Les Chorégies d’Orange baisseront le rideau de cet édition du 150e anniversaire avec Don Giovanni de Mozart. Dans le rôle titre le baryton Erwin Schrott qui avait séduit le théâtre antique l’an passé dans Mefistofele de Boito.

« La réalité est là ». De la main, Erwin Schrott montre la scène romaine du théâtre antique qu’il foulera pour interpréter le rôle titre de Don Giovanni de Mozart à l’affiche des Chorégies d’Orange. Il était l’an passé Mefistofele dans l’opéra éponyme de Boito, il a vécu l’incident de la nacelle qui s’est mise à se balancer au cours de la première représentation. « C’était la main du diable », dit-il pour effacer cet instant. « A ce moment-là, j’ai eu une pensée pour ma famille. Ensuite, on réagit pour retrouver l’équilibre. Le théâtre doit rester un jeu pour procurer du bonheur au spectateur. Alors dans ce genre de moment on doit se monter relax.»
Il rappelle qu’à Valence qu’il était tombé quand la scène s’est affaissée : « Et là on nous donne trois pistolets qui marchent. Je dis qu’il faut faire attention. »
Difficile de savoir si Erwin Schrott plaisante ou non, à croire que sa vie est un théâtre permanent. Il dit d’ailleurs que s’il est à l’aise sur le plateau, c’est qu’il travaille beaucoup à la maison : « Quand la partie chantée est assurée, le jeu va bien. Je ne sais pas si un chanteur d’opéra est un chanteur qui joue ou un acteur qui chante… L’important c’est le public. Je me dis que j’ai de la chance de pouvoir chanter dans un lieu comme Orange. A chaque fois pour moi, c’est nouveau, je repars à zéro comme un débutant. Je me dis que j’ai le meilleur orchestre, le meilleur chef, le meilleur metteur en scène, le plus bel opéra… au monde.»
Erwin Schrott estime que Don Giovanni est l’opéra parfait : « C’est vrai que j’ai de la chance encore. La dernière fois, c’était Ruggero Raimondi qui l’a chanté à Orange il y a plus de 20 ans (En 1996). On est ami, on parle chant mais aussi d’Orange. Mon autre chance, c’est de chanter beaucoup de choses et pas que de l’opéra comme de la musique sud-américaine (NDLR : Erwin Schrott est Uruguayen). Alors tous les jours je remercie Dieu et ma famille de la chance que j’ai. Don Giovanni est un addict à la séduction. Le fait d’avoir mis en scène cet opéra m’aide aussi dans l’interprétation du personnage. Je peux prendre du recul quand je reprends le rôle.»
Erwin Schrott interrompt la discussion pour saluer, qui un machiniste, qui un régisseur ou un confère chanteur qui traverse le plateau : « J’aime bien revenir dans un endroit comme ici car on finit par créer une famille. J’aime bien aussi découvrir un nouveau lieu, ce sont des nouvelles connaissances. Maintenant si j’ai le choix entre revenir dans un théâtre que je connais ou aller dans un nouveau je dis les deux, il y a 365 jours dans une année, j’ai le temps de tout faire. »

Bruno ALBERRO

 

Au Programme des Chorégies d’Orange

Les Chorégies d’Orange fête leurs 150 ans du 2 juillet au 6 août, cette année avec douze dates pour treize spectacles. Deux opéras sont à l’affiche : Guillaume Tell de Rossini et Don Giovanni de Mozart. La VIIIe symphonie de Mahler sera à la dimension de l’événement avec l’Orchestre national de France et le Philharmonique de Radio-France réunis pour la première fois de leur histoire. Outre les concerts et la danse avec Roméo et Juliette du ballet de Monte-Carlo, la venue de la soprano Anne Netrebko, la présence de Placido Domingo, et Jeff Mills, le singulier prince de la musique électro au sein du festival lyrique, étoffent l’affiche.

  • Les 2 et 6 août, Don Giovanni de Mozart ;
  • Le 4 août, Ciné-concert avec Jean-François Zygel.

Renseignement aux Chorégies d’Orange