Sortir des sentiers battus et combattre les idées reçues, la pianiste Caroline Khatchatourian l’a fait depuis l’enfance, se rappelant que son père faisait les marchés et sa mère était à la maison. Elle porte un nom célèbre dans la musique classique, elle vit avec cet héritage patronymique qui n’en est pas un puisqu’il n’y a pas de lien de parenté avec le compositeur arménien post-romantique. Elle a pris à la fin de la saison dernière la direction du conservatoire de Bagnole-Sur-Cèze dans le Gard.

Le nom n’oblige pas, même quand on s’appelle Caroline Khatchatourian et qu’on est pianiste : « Mes parents étaient de condition modeste et ne faisaient pas de musique. C’est en cherchant dans le dictionnaire que j’ai compris ce que représentait le nom de Khatchatourian pour les musiciens. »
Pourtant, Caroline Katchatourian révèle avoir un attirance pour ce pays, comme pour la musique russe : « J’adore Prokofiev et je me sens proche de Chostakovitch ou Rachmaninov. Plus que de Chopin ou des romantiques. Je ne peux pas l’expliquer. »

Catherine Katchatourian directrice du Conservatoire de Bagols-sur-Cèze

Catherine Khatchatourian directrice du Conservatoire de Bagnols-sur-Cèze sera en concert à la chapelle de Vénéjan.

Quelques secondes après avoir fouillé en elle, elle finit par analyser cette attraction impalpable : « La musique est un langage et il exprime quelque chose où chacun le comprend différemment. C’est pour cela qu’on n’apprécie pas une pièce à vingt ans comme à quarante ans ou plus tard, il faut ajouter l’expérience de la vie. Quand je suis allée en Arménie, je me suis sentie chez moi, j’ai ressenti ces racines en moi que j’ai retrouvées. Alors qu’à la maison on ne parlait pas cette langue. C’est inné ;  je pense que je sois proche des compositeurs russes, arméniens ou de Bartok. Le mystère du nom, ce n’est plus une simple raison. Et puis j’ai cessé de me poser des questions et d’analyser les pourquoi et les comment.»
Cela vaut aussi quand elle élabore un programme de concert : « Je choisis les morceaux qui correspondent à mon besoin. »
Certes, Caroline Khatchatourian se consacre plus à l’enseignement qu’au concert et tant pis pour ceux qui établissent une hiérarchie entre les concertistes solistes, les musiciens de musique de chambre, les musiciens d’orchestre et les professeurs : « En France surtout, on aime bien mettre les gens dans les cases. On ne peut pas empêcher aux gens de parler et d’avoir des a priori. Ce qui m’intéresse c’est la transmission et j’ai pensé qu’il fallait rendre aussi à la musique ce qu’elle m’avait apporté. C’est pour cela que j’ai accepté le poste de directrice du conservatoire de Bagnols-sur-Cèze. C’est le choix que j’ai fait et c’est un changement dans ma carrière. Ce que j’ai envie de défendre, ce sont des valeurs et de les partager même si ça va à l’inverse de notre société. Pour moi prendre cette direction, c’est pour que ça serve à quelque chose.»
Ce qui lui importe c’est de savoir ce qu’elle peut apporter à la société au sens large et à ses élèves. se rappelant sa relation avec Lise Khatib qui est entrée dans la carrière : « Je crois avoir cette faculté à déceler le besoin de l’élève. Et je me réjouis d’avoir permis à des élèves de continuer quand ils voulaient arrêter. Il m’est arriver de me tromper et faire mal des choses. »

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Catherine Khatchatourian ?

  • Les samedi 5 à 20h30 et dimanche 6 octobre à 11 heures et 18 heures à la chapelle de Vénéjan en duo avec Cédric Bambagiotti.

Renseignement à Caroline Khatchatourian