Il y a trois saisons, le violoncelliste  Alain Meunier a passé la main de la direction artistique du festival de Musique de chambre d’Entrecasteaux dans le Var, il a demandé à la violoniste Olivia Hughes de prendre le relais.

Cette fois, après la direction artistique remise il y a trois ans à la violoniste Olivia Hugues, le violoncelliste Alain Meunier, a rendu aussi la responsabilité du concours de Bordeaux. Si d’aucuns s’accrochent à leur poste ou fonction, ce n’est pas la cas d’Alain Meunier, heureux de constater que les choses continuent à avancer sans lui : « A Bordeaux, il y a une très belle équipe. Je ne suis pas une personne à m’accrocher. La vie continue. A Entrecasteaux, c’est une histoire de famille, Je suis content de pouvoir tenir un archet correctement et de continuer à être invité à Entrecasteaux. Les conditions pour passer la main à Olivia étaient remplies, elle était très fidèle au festival comme musicienne. C’était le bon moment pour tout le monde. Je suis content que ce festival reste une entreprise familiale. »
Il est vrai qu’il y possède une maison de famille où il passait des vacances et comme il y a une quarantaine d’année : « Le festival vivait sous tension, on est alors venu le chercher pour donner un coup de main. Ce que je trouve c’est quand ça continue du mieux possible. Ca arrive de se tromper et que ça ne poursuit pas comme on le voudrait. Mais j’ai presque envie de dire qu’une fois passée la main, ce qui arrive ce n’est plus notre problème. »
Il rappelle que néanmoins en acceptant la direction artistique du festival du haut-Var, Alain Meunier avait fixé comme condition de ne plus organisé de master class : « En fait, ce sont des recettes pour les concerts provenant de l’argent des élèves. Et cet argent entrait dans le budget du festival. J’ai plutôt proposé que les jeunes allaient être payés 1000 francs (150 euros) et les professionnels 2000 francs (300 euros). On respectait une hiérarchie (rires). Donc on travaillait et ensuite on donnait un concert. Tout le monde était payé de la même façon. »
Il note qu’aujourd’hui il est difficile de rémunérer correctement des musiciens, suite au manque de subventions : « Ça pose problème car en fait c’est très bas ou très haut. Quand un festival reçoit un artiste chèrement payé, les organisateurs expliquent qu’alors ils ont moins d’argent pour le reste de la programmation. »
Alain Meunier note que maintenant il y a beaucoup de bons musiciens sympathiques : « Autant travailler avec de bons musiciens agréables plutôt que faire appel à des emmerdeurs. »
A Entrecasteaux, Alain Meunier apprécie la table d’hôtes qui réunit les publics, bénévoles et artistes les soirs où il n’y a pas spectacle : « Nous faisons aussi des répétitions publiques. » Cette communion des acteurs d’un spectacle participe à la ferveur qui s’installe entre la scène et les gradins. Une façon pour Alain Meunier pour ramener le public aux concerts. Pour lui, il n’y a pas de véritable éducation musicale : « Tout un public est écarté et il faut aller le trouver, cette médiation doit être omniprésente. Ensuite il faut trouver les mots pour expliquer comment on écoute un concert, que le silence est une vertu. C’est antinomique d’écouter le silence. Mais ça s’apprend. Assister et savoir les codes d’un concert ne doit pas rester une valeur bourgeoise. Je n’aime pas qu’on applaudisse entre chaque mouvement mais je préfère des applaudissements au chut de celui qui montre qu’il sait. C’est le type de chut odieux. »
Quand on lui parle d’un public vieillissant pour la musique classique, Alain Meunier constate que c’est une forme de communautarisme : « On vit en plus en plus dans un monde clivé. On n’est les uns et les autres plus ou moins ouvert à l’idée de rencontre, mais derrière chaque mode d’expression, il y a un être humain. Quand je vois des enfants essayer des centaines de fois un geste technique sur un skateboard, je me dis qu’il est comme un musicien qui répète ses partitions. Et que ce soit avec un skate ou un instrument, il y a la même volonté de réussir et d’y arriver. »

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Anthony Rojo 

Où entendre Alain Meunier ?

  • Du 5 au 10 août aux Fêtes musicales de l’Aubrac ;
  • Du 10 au 24 août au festival de musique de chambre d’Entrecasteaux.

Renseignement à Entrecasteaux et à Aubrac