La soprano rêvait d’une carrière de danseuse, à suite de blessures elle a découvert le chant, puis la mise en scène et encore l’écriture opératique et ça tombe sous le sens la chorégraphie. Si elle se produit moins comme cantatrice, Orianne Moretti s’engage dans divers projets dont celle d’une création avec un danseur qui sera donné au festival d’Avignon dans le off. Elle lance aussi un appel d’un financement participatif pour créer « Trop de jaune, les dernières heures de Van Gogh » d’Emmanuel Fandre qu’elle mettra en scène du 8 janvier au 16 février 2020 au Studio Hébertot à Paris.

A quelque chose malheur est bon, dit l’adage. On pourrait penser qu’il a été imaginé pour Orianne Moretti, inclassable parmi les métiers d’art. Dans sa panoplie, il manquerait la sculpture et la peinture.

Encore que ! Le sujet n’a pas été abordé, et puis on voit ici où là des pièces sculptées signées de son nom.

La soprano Orianne Moretti, Photo Crédit Amandine Brun

La soprano Orianne Moretti a co-signé l’opéra Amok qui évoque les amours d’Alma Mahler. Photo crédit Amandine Brun

Dans une société où les gens sont des objets à rentrer dans des cases, Orianne Moretti ne rentre nulle part, ou alors pas de façon définitive. Pourtant ceux qui ont la chance de vivre leur passion souvent on s’y accroche et de mauvaises aventures on est obligé d’abandonner sa raison d’exister souvent on se contente d’ersatz.

Orianne Moretti a vécu ça, alors que sa vie était la danse classique, mesurant la chance d’intégrer le ballet de Rolland Petit à Marseille jusqu’à ce  que les pépins physiques se multiplient et l’obligent à renoncer : « Au ballet, outre le travail de la danse classique, on travaillait la danse contemporaine et folklorique mais on prenait aussi des cours de théâtre, et de chant chorale. La professeur m’a dit que j’avais une voix naturelle et que si je devais arrêter la danse je pouvais venir la voir. »

Ce monde bien différent lui ouvrait les bras, elle s’y est engouffrée : « Ça a été beaucoup de travail mais si le chant et la danse font appel au corps. C’est très différent. Le corps du danseur est en tension, alors que pour le chant il doit être détendu. Surtout pour la respiration. Avec la danse on est en apnée, l’aire ne descend pas en dessous du plexus solaire alors qu’en chantant tout le corps travaille. Il faut arrêter de faire des abdominaux pour laisser le ventre. »
Elle garde à l’esprit que la danse est un art exigeant et celui de la beauté, néanmoins il y a une barrière pour faire passer l’émotion entre la scène et le public : « Alors que j’ai ressenti l’émotion et le public dès mon premier concert et je n’avais pas que deux ou trois ans d’étude de chant. Pour la danse le corps est un obstacle, le chant est un art plus populaire et c’est plus difficile de faire des variations de la danse du Cygne dans sa salle de bain que de chanter, même si la danse se démocratise avec des films ou à la télévision. »
Au métier de chanteuse, Orianne Moretti a ajouté celui de metteur en scène aussi, même d’auteur d’avoir écrit entre autre un livret  d’opéra : Amok, qui a été créé en 2016. Il évoque les amours d’Alma Mahler. Un personnage qui la suit puisqu’elle a chanté des lieder de l’épouse de Gustav Mahler au festival de Musiques interdites de Marseille. Il y aussi ce projet « Trop de jaune, les dernières heures de Van Gogh » d’Emmanuel Fandre qu’elle mettra en scène du 8 janvier au 16 février 2020 au Studio Hébertot à Paris. Pour l’instant elle est en quête de fonds via un financement participatif pour combler l’absence le manque de subventions  et les difficultés à entraîner le mécénat.

OrianneMoretti Orianne Moretti reprendra avec le danseur étoile Mathieu Ganio pour Le Rappel des Oiseaux créé en 2016

Orianne Moretti avec le danseur étoile Mathieu Ganio reprendra en juillet 2020 pour Le Rappel des Oiseaux dans le festival off d’Avignon.

Pour créer son opéra, Orianne Moretti a fait appel au compositeur François Cattin : « Je voulais quelque chose de facile à écouter. A l’IRCAM quand j’en ai parlé je me suis fait rire au nez. Et pour une grande partie du public la musique contemporaine fait peur. Je peux le comprendre un fois j’ai assisté à un festival de musique contemporaine pour écouter un tournevis frotter sur un câble de vélo. Il n’y avait que des ingénieurs du son dans la salle. Je préfère écouter des voix pour des câbles à vélo. Si on ne demande pas aux chanteurs de lancer des cris ou de souffler. Je ne crois pas qu’en sortant de ce type de concerts on puisse siffler un air.»
C’est peut-être pour ses raisons que les compositeurs de la seconde moitié du XXe siècle ont eu du mal à être joués ? « On peut le penser en effet qu’on pourra à nouveau faire écouter les compositeurs d’aujourd’hui plutôt que de voir proposer  les mêmes opéras joués depuis 150 ans », répond Orianne Moretti. Son autre cheval de bataille, c’est combattre la dictature du jeunisme : « Avec Amok, le plateau allait de 23 à 65 ans. Certains rôles ne peuvent pas être interprétés par des jeunes. Prenez Parsifal ce n’est pas possible qu’un chanteur de  45 kilos tienne tout l’opéra. Le chant, c’est aussi physique. Dans Amok, il y avait une scène de nue. Dans la réalité, il faut de la chair. Au XIXe et au début du XXe le canon féminin était des femmes plantureuses. J’aime avoir avec moi des physiques atypiques. »

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Stephane Audran – Serie L Studio

La vidéo d’Orianne Moretti

La campagne de dons : https://www.proarti.fr/collect/project/trop-de-jaune-creation/0?fbclid=IwAR13WkgiNGYxA_I4v9-M1ZlJujKW_HKG2utL9SOqsOg–gDGfwS4tZMGqP8

Où entendre ou voir Orianne Moretti ?

  • Du 8 janvier au 16 février 2020 à Paris, Studio Hébertot, « Trop de jaune » d’Emmanuel Fandre dans une mise en scène d’Orianne Moretti ;
  • En juillet au festival Off à Avignon.

 

Renseignement à Orianne Moretti