La mezzo, Delphine Haidan était à l’affiche l’an passé des Musicales du Luberon avec Karine Deshayes où les cantatrices avaient présenté leur spectacle « Deux mezzos, sinon rien ! » Delphine Haidan revient le lundi 22 juillet à l’affiche du festival, avec un récital où elle rendra hommage à Maria Malibran et Pauline Viardot.

Delphine Haidan est de retour aux Musicales du Luberon, présidée par Patrick Canac qui a orienté son 31e festival vers les femmes dans la musique. Ce lundi 22 juillet à 21h30 à l’église Saint-Luc de Ménerbes (84), la mezzo rendra hommage à Maria Maubran et sa sœur Pauline Viardot, toutes deux cantatrices recherchées au milieu du XIXe siècle, la cadette devenant compositrice en mettant fin à la carrière de mezzo. Pour la petite histoire, la villa Viardot, dans un état de délabrement avancé, pourrait voir les débuts de restauration à partir de cet automne.
Si elle se fait plus rare dans les productions opératiques, c’est que Delphine Haidan est persuadée que les artistes doivent prendre un virage et innover avec des formes plus légères, à l’instar de cet hommage qu’elle rendra aux deux soeurs postromantiques : « Pour moi c’est notre avenir. Au début, c’était les petites structures qui ont demandé à ce qu’on baisse nos cachets, maintenant les baisses de subventions touchent aussi les grandes maisons. Nous n’avons pas d’autres choix que nous adapter à la conjoncture. Mais il est vrai que nous sommes arrivés à la limite basse et que ce serait bien maintenant de remonter nos cachets. »

La mezzo Delphine Haidan

La mezzo Delphine Haidan est de retour aux Musicales du Luberon. Photo Harcourt

Delphine Haidan a donné d’autres visages à sa carrière et rebondit sur d’autres projets comme Deux mezzos, sinon rien ! Un spectacle qu’elle a donné aux Musicales du Luberon l’an passé, avec Karine Deshayes et qui sera le sujet d’un CD avec une sortie dans les bacs prévue en 2020.
Elle évoque aussi « Miroir de femmes » une composition d’Antonio Santana, interprétée par plusieurs artistes féminins qui a fait le sujet d’un concert et d’un disque en décembre dernier : « Je reprends souvent des airs dans mes récitals, j’en chante aussi dans les bis. Je trouve l’écriture du compositeur brésilien très belle. »
Delphine Haidan s’intéresse à l’Histoire mais aussi à la politique, à tous ces projets de loi qui pourraient toucher les retraites et les indemnités chômage et les menaces pesant sur les intermittents du spectacle : « Le problème c’est que ça change tout le temps. Les statuts sont sans cesse modifiés même si c’est stable depuis quelques années. Je crois que les gens ont compris en 2003, avec la grève des intermittents, que la Culture rapportait aussi de l’argent dans les commerces, les restaurants les transports… » Les idées toutes faites et tenaces sur ce sujet la dérange, du genre intermittent fainéant accroché aux discours des râleurs : « Ce qui me gêne ce sont encore les mêmes critiques que l’on entend. Mais on trouve toujours plus fainéants que soi : les fonctionnaires, les artistes. On a chacun le sien. Mais le système des intermittents est bien, car dans notre vie on a tous des périodes difficiles où on travaille moins que l’année précédente et que le statut permet de compenser. Mais je rappelle que ce n’est pas l’argent de l’Etat, c’est celui de la collectivité, versé par les entreprises. »
La cantatrice apprécie la période estivale qui lui permet de travailler toute l’année : « Même si en France nous n’avons pas une vraie culture du récital comme en Allemagne. On voit beaucoup d’instrumentistes travailler l’été, souvent même ils sont directeurs artistiques. C’est moins vrai pour les chanteurs ; ils arrêtent de chanter en juin quand la saison termine. » Chanter l’été ne signifie pas moins d’engagement vocaux pour autant explique Delphine Haidan : « Peu importe le lieu et sa dimension, on se doit de donner la même qualité de concert. Ce qui change, c’est le contact avec le public. On est plus proche, on le rencontre après le concert. Et puis, il faut penser aussi aux bénévoles qui organisent ces festivals. »
Cette proximité a aussi ses défauts : « Ce n’était pas vrai il y a encore quinze ans, mais aujourd’hui il est difficile de se laisser aller, il faut toujours faire attention à son image. C’est souvent que j’interviens sur les réseaux sociaux pour retirer une photo de moi négative. Aujourd’hui, on doit se méfier de cette puissance négative. »

Bruno ALBERRO

Renseignements à Delphine Haidan 

 

Au programme des Musicales du Luberon

  • Le lundi 22 juillet, à partir de 18 heures Journées des compositrices avec le mezzo  Fiona McGown et Célia Oneto Bensaid, au piano, pour rendre hommage  à Alma Malher, Mel Bonis, Nadia et Lili Boulanger ou Clara Schumann.
  • Le Lundi 22 juillet à 21h30 à l’Église Saint-Luc, Ménerbes concert « Hommage à Maria Malibran et Pauline Viardot » avec Patrick Barbier, récitant ; Delphine Haidan, mezzo-soprano et Jean-Marc Pont-Marchesi au piano.
  • Le mardi 23 juillet,  à l’Église Saint-Luc de Ménerbes, cette fois le festival honorera Hélène de Montgeroult  avec un récital commenté sur le thème « Montgeroult, à l’avant-garde du romantisme » avec Edna Stern, piano et commentaires.
  • Le jeudi 25 juillet est réservé au Requiem selon Zygel  qui sera donné à l’église basse de Bonnieux à 21h30, avec le chœur Spirito dirigéNicole Corti, direction et au piano Jean-François Zygel
  • Le dimanche 28 juillet à l’ Église Saint-Luc de Ménerbes à 21 h 30 : « Bienvenue à Maria et Nathalia Milstein »  pour un concert « Madame et Monsieur Schumann » avec Maria Milstein, violon et Nathalia Milstein, piano et l’altiste Joël Waterman.
  • Le mardi 30 juillet  à l’Église Saint-Luc de Ménerbes : concert« Les blues romantiques » avec Maria Milstein, violon et Nathalia Milstein, piano, avec l’altiste Joël Waterman et le Bush Trio pour un programme Ravel, Dvořák, Brahms.
  • Le mercredi 31 juillet à 18 heures à l’église de Saignon, concert « Chants de la Méditerranée à Marie » par l’Ensemble Irini avec Lila Hajosi, mezzo-soprano, direction et arrangements Marie Pons, mezzo-contralto et Julie Azoulay, alto.
  • Le mercredi 31 juillet  projection de Cécilia Bartoli & Friends (en coopération avec le Festival du film italien et La Strada) Film documentaire sur Cécilia Bartoli (réalisé par Fabio De Luca, Arte) à la Strada, place de la Mairie à Ménerbes à 21 h 30. Entrée libre.
  • Le dimanche 4 août, en clôture de son festival, à la carrière des Taillades, l’association Musicales en Luberon recevra la cheffe Debora Walman qui dirigera l’Orchestre régional Avignon-Provence et l’Orchestre de l’Opéra de Toulon pour un programme alléchant avec la Ve symphonie de Beethoven et le double concerto de Brahms avec Sonia Wieder-Athertonau violoncelle et Amira Ganzau violon.

Renseignement à Musicales du Luberon