Avec cinq autres chanteurs, la mezzo corse Eléonore Pancrazi se trouve en Hongrie pour enregistrer « Les Voyages de l’amour » de Boismortier (1716-1754), à l’auditorium de Pécs. Une capture en studio et en public puisque l’opéra sera donné pour l’occasion, en fin de séance. Cet opéra ballet baroque est éloigné de son dernier opus sur lequel est gravé Manga café, opéra en un acte de Pascal Zavaro : « C’est exaltant de passer d’une œuvre contemporaine à une autre baroque. Le premier était une création, l’autre c’est une redécouverte puisqu’il se dit qu’il n’a pas été redonné en entier depuis sa création. »
Manga café sera repris sans elle cette saison : « C’est une frustration, c’est sûr, mais j’avais d’autres engagements et j’ai dû renoncer. Je passe le flambeau à ma remplaçante et je suis sûr qu’elle prendra beaucoup de plaisir. »
Depuis sa Victoire de la musique classique en début d’année, la vie professionnelle d’Eléonore Pancrazi a changé : « Où que j’aille, des gens viennent à moi, cette Victoire a changé les choses, je suis passée tout d’un coup à la lumière. Mais en contrepartie, ça me donne plus de pression, ça m’oblige car ceux qui viennent m’écouter attendent des résultats et ont une certaine exigence. »
A l’étranger aussi on cite cette victoire comme Award français.
C’est en Corse qu’elle ressent le plus d’engouement, rappelle Eléonore Pancrazi, citant les reportages de la presse locale : « J’ai encore rendez-vous avec France 3 Corse qui veulent faire un reportage sur moi. Mes compatriotes sont contents et même ceux qui ne s’intéressent pas à l’opéra. Les élus m’ont invitée à l’assemblée régionale. » Elle ajoute qu’elle chantera aussi à Bastia pour son premier concert dans la ville portuaire.
Elle appartient au gotha de l’Île de beauté sans perdre pour autant la raison ou le bon sens, conscient que sa réussite et sa notoriété retombent aussi sur ses compatriotes. Elle n’oublie pas néanmoins que les festivals lyriques ont baissé le rideau faute de subventions, évoquant celui des Nuits lyriques de Bastia organisé par les parents d’Anne-Marie Calloni ou celui de Corté : « Il reste un beau festival à Calenzana, mais on a ajouté des chants traditionnels corses. Il y a de belles voix en Corse, je pense à Jean-François Vinciguerra, Anne-Marie Calloni ou Marc Schoffoni et d’autres. Le plus dur ce serait de trouver du temps pour organiser un concert  où nous serions tous. Mais on a tous des emplois du temps chargés.»

Bruno ALBERRO

Où entendre Eléonore Pancrazi ? 

  • Le 26 septembre en récital avec la Fondation Royaumont de Londres à l’Institut français ;
  • Le 5 octobre à l’abbaye de Royaumont 
  • Du 26 novembre au 7 décembre dans les Nozze di Figaro au Théâtre des Champs-Elysées  ;
  • Le 12 et 13 décembre en concert avec l’Ensemble instrumental de Corse au théâtre de Bastia ;
  • Le 15 décembre en concert « Vienne éternelle » au Théâtre des Champs-Elysées ;

Renseignement à Eléonore Pancrazi