Accompagnée par la pianiste Lucie Favier, la soprano Servane Brochard sera en récital le samedi 29 février, à Maussane-les-Alpilles. Le duo s’est constitué à la Haute école de Genève où elles sont étudiantes. La rencontre s’est faite avec Mozart comme point commun.

Est-ce qu’une école de musique favorise une rencontre artistique ? Cela semblerait. En témoigne le récital du samedi 29 février à Maussane-les-Alpilles dans les Bouches-du-Rhône. Il réunit la pianiste Lucie Favier et la soprano Servane Brochard. Elles se croisent à la Haute école de musique de Genève, maintenant elles se produisent ensemble. Au cours d’une banale conversation, les deux jeunes femmes découvrent un intérêt pour Mozart. L’accompagnatrice cherche une chanteuse et la chanteuse cherchait  une pianiste, le raconte Servane Brochard : « Ça ne suffit pas pour tisser une relation, mais être dans la même école c’est un bon début. Après l’enjeu, c’est surtout la musique. »

la soprano Servane Brochard

la soprano Servane Brochard

A ce niveau là d’enseignement, les étudiants envisagent de faire  carrière. Est-ce un pari sur l’avenir ? «Dans les écoles ou les conservatoires, on nous prépare les outils», répond la jeune artiste, « Ça nous permet aussi de savoir comment est ce métier. Après la vie fait aussi son travail. Je ne calcule pas si je ferais carrière. J’agis aussi en fonction de ce que je sens. Il faut faire attention à son type de voix, car parfois on nous propose des répertoires pour les quels on n’est pas prêt. »
Si certains artistes lyriques ont réalisé de brillantes carrières avec quelques rôles, Servane Brochard espèrent un large répertoire : « Tout dépend aussi des tempéraments et des opportunités et en fonction des voix ce qui vous est proposé. Ce qui me semble intéressant, c’est d’aller à la rencontre de plusieurs compositeurs, en tenant compte du corps qui évolue en permanence. Il faut savoir aussi ce qu’on peut chanter à 20, 30 ou quarante ans. Et aussi ce qu’on ne pourra plus chanter avec l’âge venant. »
Servane Brochard imagine une vie lyrique à comparer à celle d’un auto-entrepreneur : « On doit faire beaucoup de choses, en plus de la musique et d’acquérir de l’expérience. On doit aussi s’occuper de son image et de sa communication, être présent sur les réseaux sociaux. A l’école, on est plus serein. On n’a pas besoin de se comparer les uns aux autres. »
La soprano glisse que malgré tout, il faut penser à son image, elle cite l’exemple d’une collègue mezzo au cours d’une Masterclass au Luxembourg : « Comme elle chantait des airs de travesti, elle avait adopté une tenue plus masculine pour le concert final. » Pour elle, le temps de représentation ne se limite plus au temps de présence sur scène : « C’est vrai qu’il y a l’avant, le pendant et l’après. On est jugé à chaque étape. Après c’est une question d’échelle, ça dépend du lieu et du moment, dans des endroits c’est plus familier. Je fais le choix de rester Servane. »
Comment rester Servane ? « Je le suis tout le temps dans ma vie privée. Sur scène, je prête mon corps à un rôle, je deviens interprète. C’est le corps de mon travail et je me sers de mon instrument vocal. »
Quand on lui demande si une attitude ou une mise en situation qui lui poserait problème la gênerait pour chanter, elle souligne que ça ne lui est pas arrivé : « Je serai dans un cas de conscience. Je crois qu’on peut parler et s’expliquer. Le rôle et la mise en scène sont au service de la voix. Si le chanteur n’est pas à l’aise, ça s’entendra vocalement. Il faut avoir le courage d’en parler pour servir au mieux le dessein artistique.»

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Servane Brochard ?

  • Le samedi 29 février à 20h30 en récital avec la pianiste Lucie Favier à la salle Agora à Maussane-les-Alpilles (13) ;
  • Le  4 mars Concert sous la Direction de Celso Antunes. Choeur de Chambre de la Haute Ecole de Musique de Genève au Victoria Hall de Genève ;   
  • Le 25 mars Concert des chantres de la Basilique Notre-Dame de Genève. Au programme des chants sacrés à une, deux, trois voix et en choeur ;
  • Le 24 avril dans Enlèvement au Sérail, opéra de Mozart au Château de la Chesnaie ;
  • Le 29 avril en concert des Madrigalistes à la Salle Villalobos à Genève ;
  • Le 16 mai en récital « Un Bouquet Viennois » au Conservatoire de Paris Xe ;
  • Le 23 mai le Printemps des Estivales à La Martinerie, Grandchamp (Yonne) ;
  • Le 26  dans le Requiem de Mozart sous la direction de Benjamin Vinit à l’église Saint-Ambroise, Paris.

Renseignement à Servane Brochard