Ce que veut maintenant la violoniste Hélène Collerette, c’est jouer le plus possible. Il y a un âge où les solistes aspirent à un peu plus de quiétude, quelque peu saturés après quelques années de train et d’avions, de la solitude du métier, d’aller de gare en salle de concert, de salle de concert en hôtel et d’hôtel à la gare. Hélène Collerette réagit à l’inverse des habitudes de carrière.

Faire foin de la solitude vécue par les solistes, quand d’autres pensent à plus enseigner ou à se consacrer à une direction artistique pour être plus souvent à la maison. Hélène Collerette nage à contre-courant. Ses enfants élevés, la violoniste a envie de rattraper les années maternelles, éloignées de la scène : « Les enfants sont grands, j’ai plus de temps, je peux jouer plus et je n’ai pas envie que ça s’arrête. » Tout ça dit d’un ton enjoué. Dans sa bouche, ce n’est pas une revanche sur le temps, c’est une manière de vivre ses aspirations. Au point que, quand on lui demande qu’elles ont été les vacances d’Hélène Collerette de l’entendre répondre que quelques instants de libre se traduisent par quelques heures de vacances ; tellement elle a joué et que son agenda est noirci.

La violoniste Hélène Collerette est Canadienne, installée en France

La violoniste Hélène Collerette est Canadienne, installée en France

Quelques intonations traduisent encore ses origines canadiennes, francophones il s’entend. Québécoise, elle insiste, glissant que son père était professeur de français. Alors défendre la langue de la Belle province est une priorité, pour celle qui a décidé de vivre en France : « J’ai rencontré mon mari français en Suisse quand je faisais mes études. Quand nous sommes expatriés en fait on n’est plus qu’aucun pays. »
Elle est née à Chicoutini, une ville au nord de Québec ville, avec moins trente degrés l’hiver et trente degrés l’été. Chicoutimi ? Difficile à trouver sur une carte. Tout juste en grossissant, le nom apparaît comme un quartier, car la commune a changé de nom pour s’appeler Saguenay, en regroupant trois bourgades : « Je ne suis toujours pas d’accord pour cette fusion administrative. Les trois communes ont pris le nom de la rivière. » Chauvine ! On le reste.
Si la France et le Québec sont séparés par l’Atlantique nord, Hélène Collerette en conserve ses similitudes : « Le vieux Québec est dans l’esprit d’une ville européenne et les mentalités ont emprunté aux deux cultures : canadienne et française. De mon pays, il me manque la nature la famille et les gens. »

La violoniste Hélène Collerette est Canadienne, installée en France

La violoniste Hélène Collerette sera au festival des Inouïes à Arras.

Tout alors ? « Mais mon pays c’est la France ; je cite Nancy Houston qui est canadienne anglophone au départ. Et elle encore avait le problème de la langue puisqu’elle écrit en français. Je ne me sens plus canadienne car je ne suis pas informée de la politique, du social, des avancés, des débats et ici je n’ai pas d’enfance en France, je n’ai pas grandi avec l’Histoire de France. A bien réfléchir je me rends compte qu’on se retrouve avec des personnes comme moi, entre apatrides. La musique permet de nous relier à tout le monde. »

Quand on lui dit que si des peintres se rencontrent ils parlent peinture, si des auteurs se rencontrent, ils parlent littérature, si des musiciens se rencontrent ils font de la musique ensemble : « Pour ma part, je pourrais jouer mais avec une partition. Ce type de rencontre peut donner envie de jouer ensemble. Pour ma part, je chante tellement faux que je pourrais pas me retrouver autour d’une guitare à chanter. »
La violoniste raconte que l’apprentissage de son instrument commencé à Chicoutimi, ressemble à une carte de l’Europe avec dès ses débuts un professeur allemand, puis un russe et un hongrois. Alors à la question s’il existe un son nord-américain : « Je pense avoir un son plus allemand, mais je ne crois pas que le son est représentatif ; je crois plus à la sensibilité ; Et nous avons chacun la nôtre. » 

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Hélène Collerette ?

  • Du 13 au 15 septembre festival les Inouïes à Arras ;
  • Le 5 octobre avec l’Ensemble Philéas à la mairie du 6e à  Paris​ ;
  • Le 28 octobre 2019 Concert en l’église de Morsalines (50) ;
  • Du 7 au 10 décembre à l’Auditorium Espace International / Maison Internationale de Rennes avec l’Ensemble Philéas ;
  • Du 8 au 11 février à l’Auditorium Espace International, Maison Internationale de Rennes, le Trio à cordes de Paris, composé d’Hélène Collerette, de Teodor Coman & de Fabrice Bihan.

Renseignement à Hélène Collerette