On a beau être directeur artistique de l’Opéra national de Grèce, on peut recevoir sans artifice, dans son lieu de travail avec des dossiers sur les tables en apportant le café soi-même à son visiteur ainsi se présente Giorgios Koumendis. Il s’est vu confié une des clefs de la maison opératique d’Athènes à son ouverture en 2016.
Plus qu’un écrin, le Centre culturel Stavros Niarkhos d’Athènes est un joyau ; cet édifice abrite l’Opéra national et la Bibliothèque nationale.Le seul opéra dans ce pays. Entouré d’un canal artificiel et d’un parc arboré de 17 hectares. Un espace plus qu’un lieu financé en totalité avec par la fondation de Stavros Niarkhos, du nom de l’ancien armateur décédé en 1996. Le projet a été lancé en 2006 pour être achevé en 2016 avant que la fondation, après investi 630 millions d’euros, remette la structure à l’Etat grec.
Si Giorgios Koumendakis, le directeur artistique, pouvait avoir une seule pointe de regret ce serait d’avoir moins de temps à consacrer à la composition. Le directeur qui a sous sa coupe aussi l’orchestre national, un chœur, une maîtrise d’enfant et un ballet, trouve son espace de liberté de gestion et de choix artistique par ce mélange privé-public : « Je ne sais pas si cet opéra peut servir de modèle dans une société où l’argent public se réduit. Mais pour nous, c’est un cas idéal de collaboration entre l’Etat et la fondation. Chacun respecte la chartre qui a été signée. On travaille dans un esprit libre. Nous disposons de deux salles une de 1400 places, contre 700 places de l’ancien opéra-théâtre, et une autre de 400 places comme scène alternative, consacrée à la recherche sur la musique. » Son but est d’aussi de sensibiliser les publics à cette forme de spectacle vivant, Giorgios Koumendakis souligne les nombreuses actions en faveur des jeunes pour les amener à l’opéra.

Giorgios Koumendakis, directeur artistique de l’Opéra d’Athènes depuis son ouverture en 2016.
Il annonce une palette très éclectique avec des ouvrages classiques mais aussi des œuvres moins grand public comme Elektra de Strauss, Jenufa de Janacek ou Wozzeck de Berg. On lit aussi qu’une grande place est laissée aux chanteurs du pays : « Ça ne veut pas dire que nous n’invitons pas des chanteurs étrangers, tout dépend des rôles et des ouvrages. »
Avec un budget de 20 millions d’euros dont seize en donations de l’Etat, ces trois années d’exercice lui donne raison, puisque la grand théâtre est rempli à chaque représentation : « Il y a du monde qui est très enthousiaste. Nous avons aussi de nouveaux compositeurs qui écrivent dans un style italien ou français. On travaille à l’élargissement de notre public avec des projets plus audacieux. » Giorgios Koumendis rappelle qu’il en recherche de partenaires privés : « Nous avons aussi besoin de mécènes, les seules recettes de billetterie ne suffisent pas. »
Pour la saison 2019-2020, comme projet innovant, le directeur glisse la création Inland, qui serait donnée les 10, 12, 22 et 23 avril 2020, où il composera sur un livret Giannis Asteris pour réunir sur le plateau du Stavros Niarchos Hall des musiciens amateurs et professionnels : « On n’est pas comme dans une reprise. Il n’y a de conflits entre amateurs et professionnels puisque que l’ouvrage a été écrit comme ça. »
Dans deux ans, la Grèce fêtera les deux cents de son indépendance, Giorgios Koumendis annonce une programmation en conséquences, sans en révéler encore la teneur. On saura juste que différentes formes artistiques seront présentes à l’affiche.
Difficile d’être en Grèce et de ne pas évoquer l’ombre de Maria Callas : « C’est une artiste unique et c’est toujours très émotionnel d’en parler. Maria Callas est une icône. Même tous les Grecs n’aiment pas ou ne vont pas à l’opéra, ils connaissent Maria Callas. Et sa présence n’est pas un problème pour les jeunes générations de chanteurs, car ils savent qu’elle est unique. Je le redis, et qu’ils ne peuvent pas se comparer à elle. »
L’Opéra national d’Athènes en bref :
- Jusqu’au 29 octobre : La Sonnambula de Bellini ;
- Du 20 octobre au 12 décembre The Emperor’s Nightingale
- Du 12 au 27 décembre : Swan lake
- Du 13 décembre au 5 janvier : Don Carlo de Verdi ;
- Du 19 janvier au 2 février : Wozzeck de Berg.
Renseignement à l’Opéra national d’Athènes