Le mezzo marseillais Lila Hajosi défend le patrimoine chanté du répertoire médiéval qu’elle interprète avec le trio Irini ou les églises et chapelles qui l’accueillent le plus souvent. On pourra l’entendre dans de nombreux festivals cet été dont celui d’Entrecasteaux dans le Var ou aux Musicales du Luberon à Gordes.

Le soir même de l’incendie de Notre-Dame de Paris, le mezzo marseillais Lila Hajosi postait un commentaire sur les réseaux sociaux et témoignait de l’état général du patrimoine culturel qu’elle visite au travers des différents concerts, donnés le plus souvent dans des lieux de culte. Pour elle, si Notre-Dame en feu est une catastrophe qui dépasse le religieux, elle juge que le problème est plus profond et touche une grande partie de notre patrimoine national, en particulier le patrimoine religieux : « Les églises, les chapelles font parties de notre d’histoire de l’art. Là où nous allons chanter, on voit souvent l’état d’abandon de ses bâtiments ou de leur peinture. Il suffit de mesurer combien de sites ont été inscrits au Loto du patrimoine. Certains lieux sont proches de la ruine et les communes ou les intercommunalités n’ont pas les moyens de les entretenir, sans compter que les coûts augmentent. » Lila Hajosi est d’autant plus sensible au patrimoine gothique, ou roman, qu’elle s’est orientée vers le chant médiéval avec son ensemble Irini, un trio qui chante a cappella et qui se produira entre autres cet été au festival d’Entrecasteaux dans le Var ou aux Musicales du Luberon à Gordes dans le Vaucluse.

Le mezzo Lila Hajosi se tourne vers la musique médiévale. Ce point d'histoire la convainc de l'intérêt de la défense du patrimoine.

Le mezzo Lila Hajosi se tourne vers la musique médiévale. Ce point d’histoire la convainc de l’intérêt de la défense du patrimoine.

Cette parenthèse patrimoniale refermée, Lila Hajosi évoque son métier de plus en difficile à organiser : « En 2019, le chanteur doit savoir tout faire, comme assurer sa communication. Même si on a un agent, on doit être prêt à faire des démarches et connaître les administrations. Il faut apprendre à être de plus en plus vigilant possible sur beaucoup de choses. On peut dire aussi que c’est un mal et un bien de savoir et comprendre ce qui se passe derrière une production. Quand je vois Julie Fuchs, marraine de l’opéra Un fauteuil à l’opéra, je me dis que c’est bien aussi que les artistes s’investissent.»
Elle glisse toutefois que l’investissement d’un chanteur ou un musicien commence dès la formation : « Il faut beaucoup de moyens, c’est important d’avoir derrière soi sa famille, surtout pour les premières années de la carrière. Etre un jeune artiste, ça coûte cher, entre les master class, les auditions, les déplacements et le quotidien. Même s’il existe des subventions ou des bourses. Il y a aussi un fonds d’aide pour les jeunes artistes. Ce n’est pas tout noir ou tout blanc. Mais encore une fois, la recherche de financements fait partie aussi du lot des chanteurs. »

Le mezzo Lila Hajosi se tourne vers la musique médiévale. Ce point d'histoire la convainc de l'intérêt de la défense du patrimoine.

Le mezzo Lila Hajosi a découvert le monde opératique aux Chorégies d’Orange en écoutant Traviata; elle avait deux ans et demi.

Toutes les anicroches liées au métier de saltimbanques, Lila Hajosi les écartent, tellement il était ancré en elle qu’elle serait chanteuse. Ce désir est né en assistant à la Traviata alors qu’elle avait 3 ans, se souvient-elle dit-elle (NDLR : En 1993 avec Roberto Alagna et Kathleen Cassello (décédée en 2017), dans une mise en scène de Francesca Zambello et dirigé par Michel Plasson) : « Je suis native d’Avignon, et j’ai grandi à Orange. J’y suis allée car ma mère était ouvreuse aux Chorégies d’OrangeJ’ai eu un véritable coup de foudre en allant voir cet opéra au théâtre antique. J’ai saoulé mes parents avec le chœur des Bohémiennes. En fait, je me souviens juste du dos du chef d’orchestre, de la tâche blanche et noire, chemise et cheveux de Violetta au milieu de la scène, et de cette impression violente de tomber vers eux…. cette envie brûlante d’être sur scène, je me souviens juste de cela, de cette force qui m’a prise au ventre qui m’a fait me débattre dans les bras de ma mère pour y aller. Et je dois dire que 26 ans après la sensation est intacte dès que je vois un rideau se lever côté public… » De ce prélude à aujourd’hui, Lila Hajosi se souvient du chemin entrepris pour réaliser cette envie viscérale, en écoutant les conseils de professeurs privés ou du conservatoire d’Aix-Marseille, avant de rejoindre la chapelle de la Reine Elisabeth à Bruxelles.

Son chemin l’a conduite à fonder l’ensemble  a cappella Irini, qui signifie La paix en grec. Lila Hajosi rappelle que la musique médiévale est revenue aux premiers plans dans les années 1970 : « A cette époque, il y a eu de plus en plus de recherches historiques et de fait, cette musique offre un choix d’interprétation. Ce qui la rend intéressante car elle laisse beaucoup de libertés. »
 

Bruno ALBERRO

 

La vidéo de Lila Hajosi 

Où entendre Lila Hajosi ?

  • Le 10 novembre au festival d’art sacré de Gosnay.
Le mezzo Lila Hajosi est une des composante du trio Irini

Le mezzo Lila Hajosi est une des composante du trio Irini

 

Où entendre l’ensemble Irini ?

  • Le 1er août au Festival des Musicales du Luberon ;
  • Au festival Voix Romanes (date à déterminer) ;
  • Le 6 août à l’église de Font-Romeu ;
  • Le 15 août à l’Abbaye d’Entrecasteaux dans le cadre du festival de Musique de chambre;
  • Le 25 août au festival Sinfonia en Périgord ;
  • Les 16 ou 17 novembre à Les Festives à Marseille.

 

Renseignement à Lila Hajosi