Des vagues et des flammes toutes deux géantes, bleues ciel ou bleues nuit ou rouge-orange pour le tableau final. Telle est la scénographie du metteur en scène Bernard Pisani pour illustrer sa vision orientaliste des « Pêcheurs de perles » de Georges Bizet, à l’affiche de l’Opéra de Toulon ces 29 et 31 décembre.

Dans « Les Pêcheurs de perles », Georges Bizet noue son drame qui se déroule dans l’île de Ceylan avec quatre solistes et un choeur mixte. Pour sa production à l’affiche de l’Opéra de Toulon, le metteur en scène Bernard Pisani ajoute quatre danseurs omniprésents sur le plateau à la fois pêcheurs et observateurs des situations. Foin de l’originalité exubérante, voire inutile, Bernard Pisani se montre respecteux de l’esprit de Bizet.

Les chorégraphies de Sergio Simon renforcent la touche d’exotisme des protagonistes, face à leur amours et à leur destins. Au fond de la scène, un cercle situe les saynètes, soleil brûlant jusqu’à l’aveuglement ou temple de Brahma. Pas de zone d’ombre pour le spectateur, tout est expliqué et lisible d’autant que tout ce que chantent les solistes est distinct et compréhensible, sans avoir à porter le regard aux sous-titrages.

La soprano toulousaine Anaïs Constans prenait pour la première fois le rôle de Leila. Voilée, couronnée de fleurs de blanc vêtue, elle retient ou offre ses amours partagés dans ses arias : « Me voilà seule dans la nuit… » ou « Dans le ciel sans voile… » Anaïs Constans vit la dualité de ses contrariétés, répond à ses engagements opposés par ses attirances pour Nadir, incarné par le jeune ténor belge Reinoud Van Mechelen. Il était attendu dans la Romance de Nadir, l’aria du Ier acte: « Je crois entendre encore, caché sous les palmiers… ». Sans aucun doute l’air plus connu de tout l’ouvrage. Une écriture qui réclame jeunesse vocale pour sublimer le désir et résistance et pour soupirer des aigus acérés. C’est dire si la période dans une carrière est brève pour aborder ce rôle. Le ténor a perlé son chant pour en sortir un phrasé épuré de tout effet de surabondance ou de suffisance.

La réalisme des Pêcheurs de perle se retrouve dans le rôle de Zurga, à la fois ami fidèle et roi élu en charge du respect des lois de son pays. Zurga doit laisser transpirer ce jeune chef, tiraillé entre la fidélité et le devoir, entre l’amitié et la jalousie. A ce jeu d’acteur complexe, le baryton Jérôme Boutillier fait étal de ses qualités scéniques et vocales pour ce rôle où la fragilité de son personnage doit transparaître au fil des scènes et des trois actes.

Pour compléter le quatuor, l’Opéra de Toulon a fait appel à la basse Jacques-Greg Belodo, qui lui a confié le rôle de Nourabad, à qui Bizet n’a pas écrit d’aria. Il fait valoir son timbre chaud dans ses duos, trios ou quatuor.

Le Choeur de l’Opéra de Toulon est investi dans cette production où il lui est demandé de chanter, de jouer et de danser pour créer la masse des peuples. Il est vrai que Bizet a nourri le choeur de riches passages que l’ensemble vocal toulonnais valorise.

Pour unifier et rendre cohérent la production, la baguette a été confiée au directeur musical de l’Opéra de Limoges : Robert Tuohy devant l’Orchestre de l’opéra de Toulon. Le jeune s’est montré appliqué, dirigeant d’une battue claire et sobre.

Bruno ALBERRO

 

Les Pêcheurs de perles à l’Opéra de Toulon

  • Le dimanche 29 décembre à 14h30 :
  • Le mardi 31 décembre à 20 heures.

Prochainement à l’Opéra de Toulon

  • Les 24, 26 et 28 janvier Le comte d’Ory de Rossini ;
  • Le 1er février Passion Galliano ;
  • Le 28 février Laloum joue Mozart ;
  • Les 27, 29 et 31 mars South Pacific ;

Renseignement à l’Opéra de Toulon