La mezzo-soprano Marie Karall fera une incursion dans l’opérette à l’Opéra du Grand-Avignon, les vendredi 8 et dimanche 10 novembre où elle tiendra le rôle éponyme dans La Périchole de Jacques Offenbach.

De plus en plus de chanteurs se nichent dans des répertoires choisis et originaux. Dans un proche avenir, la mezzo Marie Karall fait, elle, son chemin sous les traits de Carmen de Bizet qu’elle incarnera une vingtaine de fois la saison prochaine. Les chemins opératiques de la fière andalouse la conduiront dans le vaste monde, après la Lettonie et Hong Kong, d’autres lieux sont entendus ; il reste à acter les contrats ou attendre que la future saison soit révélée avant de les citer.
Carmen fait donc partie de ses rôles fétiches. Elle ajoute à sa galerie de femme fatale qu’elle apprécie sur la scène : Dalila : « J’aime ces personnages d’expression. » Autre projet pour le printemps 2020, l’enregistrement de Frédégonde,  opéra d’Ernest Giraud, achevé par Camille Saint-Saëns qui raconte les intrigues de la reine mérovingienne et épouse de Chilpéric Ier. Un des cinq opéras de Saint-Saëns qui n’aurait pas encore été gravé. Le rendez-vous est pris pour Marie Karall avec un studio allemand. Ce sera son deuxième CD après l’enregistrement de « L’enfant et les sortilèges » de Ravel, sorti en 2017.
Elle confie qu’aussi loin qu’elle se souvienne, Marie Karrall chantait, mais elle ne s’est pas dirigée frontalement vers une carrière de cantatrice, elle a commencé par des études littéraires et un diplôme de lettres et de droit : « Ce que j’aime c’est la poésie et pour moi l’opéra c’est de la poésie chantée. » Au Panthéon de ses poètes, Marie Karall classe en tête Charles Baudelaire en haut de sa liste, suivi de Paul Eluard et de René Char : « Quand j’étais adolescente, j’apprenais beaucoup de poésies par cœur. Ce que j’aime c’est la beauté du texte et la distance par rapport à notre condition. »
Dans la Périchole qu’elle interprétera à l’Opéra du Grand-Avignon, Marie Karall est servi puisque l’opéra d’Offenbach reprend une pièce de théâtre de Mérimée : Le carrosse du Saint-Sacrement. Son personnage est une artiste devenue la maîtresse d’un noble. La mezzo glisse qu’au cours de sa carrière elle n’a eu l’occasion qu’une seule fois auparavant de s’adonner au genre de l’opérette. La Périchole est une opérette connue pour ses duos : « C’est toujours un plaisir de chanter ses grands airs et plus les gens sont contents de reconnaître ces airs. Il s’agit de communiquer et de donner au public qu’il passe une bonne soirée. »
De ce sentiment du don envers le public, Marie Karall en déduit le fruit du travail et d’une recherche de la perfection. La cantatrice fait référence à ses premiers pas dans la carrière qui lui a permis de coudoyer des artistes de renom : « J’ai chanté Rigoletto aux Chorégies d’Orange en 2011, et j’ai pu apprécier Leo Nucci. En 2015, je chantais Mercédes avec Jonas Kaufmann. On apprend beaucoup en observant. Souvent les chanteurs sont généreux et donnent des conseils. Je suis attentive généralement et j’aime beaucoup apprendre. Aussi les critiques m’aident à comprendre et on a tout à gagner. D’ailleurs intelligence est un mot d’origine grecque qui signifie comprendre. Je me souviens aussi d’une master-class avec Béatrice Uria-Monzon à Compiègne, quand elle était marraine de Tous à l’Opéra. Gentiment, elle avait répondu à toutes mes questions. »
Si d’aucuns se méfient des réseaux sociaux et des images qu’ils véhiculent, Marie Karall dit ne pas craindre ces profusions d’images, quitte à la voir en répétition ou un  verre à la main en fin de production : « Je n’ai pas d’opinion en fait. Tous les points de vue se défendent. Ça dépend de la façon de faire. Je crois que le public apprécie de savoir et de voir comment ça se passe. Ce qui est bien, c’est que dans la salle d’un opéra les téléphones sont interdits, ce qui n’est pas le cas ailleurs. Ça créé une relation de partage avec le public. »

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Marie Karall ?

Renseignement à l’Opéra du Grand-Avignon