New Yorkaise d’origine, la soprano Amelia Feuer a choisi Paris et son Conservatoire national supérieur pour peaufiner son art. Elle dit que les habitants de sa cité, où se dresse la statue de la Liberté, a un faible pour la ville lumière. En attendant de faire la carrière internationale qu’elle ambitionne, elle a postulé pour être en troupe en Allemagne. La décision est en suspend.

La soprano américaine Amelia Feuer

La soprano américaine Amelia Feuer

Pour la New Yorkaise, Paris a gardé tous ses atours, c’est pour cela que la soprano américaine a postulé pour le Conservatoire national supérieur de musique : « Pour les New Yorkais, Paris est fascinant, c’est la ville de l’élégance et elle nous intrigue. » Elle est à même de comparer les formations entre les deux pays : « Aux Etats-Unis, on apprend en pratiquant, en France, c’est différent, on est plus dans la théorie. Il n’y a pas une méthode meilleure que l’autre, ça dépend des personnalités de chacun. Apprendre en étant sur la scène aide beaucoup à se dépasser. » Elle souligne que dans son pays, la formation est liée à un cursus universitaire de quatre ans : « Là aussi, c’est cher. Environ 30000 euros par an. »

La soprano américaine Amelia Feuer

La soprano américaine Amelia Feuer

Elle convient que l’opéra est un art élitiste dans son pays où les fauteuils sont très chers, Amelia Feuer glisse que plus jeune, elle voulait faire de la comédie musicale : « On en fait tout petit à l’école. Et il y a peu de maisons d’opéra, une seule à New York : le Metropolitan. Alors qu’à Broadway, il existe de nombreuses salles qui donnent huit représentations par semaine, pour le même spectacle. Il n’y a pas d’aides pour les artistes. En France, j’ai la chance d’être intermittente du spectacle, même si cette année on ne peut pas présumer de l’avenir. » Amelia Feuer raconte que son professeur de chant l’a guidé vers le chant lyrique : « Il m’a dit que je pouvais chanter autre chose que des comédies musicales. Adolescente, j’avais peu vu d’opéra. Une fois ou deux avec mes grands-parents. On écoutait de la musique classique à la maison, mais je ne savais pas si c’était du Puccini ou du Verdi. Donc chanter de l’opéra ce n’était pas clair dans la tête. Si l’opéra est élitiste, néanmoins on a de grande stars aux USA, comme Renée Fleming, Nadine Sierra ou Joyce DiDonato… » Son souhait est de suivre leurs traces pour atteindre une carrière internationale, et son projet est d’aller en troupe en Allemagne, elle devait d’ailleurs intégrer l’équipe opératique de Sarrebrück : « Pour l’instant, le situation est en attente. Mais ça me correspond mieux, car il y a plus de possibilités pour les chanteurs qui travaillent toute l’année. Et les maisons d’opéra ont des budgets conséquents. Le budget de Sarrebruck est le même que l’Opéra de Lyon. Ça ne dépend pas de la taille de la ville. » Américaine de naissance, vivant en France depuis onze ans, son réseau est français, alors qu’elle se trouve en concurrence avec des chanteuses étrangères : « J’ai une voix large, comme pour le répertoire de Wagner qui  me convient. Il est difficile d’avoir une place ici car les maisons d’opéra font appel à des chanteuses étrangères. Je me dis aussi que j’ai le temps. La plénitude de la voix viendra vers quarante ans et j’en ai 32. »

La soprano américaine Amelia Feuer

La soprano américaine Amelia Feuer

Une fois, ses objectifs de carrière et de notoriété atteints, Amelia Feuer voudrait trouver les moyens de développer l’art lyrique dans son pays ou ailleurs : « Pour obtenir l’émotion que procure une voix, on ne peut pas être éloigné des chanteurs. Dans les opéras, ces places proches de la scène sont chères. C’est pour ça qu’il faut inventer d’autres formes pour aller au plus près du public. L’année dernière je suis allée chanter dans des restaurants. A la fin du concert, une dame enceinte m’a dit qu’elle n’avait jamais entendu d’airs d’opéra avant en direct et que son bébé bougeait dans son ventre avec la musique. Même si le public ne comprend pas tout, il ressent la magie du chant lyrique. Je vais proposer d’aller dans des lieux de travail, des bureaux ou des ateliers pour interpréter deux ou trois airs a capella. Ce serait des Moments éphémères. J’avais fait ça quand j’étais à l’école à Genève. Même les gens peu habitués vivront cette proximité avec la chanteuse. C’est comme ça aussi que l’opéra deviendra accessible. »

Bruno ALBERRO
Où entendre Amelia Feuer ?

  • Le dimanche 19 juillet en concert avec l’Opéra de Vichy.

Les  vidéos d’Amelia Feuer  Renseignement à Amelia Feuer