Sorti en ligne en avril, le volume 3 que Benjamin Alard consacre à Bach sera disponible à la fin du mois de mai, le claveciniste et organiste poursuit ainsi son intégrale pour les deux instruments composée par le maître de Leipzig.

Les contraintes du moment ne sont pas un frein à l’envie de poursuivre sa quête. Benjamin Alard est de cette veine, il attend le 29 mai date de sortie de son opus, composé de trois CD, consacré aux pièces pour orgue et clavecin de Jean-Sébastien Bach. Certes le volume 3 est audible en ligne depuis le 10 avril, mais une sortie physique c’est autre chose. C’est surtout une étape dans le cheminement de l’intégrale où il se dévoue à cet objectif et il consacrera une dizaine années.

Organiste et claveciniste, Benjamin Alard se consacre à l’intégrale de Bach pour ses deux instruments.

Organiste et claveciniste, Benjamin Alard se consacre à l’intégrale de Bach pour ses deux instruments

D’aucuns pourraient penser que l’orgue est devenu désuet, ce n’est pas le sentiment de Benjamin Alard : « Pas pour moi en tout cas, et l’orgue est en train de revenir ; on voit que les nouvelles salles de concert installent un orgue. On compte aussi beaucoup de nouvelles compositions. Cela signifie que ce n’est plus lié au sacré. Aujourd’hui on fabrique des orgues transportables. On se souvient aussi que dans les années 1970, de la venue de l’orgue Hammond avec Rhoda Scott. C’était des membranes, différentes de tuyaux. »
Enfant, ses doigts se sont posés d’abord sur un piano, jusqu’au jour où il a découvert l’instrument en allant à l’église avec sa grand-mère : « Nous étions au concert inaugural, il y avait beaucoup de monde. J’ai été fasciné par le son puisqu’on ne voit pas l’organiste jouer. Mais on voit le meuble qui est impressionnant. »
A l’attendre parler de Bach, on sent que Benjamin Alard n’en finira jamais avec ce compositeur allemand, un des pères de la musique baroque : « J’ai commencé l’intégrale pour orgue et clavecin il y a quatre ans. Je pratique les deux instruments depuis longtemps. Je ne vois pas en Bach le côté sacré mais un aspect universel. On a beaucoup mystifié Bach, mais c’est quelqu’un qui travaillait énormément et il avait une relation simple par rapport à son travail. L’aborder simplement est suffisant. Il n’a pas écrit d’opéra mais il a composé pour voix et instruments. »
Le 4e volume est annoncé à l’automne, Benjamin Alard l’a réservé au Bach italien, influencé par Vivaldi entre autre.
Comme beaucoup d’interprètes qui abordent Bach, Benjamin Alard sait bien que son regard sur ses partitions va évoluer avec le temps et l’âge : « Plus jeune, on m’avait demandé de jouer les Variations Goldberg et je voulais refuser car je ne me sentais pas prêt. Mon professeur lui m’a dit que j’avais tort et il m’a conseillé d’accepter. Je les ai travaillées techniquement pour me les approprier, sans trop les comprendre. Ensuite devant un public, l’interprète s’efface devant l’œuvre. Mon professeur a bien fait de me donner ce conseil. Je sais que plus tard, je les approcherais encore différemment. »

Bruno ALBERRO

 

Photos crédit Bernard Martinez

Renseignements à Benjamin Alard