Le chef d’orchestre Laurence Equilbey sera la marraine de cette 31e édition des Musicales du Luberon. Elle donnera une conférence et dirigera le Requiem de Mozart le 18 juillet au théâtre des Carrières aux Taillades. Elle sera à la tête de son ensemble Insula orchestra.
Laurence Equilbey est sans contexte le fer de lance des chefs d’orchestre au féminin, afin de faire reconnaître la capacité d’une femme à diriger un orchestre, même si elle relativise son rôle et son influence : « Aujourd’hui, nous sommes quelques unes à diriger. Je ne suis plus toute seule. Mais c’est un sujet plus grave qui dépasse la musique et vaut pour toute la culture en général. »
Elle ne peut donc que se réjouir du choix de l’Orchestre régional Avignon-Provence d’avoir retenu Debora Waldman comme chef titulaire à compter de 2020 en remplacement de Samuel Jean.
Si les choses vont mieux, Laurence Equilbey estime ce qu’il reste à long chemin à parcourir : « Ce serait bien d’atteindre entre 15 à 20 % de chef féminin. Pour cela c’est un équilibre à trouver. D’autant que je suis favorable à la mixité. »
Ce qui contredit les Musicales du Luberon dont le thème est cette année est la femme dans la musique, que ce soit comme soliste, compositrice ou chef d’orchestre : « Je m’en étais ouvert à Patrick Canac, le président. Il m’a expliqué que c’est un éclairage et que ce n’était une volonté agressive. Un coup de projecteur pour montrer que les femmes et les hommes soient traités d’égal à égal. »
Quand elle prend la direction d’un orchestre aujourd’hui, les choses ont changé depuis dix ans, dit-elle, qu’elle est moins attendue ou moins surveillés : « C’est vrai qu’au début il fallait prouver, mais bon c’est un peu la règle du chef qui doit faire ses preuves en permanence. Mais je pense que les femmes musiciennes sont presque plus dures avec nous que les musiciens. »

Laurence Equilbey chef d'orchestre

Laurence Equilbey chef d’orchestre, dirigera le Requiem de Mozart aux Musicales du Luberon. c.

Laurence Equilbey souligne que la seconde partie de son projet est de défendre la littérature des compositrices, bien souvent oubliée dans les programmes : « C’est un répertoire à valoriser. »
Si d’aucuns constatent que les compositeurs de la seconde partie du XXe siècle ont eu du mal à être joués, Laurence Equilbey défend au contraire cette pluralité de styles : « Je trouve qu’on a pu découvrir des sensibilités très diverses et que les grands combats entre les différents styles (ou écoles) sont apaisés. Tous ces débats ont eu un intérêt. »
Elle-même se sent éloignée de la composition : « Je fais des arrangements. Là aussi je constate la mixité entre les compositeurs, chef d’orchestre et ceux qui ne dirigent pas du tout. La question n’est pas forcément actuelle, je crois qu’elle s’est toujours posée.»
Cet été sera dense pour Laurence Equilbey puisqu’elle est invitée à tenir la baguette en Allemagne, à Uzès, aux Musicales du Luberon et à Salzbourg.
L’an passé les Chorégies d’Orange avait invité Nathalie Stuzmann, première femme à diriger un opéra dans le plus vieux festival lyrique au monde. Si la direction l’invitait ? Laurence Equilbey se dirait réjouie d’une telle proposition : « Il faudrait un opéra universel comme Fidelio (de Beethoven) ou Madama Butterfly (de Puccini). Ou alors Der Vampyr l’opéra de Heinrich Marschner. Ce serait amusant, non ? »

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Jana Jocif

Où voir diriger Laurence Equilbey ?

  • Le 18 juillet Requiem de Mozart aux Musicales du Luberon ;
  • Le 25 juillet, Programme Dusapin à Salzbourg ;
  • Le 26 septembre Souvenirs d’Ecosse à la Seine Musicale ;
  • Le 29 septembre Souvenirs d’Ecosse à la Philharmonie de Paris…

Renseignements à Laurence Equilbey  et aux Musicales du Luberon