Alain Timar signe son retour à l’Opéra Confluence d’Avignon. Après « Les Dialogues des Carmélites » de Poulenc, le metteur en scène et directeur du Théâtre des Halles revient dans ce lieu avec la pièce « Ô vous frères humains » d’Albert Cohen. Il la présentera ce vendredi 22 novembre à 20h30. Du plateau, mêlé au texte qui évoque la perception du racisme, on pourra entendre l’ensemble à cordes Avinim qui développera le quatuor de Ravel.

Quand Alain Timar s’empare d’un texte théâtral ou d’un livre, le directeur artistique du théâtre des Halles à Avignon en extrait des couleurs, un espace mais aussi une musique : « Pour moi la musique est une partie du spectacle comme les acteurs la scénographie le décor la mise en scène. Ce ne sont pas des éléments accolés, chacun d’eux contribue à la création. Tous ces éléments m’arrivent en même temps et ils sont indissociables. Après, pour le spectacle ce peut être des musiques existantes, mais aussi des commandes. La musique fait partie de la dramaturgie.»

Alain Timar reprend vingt ans après « Ô vous frères humains » d’Albert Cohen à l’Opéra Confluence d’Avignon ce vendredi 22 novembre. Il adjoint l’ensemble de musique de chambre Avinim pour interpréter au fil de la dramaturgie le quatuor de Ravel : « J’ai hésité avec un quatuor de Schubert, mais j’ai trouvé qu’il y avait trop de nostalgie et de mélancolie. Celui de Ravel correspondait mieux à l’écriture de Cohen.»

Il confie la longue préparation en relation avec Sylvie Négrel, la violoniste : « Je ne vais parler de découpage du quatuor, mais nous avons conçu comment il pouvait intervenir en contrepoint musical au texte. Et c’était là le défi de trouver comment et quand la musique devait interagir avec l’action sur le plateau.»

Alain Timàr se dit intéressé de ces nouveaux apports au théâtre, que le soit la vidéo ou la sonorisation : « Mais je suis curieux de ces nouvelles technologies. Toutefois, je les considère comme des outils. Tout dépend de l’usage que nous en faisons. Ils ne doivent pas être utiliser pour des effets mais pour servir l’idée du spectacle. Si on met une chaise sur le plateau et qu’elle ne sert pas, alors il faut l’enlever, c’est du superflu, comme la vidéo si ce n’est que de l’image. On peut réussir un spectacle avec ces outils et il peut y en avoir de mauvais. Il n’y a pas de règles. C’est comme ajouter de la danse, ou d’autres formes : ce doit être utile. Tout doit faire sens. Je suis l’évolution du cirque qui intègre du théâtre. Il faut se rappeler que le théâtre a une relation vers le corps. Il faut aussi donner à la place au silence. La musique existe car il y a du silence entre les notes. Le silence donne les indications. Le silence du corps c’est l’immobilité. Il est aussi nécessaire. Je cite souvent Peter Brooks qui disait qu’il fallait de l’espace vide. Ce que je rappelle dans les master classes.»

Reprendre vingt ans après « Ô, vous, frères humains » fait sens pour Alain Timàr. Albert Cohen l’a écrit en 1977, à la fin de sa vie, en se souvenant de son enfance marseillaise quand on l’avait traité de sale Youpin à sa seul apparence : « Le texte de Cohen est d’autant plus d’actualité aujourd’hui. »

Passer du théâtre des Halles et ses deux cents places à un plateau doublé en surface et six cents places ne troublent pas Alain Timàr qui connaît la salle pour y avoir monté en 2018 « Le Dialogue des Carmélites », l’opéra de Poulenc : « C’est la suite d’une rencontre. Pierre Guiral, le directeur de l’opéra, m’a proposé une création. J’ai préféré les Dialogues pour la force du texte de Bernanos qui interroge sur la foi et le rapport à la foi. Nous avons discuté d’un autre projet avec Les pêcheurs de perles de Bizet. »

Bruno ALBERRO

 

A voir

  • Le vendredi 22 novembre à 20h30 à l’Opéra Confluence à Avignon Ô vous, frères humains d’Albert Cohen dans une mise en scène d’Alain Timàr.

Renseignement à l’Opéra du Grand Avignon ou au Théâtre des Halles