Jean-Christophe Maillot dirige le ballet de Monte-Carlo, entre deux tournées internationales, il vient présenter Roméo et Juliette au théâtre antique à l’invitation des Chorégies d’Orange, ce mercredi 17 juillet.

L’affiche est alléchante pour ce retour à la danse au théâtre antique avec écrit Roméo et Julliette, Prokofiev, Ernest Pignon-Ernest, Ballet de Monte-Carlo et Jean-Christophe Maillot. Si on ajoute les Chorégies d’Orange, ça fait valeur sûre. D’autant que ce ballet a été écrit en 1996 et donné plus de 350 fois depuis sa création. De la routine direz-vous ! Eh bien, non ! si on en croit Jean-Christophe Maillot depuis qu’il a foulé la scène romaine : « Mon intention était de transplanter le décor ici comme on le fait dans d’autres théâtres, mais en fait j’ai décidé de tout changer et de profiter de cet espace presque naturel avec ses portes et ce mur. On va changer le décor. J’ai prévenu Ernest Pignon-Ernest en lui disant que ce sera différent. »

Roméo et Juliette représente l’archétype du mythe pour Jean-Christophe Maillot. Mythe rime avec universalité chez le chorégraphe qui dans le drame shakespearien se traduit par l’idéalisation de l’amour absolu, celui vécu à l’adolescence : « Je n’ai pas évoqué le conflit social, j’ai préféré la relation amoureuse. D’ailleurs Juliette le dit : il suffit de se regarder dans les yeux et on le sait. J’interroge aussi le frère Laurent et sa responsabilité. Sans lui les amants ne seraient pas morts. Dans cette chorégraphie, je pense que chacun de nous peut se souvenir d’un amour adolescent, excessif. Ce que la danse peut traduire par les corps qui se touchent. Je crois au conte de fées et je suis certain qu’ils se réalisent.»

Jean-Christphe Maillot

Le chorégraphe Jean-Christophe Maillot du ballet de Monte-Carlo présente Roméo et Juliette aux Chorégies d’Orange

Sans les danseurs le chorégraphe n’existe pas, martèle Jean-Christophe Maillot : « C’est vrai que ça fait partie des phrases convenues, comme la culture doit aller partout.» Il ajoute aussi le public nécessaire à la réalisation d’une production : « J’avoue que je pense aussi au public. Et je demande aux danseurs de dire un texte, ce n’est pas que de la danse et des gestes. Si à la fin du spectacle, le spectateur a été touché et a revécu une émotion, je me dis satisfait, c’est que nous avons réunis des éléments communs entre les danseurs et les spectateurs. Mais il faut rester humble et dans le Roméo et Juliette rester humble c’est aussi par rapport à la musique de Prokofiev.»

Jean-Christophe Maillot se présente comme un héritier de la forme classique : « J’aime bien la comparaison avec le médecin. Certains sont des chercheurs qui trouvent les nouveaux médicaments et puis il y a des docteurs généralistes. Je suis le généraliste. Et on a besoin des  deux. Je n’aime pas qu’on parle d’opposition entre la danse contemporaine et la danse classique, l’une nourrit l’autre et évolue. Et puis qu’est-ce qu’il y a eu comme recherche dans la danse depuis Cunnigham ? J’avais amené ma fille voir Roméo et Juliette par le Bolschoï, ça l’avait faite rire de voir mourir Juliette en dansant sur les pointes. Mais les pointes font partie de la forme classique et du répertoire. On ne reproche pas à l’opéra de Paris de présenter Tosca, Aida ou Bohème, ça fait partie du répertoire. Pourquoi le Bolschoï n’est pas considéré au même titre : celui du répertoire ? »

La défense du temps pour travailler et construire les choses est une règle pour le chorégraphe monégasque : « Je suis quelqu’un qui travaille dans la durée. Ce que j’ai vécu avec le ballet de Monte-Carlo est un conte de fée et nous avons même la Princesse Caroline qui défend notre projet. Il a fallu qu’elle soit convaincante car ce n’était pas gagné. Comme elle défend le budget de la culture pour le maintenir à 5% du PIB. On est parti de rien et j’ai le sentiment encore d’être arrivé là par hasard, que ce poste ne m’était pas destiné au départ, j’avais 32 ans et je me posais des questions. Maintenant le ballet est une structure autonome de 120 ou 130 personnes. »

Il dit donner beaucoup d’importance au choix des danseurs : « Je peux dire qu’à la fin d’une représentation je peux aller boire un verre avec chacun d’eux. » Pour lui les qualités intrinsèques sont plus importantes que sa valeur artistique : « Je pense que pour réussir une intégration, c’est au plus petit nombre d’aller vers la majorité. C’est pour ça que je demande aux candidats  de passer deux jours avec nous, de manger avec la compagnie. Après le rôle d’un directeur est de gérer les égos afin que chacun trouve sa place.»

Bruno ALBERRO

 

Au Programme des Chorégies d’Orange

Les Chorégies d’Orange fête leurs 150 ans du 2 juillet au 6 août, cette année avec douze dates pour treize spectacles. Deux opéras sont à l’affiche : Guillaume Tell de Rossini et Don Giovanni de Mozart. La VIIIe symphonie de Mahler sera à la dimension de l’événement avec l’Orchestre national de France et le Philharmonique de Radio-France réunis pour la première fois de leur histoire. Outre les concerts et la danse avec Roméo et Juliette du ballet de Monte-Carlo, la venue de la soprano Anne Netrebko, la présence de Placido Domingo, et Jeff Mills, le singulier prince de la musique électro au sein du festival lyrique, étoffent l’affiche.

  • Le 6 juillet, Nuit espagnole ;
  • Le 8 juillet, récital Le Soleil de Naples ;
  • Le 11 juillet, concert Jeff Mills ;
  • Le 12 juillet, Guillaume Tell de Rossini ;
  • Le 16 juillet, concert Révélations classiques Adami ;
  • Le 17 juillet, Ballet Roméo et Juliette ;
  • Le 20 juillet, gala Netrebko et Eyvazov ;
  • Le 29 juillet, la VIIIe Symphonie de Mahler ;
  • Les 2 et 6 août, Don Giovanni de Mozart ;
  • Le 4 août, Ciné-concert avec Jean-François Zygel.

Renseignement aux Chorégies d’Orange