Comment reconnaît-on un pianiste à Vienne ? C’est la seule personne qui ne porte pas d’étui d’instrument de musique. C’est accompagné de cette devinette que Vincent Mussat termine ses études pianistiques dans la capitale autrichienne. C’est dire aussi l’importance de la musique dans cette ville qui a vu s’épanouir Beethoven ou Schubert.

Vincent Mussat fait partie de la promotion 2019 des Révélations classiques de l’Adami. Cette récompense le met à l’affiche des Chorégies d’Orange pour le concert du 15 juillet. Il se réjouit de partager ce moment où il pourra faire de la musique de chambre avec les trois autres instrumentistes, mais aussi accompagner les quatre chanteurs retenus par l’association et le festival lyrique. Chanteurs ou instrumentistes ont des similitudes quand ils interprètent de la musique : « Jouer du piano est physique. C’est un travail du corps. C’est un travail du corps. Il part du cerveau qui met en action le souffle et le diaphragme. Cela se transmet aux bras puis aux doigts, qui eux-même transmettent aux touches l’intention sonore. Le corps a aussi la mémoire de ce que l’on joue. Nous sommes comme les acteurs de théâtre ou les chanteurs : c’est le corps qui joue, parle ou chante.»

Vincent Mussat se produira dans de nombreux festivals dont les Chorégies d'Orange.

Vincent Mussat se produira dans de nombreux festivals dont les Chorégies d’Orange.

Cette notion physique est ancrée chez Vincent Mussat depuis l’âge de deux ans et demi quand il a posé la première fois ses doigts sur les touches d’un piano : « Nous étions chez une amie de mes parents et j’ai passé la journée à jouer. Mes parents qui ne sont pas musiciens se sont dit qu’il se passe quelque chose. »

Un piano électrique fera son entrée dans le logis familial : « Je jouais à l’oreille ce que j’entendais à la radio. Quand j’ai commencé à l’école de musique à six ans, ça a été assez dur pour moi d’apprendre. A 11 ou 12 ans, il y a eu une opération de séduction entre la lecture et moi et j’ai trouvé le plaisir dans le travail. Apprendre la musique est un travail solitaire, c’est une quête de beauté et d’harmonie et on se remet toujours en question. »

Une abnégation quotidienne en décalage avec notre société où tout doit aller vite, analyse Vincent Mussat : « C’est une question de temporalité. Avec la musique il faut laisser le temps d’assimiler, c’est le temps qu’on accepte de prendre pour travailler et il y a la scène où le musicien est dans le temps présent, en direct. »

Le temps effacé aussi par la surabondance que provoque notre ère numérisée qui aide à construire la notoriété : « C’est vrai que les réseaux sociaux sont des outils pour se faire connaître. Mais il ya a aussi des perles qui sont cachées et ne font pas de vues. »

Lui-même a enregistré et posté les six pièces pour piano de Henri Dutilleux : Au gré des ondes, dont il est plutôt fier.

Travailler un morceau en se laissant influencer par telle ou telle version n’est pas le genre de Vincent Mussat : « On peut être sensible à ce qui nous entoure et se laisser influencer. Je préfère me couper de tout ça et je n’aime pas en écouter pour faire mon propre chemin. Quand je me sens dans l’impasse je peux néanmoins écouter certaines versions et me dire : Ah ! ça c’est intéressant. »

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Stefania LORIGA

La vidéo de Vincent Mussat

Où entendre Vincent Mussat ?

  • Le 29 mars  à Valenciennes en récital avec Joë Christophe (clarinette) ;
  • Le 3 avril à Schwäbisch Gmünd, Allemagne en trio avec Jérémy Garbarg (violoncelle) et Joë Christophe (clarinette) ;
  • Du 10 au 15 avril à Berlin, Allemagne pour un enregistrement de CD avec Joë Christophe ;L
  • Le 20 Avril à la Salle Cortot, Paris au festival Pianissimes en trio avec Jérémy Garbarg et Joë Christophe ;
  • Le 15  juillet aux Chorégies d’Orange, France pour le concert des Révélations Classiques de l’Adami ; Les 22, 23, 24 juillet au Festival Radio France Occitanie à Montpellier, en récitals avec Joë Christophe ; Le 26 juillet au Festival de Chalosse, France en récital solo ; Le 5 août à Saint-Nicolas la Chapelle, France au Festi’Val d’Arly en récital solo.

Renseignement à Vincent Mussat