D’une classe à horaire aménagée pour la musique, dès l’âge de six ans, à un master de droit, et maintenant en quête d’un Master II au Conservatoire, la soprano Jeanne Lefort navigue ainsi entre raison et intérêt et passion. Les divers concours gagnés l’ont confortée dans son idée que le chant lyrique serait sa vie. Elle sera en concert à Gordes ce samedi 28 janvier invitée par les Saisons de la voix dont elle a gagné le concours de mélodies en 2018.

Quel est le lien entre un Master I de droit et un Master II au Département Musique Ancienne et au Département d’Art Lyrique du CRR de Paris ? Les deux formations semblent si éloignées qu’on peut se demander. La soprano Jeanne Lefort livre sa réponse. Elle est dans ce cas en ayant commencé la chant très jeune via les classes à horaires aménagés pour la musique (CHAM). Mais la musique est-elle une profession. On peut comprendre des parents qui souhaitent pour  leurs enfants des professions plus sécurisantes.

Le droit, c’est sérieux. Surtout quand l’enfant arrive sans difficulté à une maîtrise, raconte la jeune femme : « Au moment de choisir mon orientation, mes parents m’ont dit que je pouvais suivre le conservatoire en parallèle de mes études. A la fin de la maîtrise j’ai passé le concours du centre de Versailles.» La musique s’est imposée à Jeanne Lefort.

Après tout ira très vite, Jeanne Lefort parle de chance : « Il faut savoir la provoquer. A la fin des trois ans au centre de Versailles, en 2016, j’ai été auditionnée par Jordi Savall et par la suite j’ai intégré son chœur en 2018 et j’ai eu un rôle dans un opéra de Marin Marais : Alcyone. J’ai pu ainsi obtenir le statut d’intermittent. Je remercie Jordi Savall de sa confiance renouvelée. Mes parents m’ont soutenu pendant les trois ans où j’étais à Versailles. Là-bas on ne pouvait pas travailler à côté, on travaille 24 h sur 24, sept jours sur sept. On n’est pas capable de réserver du temps pour donner des concerts.»

En marge de ses engagements avec le maître catalan, Jeanne Lefort se fait les armes en participant à  des concours, ce qui lui réussit : « Je peux comprendre les collègues qui comparent ces concours à une foire aux bestiaux et qui refusent d’y participer. Je retiens aussi que c’est un moyen pour se faire connaître auprès des membres du jury. Après on peut gagner et ne pas faire une grande carrière et aussi être moins bien le jour J est réussir sa carrière. Ça montre aussi que nous sommes des humains et pas des machines. » C’est comme ça qu’elle se retrouve en concert ce samedi 28 décembre à Gordes après gagné en 2018, le concours des mélodies des Saisons de la voix, présidée par Raymond Duffaut : « J’ai été  récompensée d’un prix et de ce concert. C’est quand une chance. »
Ce n’est pas parce qu’elle s’est éloignée de la fac de droit, que Jeanne Lefort se désintéresse de l’actualité, elle pose même un regard intéressé sur les événements sociaux de cette fin d’année avec les mouvements pour défendre les retraites : «C’est juridiquement passionnant, car il se passe deux choses : Il y a la fois la fin des régimes spéciaux, que tous, nous cotisions de la même manière. Et puis il y a le changement total de système avec la retraite par point ou lieu d’un système par répartition. Deux réformes en même temps, ce n’est pas le mieux, je pense. Pour l’instant je me consacre au chant, ça demande déjà beaucoup d’énergie, c’est aussi très physique. Mais plus tard, si je pouvais allier le chant et le droit sans savoir de quelle façon, ça me plairait. Le droit c’est une discipline qui me plaît beaucoup et qui nécessite aussi de la rigueur.»  

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Jeanne Lefort ?

  • Le samedi 28 décembre à 18h00, à l’Espace Simiane de Gordes, concert du Bout de l’an des Saisons de la voix en présence de Mariamielle Lamagat, Jeanne Lefort, soprani et du pianiste Virgile van Essche, tous les trois lauréats du concours international de la mélodie de Gordes 2018. Au programme des mélodies, mais aussi des airs d’opéras.

Renseignement aux Saisons de la voix