La basse française Nicolas Cavallier chantera le rôle de Walter Furst dans Guillaume Tell de Rossini aux Chorégies d’Orange. Il devrait revenir sur la scène du théâtre antique l’an prochain dans Samson et Dalila. Il raconte qu’il se bonifie avec le temps.

Trois basses pour une seule production et ça amuse Nicolas Cavallier de la distribution de Guillaume Tell de Rossini aux Chorégies d’Orange à l’affiche pour les 150 ans du festival lyrique : «On ne peut pas être en concurrence puisque nous ne sommes pas dans les mêmes actes. Dans d’autres voix, c’est différent, elles sont plus nombreuses. » Derrière les boutades se cachent aussi le souvenir triste de la disparition de son ami Franck Ferrari, mort il y a tout juste quatre ans : « J’ai une pensée pour lui avec qui j’avais fait Don Quichotte avant qu’il meurt. »
Il efface le voile le tristesse pour revenir amusé au présent, prenant la vie comme elle vient : « J’ai de la chance, je chante de mieux en mieux. Il y a vingt ans dans Faust je finissais fatigué, il y a dix ans, c’était mieux et maintenant rien aucune fatigue vocale. En plus ma voix va vers les aigus, du coup mon répertoire s’élargit et ce n’est que mieux. »

Nicolas Cavallier possède cette joie de vivre qui fait avancer, il rit même de ses mésaventures comme cette nuit où il a dormi au bord de la piscine de sa location à Orange : « La clef était restée dans la serrure et je n’ai pas pu ouvrir, je n’ai pas réussi à réveiller quelqu’un. J’ai pris une couverture dans la voiture. Je me suis levé avec le jour et les moustiques.»

Nicolas Cavallier estima que la basse française n’a pas à souffrir de comparaison avec les autres écoles des pays de l’est à la réputation établie : « La basse dans la musique française est différente des autres répertoires, Dans Hamlet par exemple on passe du Fa à Mi, soit deux octaves, c’est notre répertoire qui le demande. On voit même que le rôle d’Escamillo, de Carmen de Bizet, est entre deux, il faut aller chercher en haut et en bas. »
Nicolas Cavallier s’est formé en Angleterre où il a beaucoup chanté de 1983 à 1993. Ce qu’il peut regretter c’est que la France n’a pas la culture du récital : « Dans beaucoup de pays, des chanteurs peuvent faire une carrière en récital. Chez nous, même de grands chanteurs ne remplissent pas les salles. Je me souviens même José Van Damme à Lyon où il y avait peu de monde. »
Ce semblant de détachement n’empêche pas Nicolas Cavallier d’être critique sur les évolutions du chant lyrique, par exemple les débuts de sonorisation qu’on voit ici et là. « Je n’ai pas appris le chant pour chanter avec un micro. Je suis mon propre amplificateur pour passer l’orchestre », tranche-t-il.
Quand on lui fait remarquer que certains chanteurs enseignent ou transmettre leur connaissance, Nicolas Cavallier sourit : « J’ai encore tellement à apprendre que je ne peux pas enseigner. Par contre, ce que j’aimerai bien faire c’est de la mise en scène. J’ai des choses à dire. »
En attendant de diriger des acteurs, Nicolas Cavallier sera dirigé la saison prochaine dans Les Contes d’Offmann, Le démon de Rubinstein, Cosi Fan Tutti. Si un prochain projet lui tient à cœur et le réjouit c’est le Château de Barbe-Bleue : « Ce sera avec mon fils à Marseille. »
Il glisse que le public des Chorégies le retrouvera sur la scène du théâtre antique l’an prochain dans Samson et Dalila de Camille de Saint-Saëns.

Bruno ALBERRO

Au Programme des Chorégies d’Orange

Les Chorégies d’Orange fête leurs 150 ans du 2 juillet au 6 août, cette année avec douze dates pour treize spectacles. Deux opéras sont à l’affiche : Guillaume Tell de Rossini et Don Giovanni de Mozart. La VIIIe symphonie de Mahler sera à la dimension de l’événement avec l’Orchestre national de France et le Philharmonique de Radio-France réunis pour la première fois de leur histoire. Outre les concerts et la danse avec Roméo et Juliette du ballet de Monte-Carlo, la venue de la soprano Anne Netrebko, la présence de Placido Domingo, et Jeff Mills, le singulier prince de la musique électro au sein du festival lyrique, étoffent l’affiche.

  • Le 6 juillet, Nuit espagnole ;
  • Le 8 juillet, récital Le Soleil de Naples ;
  • Le 11 juillet, concert Jeff Mills ;
  • Le 12 juillet, Guillaume Tell de Rossini ;
  • Le 16 juillet, concert Révélations classiques Adami ;
  • Le 17 juillet, Ballet Roméo et Juliette ;
  • Le 20 juillet, gala Netrebko et Eyvazov ;
  • Le 29 juillet, la VIIIe Symphonie de Mahler ;
  • Les 2 et 6 août, Don Giovanni de Mozart ;
  • Le 4 août, Ciné-concert avec Jean-François Zygel.

Renseignement aux Chorégies d’Orange