Depuis 1995, Yves Baglieri est chef accessoiristes aux Chorégies d’Orange. Son rôle consiste à répondre aux besoins des scénographes ou des réalisateurs. S’il ne peut pas acheter ou louer, il fabrique avec son équipe en étant au plus près de la réalité.

« Il est difficile d’emprunter, on ne sait pas si le metteur en scène demandera si on doit le peindre ou non, peut-être la casser. Alors ou on achète ou on fabrique », explique Yves Baglieri, chef accessoiriste aux Chorégies d’Orange.
Le métier, il connaît bien, ça fait 42 ans qu’il exerce que ce soit au Capitole de Toulouse où il travaillait toute la saison régulière, ou dans des festivals à Aix d’abord aux Chorégies d’Orange aussi depuis 1995.
Aujourd’hui à la retraite, Yves Baglieri n’a d’ailleurs gardé pour son plaisir et entretenir sa passion que les Chorégies d’Orange : « Pour trois ou quatre spectacles dans l’année, j’aide aussi un ami, Patrice Heyrault. Il est directeur technique à l’Opéra de Monte-Carlo et il organise quelques dates au profit de La Maison, l’hôpital de Gardanne spécialisée dans les soins contre le Sida. Etre à Orange me tient à cœur. »
Des gradins, se pose-t-on la question si tout ce qu’on voit sur la plateau est facile à rassembler ? Là, pour Don Giovanni le décorateur lui a demandé de trouver une Mégane Renault jaune, un modèle de 1990, un SUV BMW récent et une calèche tirée par des chevaux : « C’est tout ce que j’ai reçu comme éléments. Déjà ce n’est pas facile de situer l’époque où le metteur en scène transpose l’opéra. »
La Mégane a été achetée chez lui du côté de Toulouse : « On l’a achetée, comme le carrosse car ils restent avec la production. Les SUV peuvent loués ailleurs. La Mégane était classée épave, on ne peut l’assurer pour la route, on avait de moyen de la stocker ici, alors je l’ai gardée dans mon garage, avant de la transporter sur un plateau. Le carrosse avait une roue cassée. Va trouver un charron pour la refaire ? «  Il explique que dès qu’il a connaissance du projet Yves Baglieri chine : « Comme je fais tout de chez moi, je garde ce que je trouve chez moi. Je parle des accessoires qu’on m’a demandés et que je trouve dans des vide-greniers ou des brocantes. »
Certains viennent de plus loin, de l’autre côté de la Terre. Il se souvient d’une boite de fumeur commandée au Japon : « Là-bas on ne paye pas en euros, et puis je ne voyais pas la boîte, non plus, sans savoir si on avait reçu ma commande  et si je la recevrais à temps. C’est un objet magnifique, maintenant, il est dans notre stock. »
De mémoire, depuis 25 ans, qu’il collabore avec les Chorégies, il n’a vu qu’un seul metteur en scène composé sa scénographie en utilisant les éléments stockés : « Aujourd’hui, à l’opéra les décorateurs veulent du réalisme, l’illusion ou la suggestion a disparu. On a peur que l’objet sera télévisé et que ça se verra qu’il a déjà été montré. Ce n’est jamais arrivé, les caméras sont sur les solistes et pas sur une boite de fumeur japonaise. Maintenant mon rôle ne me permet pas de dire ça on l’a déjà ou on pourrait faire comme ça, mon rôle est de trouver ce que veut le décorateur. C’est souvent qu’il vous dise mais ce n’est pas ça que j’ai demandé. Heureusement nous avons les courriels pour preuve.»
Si le bonhomme se montre calme, ça ne l’empêche pas de faire du souci. Au point que pour une production, il avait été tellement sollicité qu’il a dû être hospitalisé suite à un infarctus. Il est vrai que cette fois, il a battu les records d’accessoires : 1300 en tout pour un seul opéra. Le moins ? une centaine.
Yves Baglieri glisse aussi qu’il doit tenir un budget qu’il définit à partir du mois de janvier en fonction des exigences ou des attentes du scénographe.

Bruno ALBERRO

 

Les Chorégies d’Orange fête leurs 150 ans du 2 juillet au 6 août, cette année avec douze dates pour treize spectacles. Deux opéras sont à l’affiche : Guillaume Tell de Rossini et Don Giovanni de Mozart. La VIIIe symphonie de Mahler sera à la dimension de l’événement avec l’Orchestre national de France et le Philharmonique de Radio-France réunis pour la première fois de leur histoire. Outre les concerts et la danse avec Roméo et Juliette du ballet de Monte-Carlo, la venue de la soprano Anne Netrebko, la présence de Placido Domingo, et Jeff Mills, le singulier prince de la musique électro au sein du festival lyrique, étoffent l’affiche.

  • Les 2 et 6 août, Don Giovanni de Mozart ;
  • Le 4 août, Ciné-concert avec Jean-François Zygel.

Renseignement aux Chorégies d’Orange