Le ténor Jean-Pierre Furlan annonce sa dernière année opératique. Il commence sa saison à Marseille dans la version concertante de la Reine de Saba de Gounod, il terminera sa carrière dans le cité phocéenne en juin prochain dans Nabucco. Le chanteur se livre lui que l’on a plus entendu à l’étranger qu’en France. c’est dire il n’a même jamais chanté au Capitole de Toulouse, la ville voisine du Muret où il est né.

Le ténor Jean-Pierre Furlan est sur la scène de l’Opéra de Marseille où il chante dans la Reine de Saba de Gounod en version concert du 22 au 29 octobre. Il fait partie Une des rares maisons opératiques à l’accueillir avec Avignon ou Saint-Etienne il y a quelque temps où il a fait carrière : « Ça fait du bien de pouvoir revenir à Marseille et c’est un plaisir d’y travailler. » En trente ans de planche, trois opéras français où il se sent comme dans son jardin c’est peu. S’il n’est pas amer, il a toutefois un regret plus grand encore c’est de ne pas être prophète en son pays et de n’avoir pu se produire à Toulouse sa ville natale : « J’aurais aimé que mon père émigré italien puisse m’entendre là. Il m’a entendu à la Scala de Milan, à la Fenice, mais pas à Toulouse. » Si on l’a moins entendu en France, ne le croyez pas aigri pour autant : « J’ai fait une belle carrière à l’étranger. »
Comme Jean-Pierre Furlan annonce sa retraite en juin prochain, il faudra que les décideurs toulousains se décident vite : « Cela fait quatre saisons maintenant que j’ai pris cette décision. » Ce sera à Marseille justement dans Nabucco de Verdi.

Le ténor Jean-Pierre Furlan

Le ténor Jean-Pierre Furlan a décidé de mettre fin à sa carrière opératique en juin prochain dans la production de Nabucco à l’Opéra de Marseille.

Ça ne veut pas dire qu’il arrêtera de chanter, sauf pour quelques concerts où il lui est proposé un projet intéressant : « Nous avons aussi des projets avec Les trois ténors. »
Une aventure et un clin d’œil au départ qui prend tournure et qui séduit de plus en plus comme on n’a pu l’entendre à l’Opéra d’Avignon la saison passée : « On s’entend bien avec Florian Laconi et Christophe Berry. Nous sommes de trois générations différentes. Florian a autour de quarante, Christophe 50 ans et moi le plus vieux près de 60 ans. Christophe Berry est comme moi il n’a pas le succès en France qu’il mériterait. » Et ne lui parlez pas de concurrence entre ténors : « Ce sont des collègues, même des amis. C’est triste la concurrence. »
Sa carrière derrière lui, Jean-Pierre Furlan ne craint pas de se livrer et de fustiger les politiques passées de certaines maisons d’opéra : « Il y a une génération sacrifiée au nom du snobisme étranger. Dans certaines maisons, même les petits rôles n’étaient pas donnés à des français. On a entendu des choses comme il n’y a pas de chanteurs en France. »
Cette dépréciation du chanteur français, assure Jean-Pierre Furlan, tient au fait que les voix larges sont moins appréciées par les responsables : « On préfère des voix légères. Il faut peut-être réfléchir pourquoi il n’y a pas de grandes voix ?» Il raconte une des premières fois où il a été invité aux Etats-Unis : « Les autres boudaient. Je me demandais pourquoi ? Puis à la première répétition, ils ont changé d’attitude. En fait ils pensaient qu’étant français je n’avais la voix pour le rôle. »
Léger, légère comme cette mode qui accommode physique ou jeunisme que le ténor reproche : « Alors que des carrières se construisent sur vingt ans. C’est débile de penser qu’une soprano  de seize ans chantera Butterfly. On demande à des chanteuses de 24 ans de tenir des rôles qui devraient être abordés à 30 ou 35 ans. Il faut attendre que le corps ait atteint sa maturité.»
Autre problème soulevé par Jean-Pierre Furlan, c’est la formation ou ses contraintes administratives : « Si quelqu’un se découvre une  voix à 25 ans, c’est fini : il ne peut plus entrer au Conservatoire supérieur de musique de Paris. Trop vieux. Ça fait quand même bizarre de s’entendre dire ça à 25 ans… Aux USA, c’est différent dans les écoles de musique on travaille huit heures par jour, contre deux heures par semaine en France. Les étudiants américains montent un spectacle tous les trois mois. C’est vrai que c’est payant. Le métier s’apprend sur la scène. Il faut donner aux chanteurs les moyens de s’exprimer.»

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Jean-Pierre Furlan ?

  • Les 22, 25, 27 et 30 octobre dans La Reine de Saba de Gounod à l’Opéra de Marseille ; dirigé par Victorien Vanoosten avec Karine Deshayes ; Marie-Ange Todorovitch ; Cécile Galois ; Nicolas Courjal ; Eric Huchet ; Régis Mengus ; Jérôme Boutillier et Eric Martin-Bonnet ;
  • Les 6, 9, 12 et 14 juin dans Nabucco de Verdi, dirigé par Paolo Arrivabeni, mis en scène par Jean-Christophe Mast, avec Csilla Boross ; Marie Gautrot ; Laurence Janot ; Juan Jesús Rodríguez ; Mirco Palazzi ; Jérémy Duffau et Antoine Garcin.

Renseignement à l’Opéra de Marseille