Il est des interprètes exubérants. Comme ces orateurs qui s’écoutent parler, certains acteurs ou artistes se regardent jouer, par leur tenue vestimentaire et dans le jeu aussi, plein d’artifices.

Tout le contraire du pianiste Eric Le Sage, en concert à l’Opéra Confluence à l’invitation de Philippe Grison, directeur de l’Orchestre régional Avignon-Provence. Il avait mis à son programme le concerto pour piano et orchestre en la mineur d’Edward Grieg, présenté pour la première fois en public en 1869. Les 150 ans de cette partition méritait bien de le remettre à l’affiche.

Eric Le Sage est arrivé bien discrètement derrière son clavier. Regard quasi timide vers la première violon Cordelia Palm et à peine appuyé envers le jeune chef du jour : Quentin Hindley. A son opposé dans sa tenue au pupitre, pleine de faconde et de générosité dans sa gestique toute en rondeur, voulant embrasser ses musiciens du soir. Que ce soit dans la Sérénade pour orchestre à cordes d’Elgar ou la Symphonie n°3, dite Ecossaise, de Mendelssohn où il a laissé exprimer son tempérament.

Si le plus souvent dans les concertos, le chef se range à l’interprétation du soliste, s’adaptant à ses choix, Eric Le Sage reste respectueux du rôle de chacun, attentif à la lecture du directeur musical par des oeillades furtives du côté de la baguette. Un respect doublé d’humilité comme cette sobriété dans son jeu. Au premier regard il semble académique, dans l’esprit des codes de bonne conduite. Chez Eric Le Sage tout est dans la discrétion et les notes glissent des doigts au clavier. Respect encore de l’oeuvre et de la partition. Connue ou trop connue pour que cette littérature de jeunesse de Grieg soit reprise par le cinéma ou les publicitaires. Connue n’enlève rien à ses difficultés et ne pas tomber dans l’emphase ou la suffisance pour traduire l’élévation des sentiments de l’adagio où se perle la subtile tendresse, sans violence. Il est un observateur discret des amours bucoliques du compositeur. Eric Le Sage accompagne ses balades dans une nature bienveillante. Tout en délicatesse.

Bruno ALBERRO

 

Prochain concert de l’Orchestre régional Avignon-Provence

  • Le vendredi 13 décembre à 20h30 à la FabricA à Avignon sur le thème Passions germaniques, magie française avec la violoniste Maria Milstein, dirigée par Pieter-Jelle De Boer dans un programme Dutilleux, Mendelssohn, Schumann
  • Le vendredi 24 janvier à l’Opéra-Confluence à Avignon sur le thème « Viva Espana ! Juan Carmona ». Au programme Bizet et Juan Carmona.

Renseignement à l’Opéra du Grand-Avignon ou l’Orchestre régional Avignon Provence