Pour la troisième année, l’Académie des Beaux-arts a tenu son assemblée plénière hebdomadaire en province. Après Marseille, Versailles, Avignon a accueilli à son tour une des cinq composantes de l’Institut de France dont le secrétaire perpétuel est Laurent Petitgirard, compositeur et chef d’orchestre.

L’assemblée plénière de l’Académie des Beaux-arts s’est tenue à la collection Lambert à Avignon, qui accueille l’exposition « Viva Villa ! » jusqu’au 10 novembre. Ceux qui s’attendent  à entendre un discours feutré ou de politesse seraient surpris, les débats se veulent contradictoires et chacun dans son domaine de compétences avancent ses pions. Il est vrai que la liste des 63 académiciens affiche des compétences dans des domaines différents, neuf au total, dont des membres étrangers, ce qui entraînent une pluralité de points de vue, souvent complémentaires.

Deux points de discussion étaient à l’ordre du jour de cette réunion publique du 16 octobre. Dans un premier temps parole a été laissée à Maryonne de Saint-Pulgent, correspondante de l’Académie ; elle a évoqué les 60 ans du ministère de la Culture, né en 1959 avec André Malraux. Elle a démontré le changement de vision du ministère en six décennies passant de l’art montré à tous à tout le monde peut-être artiste.

Ce premier sujet a été l’occasion d’une discussion animée. A une présentation factuelle, Laurent Petitgirard a pris position, soulignant si besoin était que l’Académie ne se voulait pas académique mais au contraire libre vis-à-vis des institutions. Il a rappelé son rôle de conseil auprès des politiques en matière d’architecture par exemple, au demeurant s’inquiétant de la privatisation du domaine public. Il cite en exemple le dossier de l’extension et la réfection de la Gare du Nord : « Nous n’avons rien à gagner, nous n’avons pas comme des élus des places à conserver ou nous faire réélire puisque nous restons Académiciens. Nous sommes immortels et en plus moi je suis perpétuel.»
Laurent Petitgirard a regretté le changement de virage des enseignements en particulier dans la musique : « On demande aux professeurs que les élèves du Conservatoire prennent du plaisir. C’est une erreur, le plaisir vient après avoir travaillé et beaucoup travaillé. Après l’effort. Ce n’est pas ainsi que l’on formera une élite et que nous aurons des créateurs. » Il s’est montré aussi opposé au pass-culture comme il est mis en place actuellement, en allouant une somme d’argent et qui peut être utilisées sous différentes les formes sans obligation de servir à découvrir les arts ou à leur apprentissage : « On voit dans le court métrage des 60 ans du ministère de la Culture, qui nous a été présenté, que la musique classique ne représente que quelques secondes et encore elle est jouée faux par des enfants… »  
Une fois le premier débat clos, François Chaslin, également correspondant de l’Académie, a mis en avant l’église Saint-Joseph-Travailleur d’Avignon, située dans le quartier de Saint-Ruf, édifice religieux imaginé par l’architecte et académicien Guillaume Gillet (1912 – 1987).

Cette église devrait devenir à terme un centre de recherche de musique sacrée. L’académie des Beaux-arts s’intéressent aussi à l’orgue en trois parties où plane l’ombre d’Olivier Messiaen (1908-1992), académicien lui aussi.

Bruno ALBERRO

L’Académie des Beaux-arts en bref

L’Académie des Beaux-arts, dénommée ainsi depuis 1816, est l’une des cinq académies qui forment l’Institut de France avec l’Académie française, l’Académie des Sciences, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et l’Académie des Sciences morales et politiques.

Elle est descendante des académies royales instituées au XVIIe siècle, et comme les autres académies, elle s’administre librement.

Elle a pour mission : le soutien à la création, l’Académie des beaux-arts poursuit une action de mécénat sous des formes diversifiées en France et à l’étranger par l’octroi de prix à des artistes débutants ou consacrés, l’organisation de concours, le financement de résidences artistiques, l’attribution d’aides à des projets.
Elle gère son patrimoine constitué de dons et legs et administre son important patrimoine muséal. Il est composé du Musée Marmottan Monet et de la Bibliothèque Marmottan, de la Fondation Claude Monet à Giverny et de la Villa Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat.
L’Académie des Beaux-arts est aussi une instance consultative auprès des pouvoirs publics. L’Académie des beaux-arts conduit également une activité de réflexion sur les questions d’ordre artistique lors de ses séances hebdomadaires au cours desquelles elle convie des personnalités du monde culturel à intervenir sur des sujets très divers.

La prochaine assemblée plénière

Le mercredi 23 octobre prochain, le peintre Gérard Garouste sera officiellement installé dans la section de peinture de l’Académie des beaux-arts par son confrère Laurent Petitgirard, secrétaire perpétuel.

Il a été élu membre de l’Académie le 13 décembre 2017 au fauteuil de Georges Mathieu (1921-2012).

Renseignement à l’Académie des Beaux-arts