda et dirigé par Gianluca Capuano.
Renseignement à www.courjalnicolas.com ou à www.opera.marseille.fr Informations sur le refuge Kol à www.le-refuge-kol.com Page Facebook: www.facebook.com/LeRefugeKol et l’Instagram à www.instagram.com/lerefugekol/