Le guitariste Juan Carmona est un musicien à par, entre la tradition du flamenco ancrée dans sa culture gitane et andalouse et dans son évolution. Il sera en concert vendredi 24 janvier à 20h30 à l’opéra Confluence du Grand Avignon.

Jouer de la musique espagnole avec des musiciens algériens et un orchestre turque, ça pourrait être l’amorce  d’un nouveau conflit si on place des politiciens autour d’une table, même à celle des négociations . Eh bien, non ! quand il s’agit de musiciens  et de réaliser un projet. « La musique met tout le monde d’accord », convainc le guitariste Juan Carmona qui sera en concert à l’Opéra Confluence ce vendredi 24 janvier à 20h30 où avec l’Orchestre régional Avignon-Provence il jouera Sinfonia Flamenca, une de ses compositions, et deux suites de Carmen de Bizet.

Juan Carmona © Dario Caruso

Juan Carmona rappelle l’influence de Lorca dans le renouveau du flamenco.

Pour lui il n’y a aucun doute la guitare c’est l’Espagne et l’Espagne est la guitare : « C’est l’instrument de l’Espagne et il y a d’excellents musiciens.» S’il est né en France, Juan Carmona n’a rien oublié de ses racines gitanes et andalouses, d’où sont natifs ses parents, du côté de Malaga : « J’ai découvert la guitare à six ans, quand j’écoutais mon oncle jouer pour les fêtes de Noël et en famille. Ensuite, avec mon frère, on essayait de refaire les sons à la guitare des bruits de cuillères au petit-déjeuner.» Le Flamenco c’est donc sa culture, voire sa vie de musicien : « C’est une musique de tradition orale et elle développe l’oreille et le rythme. Le flamenco, c’est l’alliance du rythme, d’une mélodie est d’une histoire qui raconte quelque chose.»

Impossible de parler du flamenco et de son histoire sans évoquer le poète Federico Garcia Lorca, comme en parle Juan Carmona : «Il a révolutionné le flamenco et même aujourd’hui on est dans cette révolution. Il y a eu aussi le chorégraphe Antonio Gadès qui a amené le flamenco dans de grands théâtres. Quand je joue devant un public nombreux je me pose d’ailleurs la question à savoir si le message va pouvoir aller à une centaine de mètres de moi, alors que cette musique née au milieu du XIXe siècle était faite pour être jouée en famille, puis dans des cabarets où il y avait trente ou quarante personnes. En fait, le flamenco a toujours évolué. Aujourd’hui, on entend d’autres instruments que la guitare : la flûte, le violon, la contrebasse… Mais tous les ans, on trouve des artistes qui font un spectacle avec les poèmes de Lorca. » Il glisse que lui-même, en 1998, il a consacré un disque aux textes de Lorca.

Il constate au travers de ses voyages que le flamenco est connu partout : « Que j’aille jouer en Chine ou à New York, on connaît l’Espagne et sa culture.»

Lui veut s’ouvrir à d’autres influences. Juan Carmona souligne qu’il est en cours d’enregistrement : « Je travaille avec des musiciens algériens pour apporter une musicalité orientale à de la musique andalouse et avec un orchestre à cordes le Istanbul strings.»

Bruno ALBERRO

 

Photos crédit Dario Caruso

Où entendre Juan Carmona ?

  • Le vendredi 24 janvier à 20h30 à l’Opéra Confluence du Grand Avignon. Au programme Sinfonia flamenca de Carmona et les Suites 1 et 2 de Carmen de Bizet.

Renseignements à l’Opéra Confluence du Grand Avignon