« Ce qui nuit à l’un duit à l’autre », professe Erasme, théologien hollandais du XVe siècle.  Ce proverbe sied à la soprano belge Lisa Mostin. Elle a endossé à la volée la robe de la Reine de la nuit de la Flûte enchantée pour les deux dernières représentations de l’opéra de Mozart à l’affiche à Opéra Confluence à Avignon. Ce remplacement lui ouvre les portes de l’Opéra royal de Versailles où cette production sera donnée du 10 au 14 janvier.

Sa première prestation en France est inattendue. Mieux, ce remplacement de dernière minute a permis à la soprano belge de découvrir Avignon et le public français. Qui plus est, elle se voit ouvrir les portes de l’Opéra royal de Versailles pour chanter le rôle de la Reine de la nuit dans La Flûte enchantée. L’opéra de Mozart est donné encore ce 31 janvier dans la cité des papes avant une reprise à Versailles du 10 au 14 janvier. Un coup de chance pour elle, moins pour la cantatrice qui s’est vue remplacer pour un problème de santé entre la première et la deuxième représentation.

La soprano Lisa Mostin

La soprano Lisa Mostin chantera la Reine de la nuit à Avignon, Versailles et Santiago du Chili. Photo crédit Dietmar Scholz.

Lisa Mostin module la dualité qui l’habite, entre le plaisir de se produire pour la première fois en France et de savoir ce que vit la soprano qu’elle a dû remplacer : « Beaucoup de chanteurs ont vécu ce renoncement. C’est là qu’on voit la fragilité du corps d’un chanteur et qu’il est dépendant de sa santé, surtout l’hiver où le corps est sensible au froid et aux écarts de température. Quand on est instrumentiste, on peut tout de même jouer. Ça montre aussi que nous ne sommes que des humains et qu’il nous arrive de devoir annuler, j’imagine ce qu’elle ressent.»

Foin de la tristesse et retour à cette envolée lyrique avignonnaise qui bénéficie de circonstances exceptionnelles ou d’une chance orchestrée comme une évidence : « Si je n’avais pas été en troupe en Allemagne, sans doute j’aurais hésité avant d’accepter, car j’étais en concert la veille au soir. Mais en troupe, on est habitué à changer de rôle et à faire de tels remplacements de dernières minutes. J’aime bien ce genre de challenge. »

Lisa Mostin passe sur les détails de son arrivée à Avignon, de descendre de Bruxelles à Paris en bus avant de prendre l’avion pour Marseille, sa brève rencontre le chef d’orchestre pour quelques consignes, prendre une heure de repos avant de faire refaire son costume à sa taille, et enfin monter sur le plateau pour découvrir une nouvelle production, se fondre au milieu de ses camarades et de respecter les choix et intentions des metteurs en scène, chanter ses arias en allemand et les récitatifs en français. Tout ça en moins de 18 heures.

Il est une chance aussi que la Reine de la nuit soit son rôle signature du moment, bien qu’il ne lui était pas destiné, selon-t-elle : « J’étais à l’école à Florence pour apprendre le bel canto : Lucia, la Fille du régiment…, tous ces personnages des opéras italiens. Quand j’étais accepté en troupe en Allemagne, c’était Mozart, Mozart et Mozart. Un jour, on m’a demandé de chanter la Reine de la nuit, j’ai accepté d’essayer en demandant de chanter Pamina si ça ne fonctionnait pas. Et ça a marché. C’est un beau rôle pour une soprano de chanter de temps en temps une vilaine.»

Arriver comme cela à l’improviste aurait pu déstabiliser la cantatrice, surtout quand on a jamais chanté dans le pays, c’est à dire arriver dans l’inconnu. Pourtant, Lisa Mostin s’est senti chez elle dans cet opéra provisoire, baptisé Confluence, en attendant que les réparations de l’opéra à l’italienne du centre-ville finissent l’automne prochain : « C’est sur cette scène que j’ai chanté ma première Reine de la nuit à Rostock en Allemagne et maintenant à Avignon, pour ma première production en France. On est comme de vieux amants à toujours se retrouver. »

Bruno ALBERRO

 

La vidéo de Lisa Mostin

Où entendre Lisa Mostin dans La Flûte enchantée ?

  • Le 31 décembre à l’Opéra Confluence d’Avignon ;
  • Les 10, 11, 12 et 14 janvier à l’Opéra royal de Versailles ;
  • Les 17, 21 et 23 avril à Santiago du Chili.

Renseignement à Lisa Mostin