« Tous les matins du monde » ne cesse de tourner, le livre de Pascal Quignard a inspiré le cinéaste Alain Corneau qui maintenant inspire le violiste Valentin Tournet et la Chapelle Harmonique qu’il dirige du regard et de l’archet. Créé il y a un an, ce spectacle éponyme a été donné au festival de Musique baroque en Avignon samedi et sera repris à  Toulon ce 20 janvier avec des changements par rapport au concert vauclusien avec Kaori Yugami au clavecin, et la soprano Jeanne Bernier à la place d’Axelle Verner.

« Tous les matins du monde », version concert, replonge dans l’univers voulu par de Sainte-Colombe pour son instrument, en suivant la bande musicale du film. Le spectacle dirigé par Valentin Tournet à la tête de la Chapelle Harmonique est tout en toucher et délicatesse pour faire miroir à la réflexion de de Sainte-Colombe, professeur de Marin Marais, qui voulait bénéficier de son enseignement, avant de devenir le compositeur en vogue à la cour de Louis XIV, même si Sainte-Colombe tançait le jeune  ambitieux, sans tempérance : « Vous ferez, vous vivrez de la musique mais vous ne serez pas musicien. » Ceci est dit.

De Sainte-Colombe, enfermé dans sa cabane, voulait toucher la grâce, comme le lit du plateau l’acteur Jean-Damien Barbin, associé à ce spectacle pour situer le moment où la musique se calque à l’action du roman.

« Tous les matins du monde » refait vivre aussi la vie des salons de cette noblesse de la seconde moitié du XVIIe siècle, sous le Roi-Soleil, qui avait su attirer les musiciens et les gens d’art au sein de sa cour. Une grande partie de « Tous les matins du monde » rend hommage à la viole interprétée par Valentin Tournet et Natalia Timofeeva. Mais il n’est pas oublié l’opulence de ce siècle où le faste rivalise dans l’architecture ou dans les ornements musicaux. Aux côtés des deux violistes, François Guerrier tient le clavecin tandis qu’Eric Bellocq montre s’il est besoin les nuances et la sonorité du théorbe. En seconde partie, on peut entendre le caractère du violon d’Alix Boivert devenant la voix de l’âme. Celles des deux soprani Alice Duport-Percier et Axelle Verner résonnent en canon harmonieux pour aller en promenade dans les salons de Couperin ou de Lully, autres compositeurs de cette époque invités à cette représentation, pour ce concert hors d’âge.

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Tous les matins du monde ?

  • Le lundi 20 janvier à 20 heures à Toulon au palais Neptune en partenariat avec  l’Opéra de Toulon dans le cadre du Festival de musique de Toulon et de sa région.

Renseignement à l’Opéra de Toulon