D’aucuns choisissent de passer les fêtes de l’année dans le monde magique de l’opéra. Pour cela il faut des machinistes et des techniciens dans les coulisses, sur le devant de la scène des musiciens et des chanteurs. Ce sera le lot de la soprano Jennifer Courcier qui est à l’affiche de Barbe-Bleue de Jacques Offenbach à l’Opéra de Marseille, joué du 28 décembre au 5 janvier.

« Je travaille souvent à Marseille avec des gens que je connais et que j’aime bien. Je trouve génial d’être sur scène pour les fêtes de fin d’année », jubile la soprano Jennifer Courcier. Elle est invitée dans la production de Barbe-Bleue de Jacques Offenbach du 28 décembre au 5 janvier dans la cité phocéenne. Un petit mois pour la jeune maman parisienne à retrouver le soleil.

La venue de l’enfant change une vie, peut-être plus encore dans son métier de saltimbanque où il faut jouer avec les horaires des répétitions et trouver quelqu’un pour garder le bébé : « C’est vrai, j’ai peu de temps pour profiter de la ville et de la région, un enfant ça complique les choses. Quand j’étais à Lyon pour Guillaume Tell j’ai peu dormi mais on s’en sort toujours quand on a envie de chanter. Pour moi la maternité n’est pas un frein à la carrière. Au contraire, je ressens des choses différentes et une évolution. Avec un enfant, notre vie est différente. Il faut s’organiser et avoir un peu de chance avec les nounous et il faut faire confiance. »

La soprano Jennifer Courcier

La soprano Jennifer Courcier chantera les rôles de Princesse Hermia, Fleurette dans Barbe Bleue à l’Opéra de Marseille.

La confiance en l’autre est sans doute plus facile à acquérir que la confiance en soi : « Mais je gagne un peu tous les jours par rapport aux dernières années. On progresse au fur et à mesure. »

Jennifer Courcier se présente comme quelqu’un de réservé loin du personnage qui se doit sur scène de lâcher prise : « Sur scène, c’est différent. Il y a cette fébrilité, l’énergie dégagée, l’adrénaline. On se surpasse dans cette mise en danger permanente et surtout on entre dans la vie d’un personnage. On est plus soi. Aller sur scène s’est imposer à moi quand j’étais dans les chœurs d’enfants de l’Opéra de Paris. On chantait dans La Bohème de Puccini et j’ai su que c’était ça que je voulais faire. »

Jennifer Courcier a renforcé son plaisir du chant dans des classes maitrisiennes au lycée : « Mais je n’écoutais pas que de la musique classique, j’écoutais d’autres styles de musique mais beaucoup de rock, plus que le rap. Je n’ai pas le souvenir d’avoir été trop embêtée parce que je voulais devenir chanteuse d’opéra. J’ai d’ailleurs gardé des amis d’enfance qui ne sont pas dans la musique. »

Elle raconte qu’avec ses parents pour les convaincre de poursuivre dans le monde artistique leur réponse a été : obtient un diplôme d’abord. Jennifer Courcier a répondu à l’attente parentale : deux années de classes préparatoires et quatre ans une école de commerce : « Depuis neuf ans, maintenant j’ai le même professeur. J’en ai besoin et un chanteur travaille sa voix tout le temps, car elle est évolue et qu’on a besoin de toujours travaillé sa voix. »

La soprano Jennifer Courcier est à l'affiche des opéras de Lyon, Marseille, Limoges et de Monte-Carlo cette saison

La soprano Jennifer Courcier est à l’affiche des opéras de Lyon, Marseille, Limoges et de Monte-Carlo cette saison

Soprano lyrique léger, elle est, soprano léger, Jennifer Courcier s’y voit encore plus tard : «Avec une affection pour les rôles de soubrette. J’ai la taille et l’énergie. J’aimerais bien chanter Pamina aussi (NDLR : De la Flûte enchantée de Mozart). Il faut un metteur en scène qui relève ses traits de caractère. Son rôle est musicalement intéressant et c’est une personne sensible avec une grande profondeur d’âme. »

Si rentrer dans la peau d’un personnage la motive, Jennifer Courcier se sent moins à l’aise avec les réseaux sociaux : « Quand j’étais présidente de l’association des étudiants, on m’a dit qu’il fallait être sur les réseaux sociaux, mais ce n’est pas mon truc. Je sais qu’il faut y être et que c’est le jeu de notre époque. Je suis en train d’évoluer car on ne peut pas y couper. Je suis consciente aussi que ça peut être un moyenne se faire entendre par des directions qui se déplacent moins. D’un autre côté, être sur ces réseaux aide à ce que l’on pense à untel ou unetelle pour une production. Toutefois, je pense que rien ne vaut le contact humain. »
Est-ce qu’elle se voit comme Natalie Dessay prendre la décision à 50 ans d’arrêter de chanter de l’opéra ? « Je ne sais pas. Je ne réfléchis pas trop à mon avenir, je ne sais pas non plus si je pourrais me convertir dans le théâtre. Je comprends son choix si elle ne pouvait plus rendre par le chant lyrique ce qu’elle souhaitait exprimer. »

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Jennifer Courcier ?

  • Du 28 décembre au 5 janvier dans Barbe-Bleue de Jacques Offenbach aux côtés de Héloïse Mas ;
    Cécile Galois ; Florian Laconi ; Guillaume Andrieux ; Jérémy Duffau ; Oscar Francis Dudziak et Antoine Normand dans une mise en scène de Laurent Pelly sous la direction de Nader Abbassi ;
  • Les 23, 24 et  26 janvier 2020 dans L’enfant et les sortilèges de Ravel à l’Opéra de Limoges ;
  • Les 22, 24, 26 et 28 mars 2020 dans Le comte Ory de Rossini à l’Opéra de Monte-Carlo.

Renseignement à Jennifer Courcier

La vidéo de Jennifer Courcier