Les puristes en seront pour leur compte, ceux qui veulent voir les ouvrages opératiques du répertoire évolués seront satisfaits des risques pris par Shirley&Dinon dans leur mise en scène de La Fille du régiment. L’opéra de Donizetti sera donné à nouveau demain dimanche à 14h30 à l’Opéra Confluence du Grand-Avignon. 

La soprano joue les cabotines dans Fille du Régiment à Avignon.

L’opéra de Donizetti, La Fille du régiment, invite à des lectures différentes. La vision des deux humoristes Shirley&Dino, à la tâche à l’Opéra du Grand-Avignon, ne trahissent pas l’ouvrage pour autant. Du tumulte de la guerre on passe au tumulte de la religion au début du premier acte quand la marquise s’approche du camp où séjourne sa fille fille adoptée par un régiment. Si la Fille du régiment a été donné à Paris tous les 14 juillet de 1935 à 1914, à la gloire des triomphes militaires français, dans la version de Shirley&Dino, les bons soldats ne sont pas portés aux nues. Le choix de la fantaisie et de l’humour l’emporte. Faites l’humour pas la guerre semblent dire ces bons uniformes, défilant au pas, selon qu’ils soient séides ou fleurs au fusil. Il faut de tout pour faire une armée. Pour autant, la vision de Shirley&Dino n’est pas anticléricale ou antimilitariste, tous deux se moquent des institutions et des bien-pensants… et d’eux-mêmes.

Tout est l’avenant, les statues dansent, la Vierge et les personnages figés dans leur cadre doré se montrent sceptiques, quand on en appelle à leur secours, s’amusent et s’étonnent. La partition même est modifiée quand s’intercale les violons de la bande musicale du film Love Story, quand les récitatifs sont remis au goût du jour, plus proches de ceux d’une cour de lycée d’aujourd’hui que d’un salon bourgeois du XIXe siècle. Et ça fonctionne.

Le ténor Julien Dran a relevé le défi de l’aria « Ah ! mes amis, quel jour de fête ! » dans La Fille du Régiment à Avignon, avec neuf contre-ut.

C’est plus difficile de faire rire que de faire pleurer savent ceux qui sont montés sur une scène. Alors pour que l’ensemble marche à la baguette, il faut un plateau de choix et d’acteurs chantant. Tous au diapason du metteur en scène pour réussir les effets escomptés. Mais n’est-ce-pas ça aussi l’opéra ? Surtout quand le chef d’orchestre Jérôme Pillement se met aussi dans la partie, la mayonnaise prend, la distribution et l’Orchestre régional Avignon-Provence se prêtent au jeu.

Et malgré tout, il ne faut pas oublier qu’on chante dans un opéra. Surtout quand le compositeur comme Donizetti écrit cette aria : « Ah ! mes amis, quel jour de fête ! » avec ses neufs contre-ut. L’air le plus connu de cet opéra qui se relève en production ou en récital comme un défi. Rien que ça mérite qu’on tende l’oreille. Julien Dran, invité pour l’occasion ne perd ni le souffle, ni la justesse. D’autant qu’il n’est pas si commun de faire le pitre juste avant et de rassembler toute son énergie pour interpréter ce morceau de bravoure quand la salle est préparée à entendre cette performance.

Dans cette production, le jeune ténor français tombe amoureux de Marie, incarnée par la soprano Anaïs Constans qui vient de chanter avec succès Leila des Pêcheurs de perles à L’opéra de Toulon. Chez elle, tout est l’avenant, cabotine et amusante, limpide aussi. Elle s’est montrée aussi agile dans son théâtre que dans son chant. Il suffit d’écouter « Le bruit de la guerre » ou « Il faut partir » pour s’en convaincre.

Aux côtés du duo d’amoureux, on retrouve la basse Marc Labonette. Il s’acquitte avec un plaisir non dissimulé de son rôle du sergent Sulpice qui a tous les apanages du troupier, gros coeur, replet et buveur.

Julie Pasturaud revêt la robe de la marquise et elle lui va plutôt bien pour en faire un personnage truculent.

Par rapport à la première distribution de Donizetti qui prévoyait une basse et une mezzo pour incarner Hortensius et de la duchesse, là ils sont fusionnés par à la basse Joao Fernandes qui s’amuse à passer du rôle du pleutre à celui travesti de la duchesse. Il précise qu’il joue deux personnages charnières… pour un seul cachet.

La Fille du régiment ? Amusant dites-vous ? C’est le moindre mot.

Bruno ALBERRO

 

Photos Studio Cédric Délestrade

La Fille du régiment de Donizetti 

  • Le dimanche 19 janvier à 14h30 à l’Opéra Confluence du Grand-Avignon .

A suivre à Avignon 

  • Le mardi 21 janvier à 21h30, concert d’Adam Laloum ;
  • Le vendredi 24 janvier à 20h30 Viva Espana ;
  • Le samedi 25 à 17 heures Aper’Opéra avec la soprano Charlotte Bonnet et le baryton Alban Legos;
  • Le dimanche 26 janvier la compagnie IT Dansa ;
  • Le vendredi 31 janvier Le Requiem allemand de Brahms ;
  • Le vendredi 6 et dimanche 8 mars Cavalleria Rusticana et Pagliacci ;

Renseignement à l’Opéra du Grand-Avignon