La violoniste Solenne Padaïssi et l’écrivain Alexis Ragougneau se connaissent depuis 2006, quand le dernier a félicité la concertiste qu’il venait d’entendre. Douze ans plus tard, l’auteur la sollicitait pour écrire un roman sur la musique et le pouvoir. Opus 77, sorti chez Viviane Hamy   traduit cet échange et cette collaboration. Elle est invitée ce samedi 7 mars dans l’émission Générations France Musique.

Même si ce sont deux mondes qui se coudoient, il est rare que le musicien ou l’écrivain travaillent de conserve sur un projet. Quand Alexis Ragougneau a voulu écrire Opus 77, sorti depuis dans les bacs aux éditions Viviane Hamy, il s’est beaucoup renseigné auprès de musiciens. Dont la violoniste Solenne Padaïssi, installée maintenant à Bruxelles où elle occupe le poste de violon solo à l’Orchestre national de Belgique. Cela fait dix ans, dit-elle, qu’elle n’a pas participé à des concours internationaux, mais cette frange de vie est dans ses doigts. Cette question du concours est au cœur du roman d’Alexis Ragougneau. La musicienne explique que ce moment de vie de l’artiste a longuement été discuté entre elle et lui : « Nous nous sommes connus en 2006. Alexis Ragougneau avait assisté à un concert et il m’avait écrit. Douze après, il m’a sollicitée et nous avons beaucoup discuté. Dans le livre j’ai retrouvé nos échanges, c’est cohérent et c’est sublime. »

La violoniste Solenne Padaïssi a collaboré avec l'écrivain Alexis Ragougneau pour son livre Opus 77.

La violoniste Solenne Padaïssi a collaboré avec l’écrivain Alexis Ragougneau pour son livre Opus 77.

Solenne Padaïssi revient sur cette période de concours qu’elle a jugé important pour lancer sa carrière : « Certains n’ont pas besoin de passer des concours pour commencer à se produire sur scène, mais comme je ne viens pas d’une famille de musiciens. Je n’avais pas les codes de ce métier ou pour me faire connaître. Bien sûr, ce n’est pas agréable quand on est éliminée dans les premiers tours, mais on apprend beaucoup de nos échecs. Ça permet aussi de faire de la scène, d’accepter cette mise à nue. Chaque concours répond à un but. Mais je ne me sens pas dans un esprit de compétition, même si gagner c’est mieux. Le concours, ça permet aussi d’écouter les copains  et c’est toujours une bonne expérience.»

Ce qui est sûr c’est que si la chute du roman est plausible, Solenne Padaïssi n’a jamais assisté à ce coup de Trafalgar : « C’est toute la richesse et l’inventivité d’une fiction. Il est possible que ça se passe dans la tête du musicien, mais pas dans la réalité. C’est peu probable. Ceux qui se présentent de ce niveau-là sont des bêtes de concours. »

En général, les musiciens inscrits à ces épreuves dépassent rarement 25 ou 26 ans : « C’est juste avant de commencer sa carrière. C’est vrai que la façon de jouer à cet âge et en concours évolue avec les années. C’est pour cela que je n’écoute pas mes enregistrements. Il faut se dire aussi qu’un CD correspond à un moment dans le temps de la vie d’un musicien. »

Pourtant, elle vient de sortir un disque des Sonates et des Partitas de Bach : « C’est sûr que je les jouerais différemment dans trente ans. Ce disque, c’est ma lecture de 2018. »

Elle est consciente que Bach est souvent gravé, que d’aucuns lui posent une auréole sacrée, au point que certains musiciens, tels le pianiste Abdel Rahman El Bacha ou le violoncelliste  Sébastien Singer, confient ne pas le jouer en public : «Je pense le contraire de Bach, qu’il n’a pas une vérité. Quand on s’intéresse à sa vie, on voit qu’il s’est marié souvent qu’il a eu beaucoup d’enfants. Ce n’est pas une vie monacale, Bach n’est pas un monolithe. J’ai voulu lui donner plus de désinvolture. »     

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Jean-Baptiste Millot.

Où entendre Solenne Padaïssi ?

  • Le samedi 7 mars dans l’émission Générations France musique ;
  • Du 15 au 17 mai à Mai festival à Rellingen ;
  • Le 19 juin en Concert de poche à Mirecourt ;
  • Du 29 juin au 4 juillet à l’Académie musicale de Fontainebleau ;
  • Le 30 juillet au Château de Caujacq ;
  • Le 11 août à Copenhague ;
  • Le 30 août aux Musicales d’Orcival.

Renseignement à Solenne Padaïssi