Le contre-ténor Rémy Brès-Feuillet a tout juste 22 ans et il est toujours étudiant ; la valeur n’attend pas le nombre des années, déjà il est auréolé de prix au concours de Marmande et de celui des Saisons de la voix à Gordes.
Après un concert du contre-ténor avignonnais Rémy Brès-Feuillet aux Musicales du Luberon, samedi dernier, où il était accompagné du pianiste Yoann Pourre, dans un programme Haendel, le duo se reconstitue samedi prochain à Marseille dans le cadre du Festival de Musiques interdites de Marseille , pour aborder un récital consacré à Alma Mahler.
Il explique que sa tessiture s’est imposée à lui et la nature a bien fait les choses : « Certains voudraient être contre-ténor mais ils ne le peuvent pas. Pour ma part, je ne voulais pas être ténor ou baryton. Contre-ténor, il y a beaucoup de sonorités.»
Se sent-il dans la lignée de Philippe Jaroussky ? « Je ne vois pas Philippe Jarrousky comme un leader sans le sens de ce terme. Il a permis de remettre en avant la musique baroque. Il obtient de grandes audiences. Mais aussi on lui doit ses cross-over, d’être allé dans d’autres répertoires que ce soit dans le lied ou les mélodies. »
Si les affiches montrent que les contre-ténor retrouvent peu ou prou leur répertoire laissé un temps à des mezzo travesties, Rémy Brès-Feuillet ne voit pas de concurrence, il reste sur le rappel de l’histoire : « C’est vrai que les castras étaient de véritables stars et quand cette pratique quelque peu barbare a été arrêtée les rôles ont été donnés aux mezzos. Certains personnages ont même été écrits pour les voix asexuées. »
Il se réjouit toutefois que la musique contemporaine offre une nouvelle voie au contre-ténor : « Des compositeurs comme Georges Benjamin ont une littérature prolifique mais il n’est pas seule. Philippe Jaroussky a participé à l’Opéra Bastille à la création de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, « Only the sound remains » »
Est-ce que posséder une voix haute perchée, n’a pas attiré à Rémy Brès-Feuillet quelques taquineries de ses amis lycéens ou étudiants ? « Non, du tout, ça les rend plutôt curieux et ça les interroge. Ça me donne aussi l’occasion de leur faire découvrir, en les invitant à des concerts où je vais chanter des choses « écoutables » et démocratiques. Ce qu’ils en retiennent, c’est l’émotion que la musique procure. »
Contemporain, baroque, Rémy Brès-Feuillet y voit deux voies distinctes sans que l’une soit la conséquence de l’autre : « Je ne crois pas que le public est venu au baroque pour avoir boudé la musique contemporaine. Pour moi l’importance du baroque est lié à la redécouverte de partitions et à toutes les recherches qui ont suivi. On doit aussi ce retour du baroque à des voix comme Alfred Deller qui ont remis les contre-ténors au goût du jour et que cette voix est liée au baroque. »
Où entendre Rémy Brès-Feuillet ?
- Le samedi 16 novembre à 20 heures avec le pianiste Yoann Pourre en récital à Saint-Victor dans le cadre du festival de Musiques interdites de Marseille.
Renseignement à Musiques interdites de Marseille