Roméo et Juliette de Prokofiev par le Ballet de Monte-Carlo aux Chorégies d'Orange 2019

Roméo et Juliette de Prokofiev a été présenté par le Ballet de Monte-Carlo aux Chorégies d’Orange 2019

Après le ballet Béjart l’an passé et sa La Flûte enchantée, cette fois c’était au ballet de Monte-Carlo de représenter la danse pour cette nouvelle édition des Chorégies d’Orange. Ce mercredi 16 juillet, Jean-Christophe Maillot, le directeur monégasque, avait retenu Roméo et Juliette sur une musique de Prokofiev. Cette chorégraphie écrite en 1996 trouvait là un nouvel espace pour traduire ce drame shakespearien qui aborde l’amour absolu. Et c’est d’ailleurs le message du chorégraphe qui touche l’accord sensible des amours juvéniles où tous les acteurs qui les perturbent vivent les souffrances de la culpabilité. En premier témoin, Jean-Christophe Maillot place le frère Laurent en acteur du drame, pour ne pas dire en responsable de cette double mort passionnelle. Tout ce qui ne réunit pas les amants de Vérone les désunit. A ces personnages témoins et acteurs, Jean-Christophe Maillot les vêt de noir et de blanc, où tout le monde est coupable, comme pour montrer que la vie est sans nuance : une fois on fait le bien une fois on décide le mal. A chacun, bon ou méchant alterné, le chorégraphe leur destine un masque de borgne. Un regard à demi-fermé de celui qui refuse de voir et qui empêche le discernement.

Jean-Christophe Maillot ne renonce pas à la forme classique de la danse, mais il ajoute le théâtre, et les gestes se font mots, se fondent en phrases et en dialogues. On entend les blagues de potache de Mercutio et les réponses agacées de Tybalt. L’issue est connue, Juliette fait semblant d’être morte, Roméo meurt d’une vie sans espoir ; Juliette face à la mort de son amant ensanglanté, à son tour s’achève. Exit le poison et exit le poignard convenus, le sang enrubanné sert de corde à mourir et la vie épanche les regrets de l’imbécilité humaine et des radicalisations.

Jean-Christophe Maillot explique et fait jouer, il a habité la scène romaine utilisant les portes que lui propose le théâtre antique. Il ajoute des paravents avec deux panneaux blancs amovibles, montre que le spectacle se suffit à lui-même sur un plateau où l’épure sert de décor pour laisser place à la danse narrative et théâtralisée, et à la musique.

Bruno ALBERRO

 

Photo Bruno ABADIE 

 

Au Programme des Chorégies d’Orange

Les Chorégies d’Orange fête leurs 150 ans du 2 juillet au 6 août, cette année avec douze dates pour treize spectacles. Deux opéras sont à l’affiche : Guillaume Tell de Rossini et Don Giovanni de Mozart. La VIIIe symphonie de Mahler sera à la dimension de l’événement avec l’Orchestre national de France et le Philharmonique de Radio-France réunis pour la première fois de leur histoire. Outre les concerts et la danse avec Roméo et Juliette du ballet de Monte-Carlo, la venue de la soprano Anne Netrebko, la présence de Placido Domingo, et Jeff Mills, le singulier prince de la musique électro au sein du festival lyrique, étoffent l’affiche.

  • Le 20 juillet, gala Netrebko et Eyvazov Annulé ;
  • Le 29 juillet, la VIIIe Symphonie de Mahler ;
  • Les 2 et 6 août, Don Giovanni de Mozart ;
  • Le 4 août, Ciné-concert avec Jean-François Zygel.

Renseignement aux Chorégies d’Orange