Le concert du 15 février aux Sérénades des Baronnies à Buis-les-Baronnies, dans la Drôme, fait partie de la trentaine de dates cochée à l’agenda du violoncelliste Sébastien Singer. Au lieu de courir de salle de concert en théâtre, il veut prendre le temps de travailler son instrument et ses partitions. C’est un choix du musicien qui a fait sienne la pratique de Maurice Gendron : faire vivre son instrument.

D’aucuns trouveraient que son agenda est mince, quelque trente dates au cours d’une saison. Pour un violoncelliste de cette renommée, c’est peu, pour ne pas dire très peu, quand d’autres en donnent deux cents en parcourant le monde entier. Sébastien Singer a choisi de travailler son violoncelle plutôt que de le faire voyager de théâtre en salle de concert, de pays en pays. Au contraire, il fait le choix d’approfondir les sa technique pour son enrichissement personnel. Et encore peu lui chaut de se produire dans une salle prestigieuse ou à Buis-les-Baronnies, un village de deux mille  âmes. Comme ce sera le cas ce samedi 15 février à l’invitation de l’association « Les Sérénades des Baronnies », où on pourra l’entendre à côté du pianiste Yukiko Tanaka : « Pendant seize ans j’ai donné de nombreux concerts avec un trio. Je me suis rendu compte que ce n’était pas ma vie d’aller de concert en concert, toujours une valise à la main. Je me suis lassé de cette notoriété à deux balles. Et je n’avais pas le temps à consacrer à la préparation. J’ai besoin de temps.»
Il glisse qu’à l’époque du trio sa maison de disque attendait deux à trois enregistrements par an. Trop pour Sébastien Singer : « Maintenant c’est différent. J’ai un label qui est disposé à enregistrer quand je serais prêt. Pour l’instant, j’ai cinq ou six morceaux dans la boîte. »
Le temps pour graver quand l’esprit est disponible et les pensées rangées, le temps aussi consacré à marcher dans la montagne ou à faire autre chose.
Alors Sébastien Singer a remis les choses à plat préférant le bien ou très bien à la quantité. « Quand je décide de jouer tel ou tel pièce c’est que je considère que je suis le meilleur à ce moment-là pour l’interpréter. »

Ce n’est pas de la suffisance ou de l’orgueil mal placé, dans la bouche de Sébastien Singer, c’est être assuré qu’il domine ce morceau et qu’il peut le restituer au mieux : « C’est pour cela que je ne joue pas Bach. Je me sens aspiré par autre chose. Il y a un côté sacré chez Bach, c’est comme le Saint Graal : je me dis qu’il y a en tellement qui le joue mieux que moi. Ça viendra peut-être plus tard. Pour l’instant je le joue pour moi. »

Pourquoi jouer dans de petits lieux quand on est demandé dans des endroits plus huppés ? « Je ne fais pas de différence entre les salles : petites ou grandes. Je me dois autant à un public comme Tokyo ou à Buis. A Buis, c’est même mieux, je pourrais venir un jour plus tôt, sans doute aller au mont Ventoux, et surtout retrouver Walter Grimmer qui a été mon professeur. »

Comme Walter Grimmer a été élève de Maurice Gendron, Sébastien Singer devient le maillon de cette lignée d’instrumentistes à la philosophie singulière pour approcher son instrument : « C’est la recherche d’un son qui provient d’une technique d’archet. C’est une façon de jouer sans jamais forcer et que permet d’exploiter toutes les capacités de l’instrument. Cette technique nous rend plus calme et plus détendu. De me situer dans ce fil rouge est une chance unique. Je ne fais pas autre chose que de transmettre ce en quoi je crois ; comme cette technique que j’ai fait mienne. Il faut que ce geste semble naturel alors que c’est beaucoup de travail pour donner l’impression que c’est facile à exécuter. »
Si beaucoup d’instrumentistes de renom aspirent à enseigner dans les classes supérieures, Sébastien Singer va sur cette voie de la transmission à contre-courant : « Je pense que le premier professeur est le plus important, plus que celui qu’on aura à vingt ans. J’enseigne à des petits, à des vieux, des doués ou des pas doués. »

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Anita Schlaefli

Concert des Sérénades en Baronnies :

  • Le samedi  15 février  à 18h30, concert  à la salle des fêtes La Palun à Buis-les-Baronnies par l’association “Les Sérénades en Baronnies” avec : Sébastien Singer au violoncelle et Yukiko Tanaka au piano. Au programme la sonate op.38 de Johannes Brahms ; la sonate en ré mineur pour violoncelle et piano (CD 144) de Claude Debussy (1862-1918) et la sonate op. 119 en do majeur pour violoncelle et piano de  Serge Prokofiev (1891-1953).

Renseignement aux Sérénades en Baronnies

Autres concerts de Sébastien Singer

  • Le samedi, 22 février à Köniz en concert privé ;
  • Le 23 février à Oberbalm ;
  • Le 14 mars à Lenzburg concert privé en duo violoncelle & guitare ;
  • Le 22 mars à Oberbalm ; 
  • Les 9 et 10 mai week-end musical à la maison Au Vallon
  • Le 17 mai en concert à Couvet ;
  • Le 5 juin à Vaumarcus ;
  • Le 6 juin à Zürich duo violoncelle et guitare. 

Renseignement à Sébastien Singer