Le baryton-basse Cyril Rovery sera en concert le 6 octobre dans sa ville de Marseille où il coudoiera la soprano Barbara Bourdarel. Il commencera sa saison à l’opéra à Toulon dans Andrea Chenier. Si son nom apparaît dans le milieu du culturisme c’est parce qu’il a fait de cette discipline son hygiène de vie.

« Tout le monde veut chanter », analyse le baryton-basse marseillais Cyril Rovery. Il ajoute lucide : « Peut-être que les chanteurs d’opéra ne s’en tirent pas si mal, car s’enrichir dans la variété, c’est fini. Avec les téléréalités les chanteurs gagnent peu. Ceux qui arrivent à durer finissent par gagner un peu d’argent. »
Il est notoire que les barytons ou les basses ont une carrière plus longue, mais là aussi Cyril Rovery a son mot à dire : « Comme ça fait vingt ans que je chante, je suis content de ne pas être ténor. Ce n’est pas une question de tessiture, car qu’on soit ténor ou basse, le chant est éprouvant et il faut travailler pour garder une voix solide. Mais aujourd’hui on ne voit pas une Juliette ou une Violeta de 120 kilos, chez les hommes ou les femmes il faut aussi l’image du personnage. »
Quid alors de Montserrat Caballé ou de Luciano Pavarotti : « On trouvera toujours des exceptions comme ces deux voix exceptionnelles. Ce sont des célébrités.»
Il note que la France le plus souvent lui offre des seconds rôles contrairement aux pays de l’est où Cyril Rovery s’exprime en premier plan : « C’est de la politique. Dernièrement j’ai fait une production à Sofia, j’étais le seul français. Des pays appliquent la politique des quotas. Pourquoi pas une parité à 50% par exemple. On constate que certaines maisons n’ont pas ou peu de chanteurs français. C’est vrai aussi que les charges sont moindres pour les chanteurs étrangers que les chanteurs français. Tous ces sujets font débat. Que ce soit chez les chanteurs ou les instrumentistes, le taux de chômage est épouvantable. Ce qu’il faut entre nous c’est de la solidarité. C’est la clef de voûte pour l’avenir de notre métier d’avoir entre nous un esprit corporatif. »
Quand il lui est demandé ce qui fait qu’un chanteur arrive à la notoriété et moins d’autres, Cyril Rovery en dresse une hypothèse : « C’est souvent une question de chance mais aussi d’avoir été au bon endroit au bon moment, je n’écarte pas l’aspect relationnel. »

Le baryton basse Cyril Rovery chantera dans Andrea Chenier à l'ouverture de l'opéra de Toulon. Photo Béatrice Bern

Le baryton basse Cyril Rovery chantera dans Andrea Chenier à l’ouverture de l’opéra de Toulon. Photo Béatrice Bern

Il commencera sa saison à Toulon dans Andrea Chenier de Giordano. Cyril Rovery était à l’affiche de « Dernier jour d’un condamné » de David Alagna : « Je chante dans les opéras révolutionnaires, je dois avoir le profil de ce genre de répertoire. C’est peut-être dû au fait que je sois Marseillais… Ce que j’aime c’est le Bel canto, c’est à ma mesure et je souhaite que ça dure le plus longtemps possible. C’est le plus difficile à chanter alors je ne souhaite pas que ma voix évolue…»
Quand certains artistes travaillent le yoga ou d’autres arts martiaux, Cyril Rovery cultive son physique en pratiquant assidument le body building. Pour lui le sport est la première façon de se maintenir en forme et d’avancer sans stress : « Le sport, c’est meilleur antidépresseur qui soit. C’est pour moi l’idéal pour mon hygiène de vie et pour ma santé physique, morale et mentale. Ce qui est pénible c’est d’entendre parler de dopage parce que j’ai posé pour des magazines. Si on m’a demandé des interviews pour des magazines spécialisés c’est qu’il n’est pas commun de pratiquer un sport de haut niveau en étant chanteur lyrique. Je rassure tout le monde je ne me dope pas. Comme si je fais du mannequinat, c’est pour moi du loisir. Le sport, c’est comme le chant, on est toujours face à soi-même. Ce que j’aimerai à l’opéra c’est travailler des scènes de combat avec des maîtres d’armes. L’opéra c’est comme le cinéma, il faut donner l’illusion. »
Cette illusion offerte aux spectateurs, il arrive à Cyril Rovery de la proposer quand il signe des mises en scène, comme cette Carmen de Bizet qu’il a dirigée à Grans ce 29 juin dernier : « C’est une expérience à renouveler. Je pense que tous les chanteurs sont aussi des metteurs en scène, au moins dans leur tête, car on a tous une idée de la représentation d’un ouvrage. Etre metteur en scène, ça ressemble à la cuisine. On sert un plat bien préparé mais avant dans la cuisine c’est un chantier. C’est comme une répétition à l’opéra, qui semble chaotique, mais c’est ça le but d’une répétition. »

Bruno ALBERRO

La vidéo de Cyril Rovery

Où entendre Cyril Rovery ?

  • Le 6 octobre, les concerts de Pastré à Marseille 8e, dans le Trio Bel canto avec la soprano Barbara Bourdarel, Cyril Rovery accompagnés par le pianiste Frédéric Isoletta; 
  • Les vendredi 11, dimanche 13 et mardi 15 octobre à l’Opéra de Toulon dans Andrea Chenier  de Giordano sous la direction de Jurjen Hempel, dans une mise en scène de Nicola Berloffa avec Cellia Costea, Aurore Ugolin, Doris Lamprecht, Gustavo Porta, Gérard Devid Cecconi, Wojtek Smilek, Carl Ghazarossian,  Geoffroy Salvas et Nicolas Certenais. Ainsi que l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Toulon.

Renseignement à Cyril Rovery