Le Ballet de l’Opéra du Grand-Avignon dansera Scaramouche à l‘Opéra-Confluence ce dimanche 1er décembre à 14h30. Pour exprimer les sentiments de Colombine, la troupe a fait appel à la Canadienne Maude Sabourin, danseuse étoile au Grands Ballets de Montréal qui partagera le haut de l’affiche avec  Melih Mertel, son mari à la ville.

Son accent québécois va et vient comme une vague, au gré de la conversation. Quand on pense que Maud Sabourin l’a oublié il revient dès qu’on évoque son pays natal. Elle est invitée par le Ballet de l’Opéra du Grand-Avignon à danser Scaramouche sur une musique de Jules Messager, La danseuse étoile partage le haut de l’affiche avec son mari à la ville, Melih Mertel. La chorégraphie est signée de Julien Guérin.

A Avignon, Maude Sabourin dansera Colombine dans Scaramouche de Massenet. Photo crédit Sasha Onyshchenko-GB

Quitter un temps les Grands ballets canadiens de Montréal la nourrit et enrichit son expérience, analyse la danseuse : « C’est agréable de rencontrer et de découvrir d’autres danseurs et d’être accueillis. »
L’émerveillement n’a jamais quitté la jeune femme pour qui son expression artistique est une évidence : « J’ai commencé à quatre ans, mes parents m’ont amené à la danse, eux faisaient de la danse de salon. Ma première professeur m’a donné un coup de seringue. Après que je sois devenue danseuse professionnelle, c’est une suite logique. » Ses piqûres de rappel, elle les doit à la scène : « Il y a une telle adrénaline que j’oublie que j’ai dansé  avec une côte ou un orteil cassés. On peut surpasser la douleur dans ces moments-là. On s’habitue à souffrir en sachant qu’on le paiera en retour.» Pour continuer de danser et répondre aux contraintes subies par le corps, Maud Sabourin prône une hygiène de vie saine : « Il faut accepter ce travail difficile et exigeant. »
Alors la reconversion elle y pense tout en sachant ce qu’elle perdra : « Je donne des cours de danse privée selon mon emploi du temps. L’été avec mon mari, nous allons à Istanbul pour animer des stages. Je pense que je resterai dans le milieu artistique. A quoi faire, je ne sais pas. Ce que je sais c’est que je ne retrouverai jamais les mêmes sensations. Il n’y aura plus cette intensité et cette fougue. »
La chorégraphie ne la tente pas : « Je suis plutôt une pâte à modeler. Ce qui me plaît est de me mouler dans la vision d’un artiste. »
Cette fois, elle sera aussi sous la coupe du chef  Samuel Jean à la tête de l’Orchestre régional Avignon-Provence : « De danser avec un orchestre donne une énergie incroyable. Cela nécessite aussi un travail de la part du chef pour régler les tempi quand c’est nécessaire. La lecture d’une partition est différente quand il s’agit de danse. Les répétitions servent à ça, souvent les chefs prennent beaucoup de notes. »
Maud Sabourin voit une évolution de son art : « Les choses ont changé car au cours des formations, les danseurs abordent différents styles et genres. Maintenant la respiration descend jusqu’au ventre, même pour les danseurs classiques. Pour répondre à l’intérêt des publics, on voit aussi plus de transversalité dans les spectacles ; ils sont plus complets avec de la danse, du théâtre ou du chant. Sans le public, l’artiste n’existe pas et on se pose la question : qu’est-ce qu’il a envie de voir aujourd’hui ? »
Maud Sabourin note un retour au néo-classique de la danse en particulier, et des arts en général : « Il faut parfois passer par des excès.  Après une période d’expérimentation, c’est un retour à l’équilibre. Une amie danseuse a été invitée à reprendre un solo de Merce Cunningham dans un musée, comme une exposition d’art vivant. J’ai trouvé ça très intéressant que l’histoire de la danse se montre dans un musée. »

Bruno ALBERRO

 

Où voir danser Maud Sabourin ?

  • Le dimanche 1er décembre à 14h30 à l’Opéra-Confluence du Grand Avignon dans Scaramouche de Massenet, chorégraphié par Julien Guérin et dirigé par Samuel Jean. 

Renseignement à Maud Sabourin