Le chef brésilien Miguel Campos Neto aimerait venir diriger plus souvent en Europe et plus encore en France, pouvoir répondre à d’autres invitations, tout en se réjouissant de celle d’Opéra du Grand-Avignon en mars dernier pour diriger le diptyque opératique Cavalleria Rusticana et Pagliacci.

Le jeune maestro Miguel Campos Neto ne boude pas son plaisir d’avoir traversé l’Atlantique et l’équateur pour diriger le diptyque Cavalleria Rusticana de Mascagni et Pagliacci de Leoncavallo à l’Opéra du Grand-Avignon en mars 2020. Il glisse qu’il aimerait plus souvent faire des aller-retour  entre Belém, la capitale de l’État du Pará au Brésil et l’Europe et plus encore en France où il parle la langue. L’anglais aussi pour avoir séjourné aux Etats-Unis pour ses études. Il est partie aux Etats-Unis grâce à une bourse pour peaufiner son piano, il en est revenu diplômé comme violoniste et chef d’orchestre.

Il explique que la direction d’orchestre s’est imposée à lui. Comme souvent pour atteindre son but, il faut quelques dispositions et travailler. Il faut aussi la chance, celle d’être là au bon moment. Maintenant, il dirige la phalange de Belém. Par hasard, sans doute. Mais ne dit-on pas que quand on veut les choses elles arrivent !

Le chef brésilien a dirigé Cavalleria Rusticana et Pagliacci en mars 2020 à Avignon

Le chef brésilien Miguel Campos Neto a dirigé Cavalleria Rusticana et Pagliacci en mars 2020 à Avignon

Tout petit, dans son Brésil natal, Miguel Campos Neto a cherché une passion ou un don qui pouvait se révéler : « J’ai essayé le judo, le football. Je pensais qu’il y avait une activité où je pouvais avoir du talent. C’est comme ça qu’à huit ans, j’ai essayé la musique. Jusqu’à douze ans, je l’ai pratiquée comme ça, j’aimais bien. Dans ma ville de Belém, dans ces années 1980, il n’y avait pas d’orchestre symphonique. »

Il raconte que le coup de foudre lui est tombé sur la tête en assistant à une répétition de la Ve symphonie de Beethoven et qu’alors il a été subjugué par les violons de l’orchestre, là il a voulu que sa carrière soit celle de s’asseoir dans la fosse. Au point de délaisser quelque temps le piano, vers l’âge de 18 ans, pour apprendre le violon.

Il raconte que de retour à Belém, sans travail, il a pu intégrer l’Orchestre symphonique du Teatro Da Paz pour vivre sa vie de musicien. Là aussi le hasard donnera un coup de pouce à Miguel Campos Neto comme il l’explique : « Nous avions un chef invité et qui a dû s’absenter. Il fallait un assistant pour assurer les répétitions, mes camarades ont dit que j’avais le diplôme. J’ai fait des essais et on m’a retenu. »
Cette prise baguette au débotté lui vaudra un poste de chef assistant à Manaus. Pendant trois ans, il affinera sa battue dans cette grande ville au bord du Rio Negro, pas loin de sa jonction avec l’Amazone. Une expérience qui lui permettra de prendre en main la phalange de Belém  en 2010, à tout juste trente ans. Avec comme fierté non dissimulé d’avoir été sacré meilleur orchestre pour le lyrique dans son pays en 2017 et 2018. Quand on lui demande ce qu’il s’est passé en 2019 ? Miguel Campos Neto répond : « Cette récompense n’est pas le fruit d’une science exacte. Etre le meilleur est subjectif. L’important est d’être toujours dans le haut du classement. Ce à quoi  nous devons travailler c’est à des meilleures conditions de salaire des musiciens. Mais je ne suis pas seul à décider. »

La musique, que ce soit le financement des écoles ou des orchestres, est du ressort des Etats.

Bruno ALBERRO

Renseignement à Miguel Campos Neto