Après un CD qui rendait hommage aux compositeurs comme Bach, Ysaÿe ou Reger, Maïté Louis a trouvé des couleurs espagnoles pour son opus consacré à Sarasate et à Kreisler qu’elle a appelé Dans les jardins d’Espagne avec comme sous-titre Miniatures pour violon et piano. Dans les bacs bientôt, ce disque volontairement populaire, violonistique, s’adresse à tous les publics, pas forcément mélomanes et plus particulièrement aux jeunes, les publics des salles de demain.
Maïté Louis est une optimiste inconditionnelle. La violoniste a mis à profit des deux mois d’arrêt sanitaire, comme concertiste ou comme professeur pour défendre son dernier disque Dans les jardins d’Espagne qu’elle enregistré pour le label Calliope Records : « J’ai été bien occupée à préparer la sortie du disque. Mon disque précédent n’était pas accessible à tous au premier abord. Là, avec des pièces de Sarasate et de Kreisler, je voulais un répertoire proche de tous les publics et pas simplement pour les mélomanes. Il fait suite à une série de concerts, donnés les années passées et qui avait plu. On s’est dit pourquoi ne pas enregistrer. » Maïté Louis rappelle que les compositeurs espagnols se sont beaucoup exprimés sur le terre de France, même si, selon elle, Sarasate a laissé moins de traces dans la mémoire collective que De Falla entre autres.

La viloniste Maïté Louis a enregistré un CD consacré à Kreiler et Sarasate, sorti pour le label Calliope.
La violoniste qui enseigne à l’école de Genève (NDLR : qui se situe entre le conservatoire et la la Haute école de musique) trouve pertinent encore de graver un CD : « Même si dans les nouvelles voitures, les lecteurs CD sont de moins en mois disponibles. Aujourd’hui, on écoute de la musique depuis une clef USB, mais le CD reste un objet physique, il y aura peut-être autre chose dans quelques années. On ne sait pas, il a remplacé la cassette et le vinyle, même si le vinyle revient en force. Toute la musique ne sera pas dématérialisée. Les gens sont attachés à l’objet, certains investissent encore dans des chaînes Hifi, car le son est de meilleure qualité. Et puis le CD n’est plus un objet plastique. Il répond à nos valeurs, il est le reflet d’une éthique : notre pochette est en carton. Ces détails ont une importance.»
Pourquoi ne pas défendre avec autant d’engouement le répertoire contemporain ? « Justement le prochain CD sera consacré à une compositrice française entre des œuvres déjà composées et des commandes. Elle a été inspirée par le XIXe siècle. Sur le même CD il y aura une cohérence avec des commandes du XXIe siècle sur le même thème. Jusqu’en 1950 il y avait une volonté des compositeurs de faire plaisir au public. Après 1950, la musique s’est intellectualisée. La musique contemporaine était devenue une niche. Maintenant il y a une volonté de revenir vers le public, d’écrire sur l’émotion. C’est devenu très accessible mais le mot contemporain fait peur. Quand je propose des œuvres actuelles, je dois me justifier, dire que c’est super bien. C’est aux artistes de le proposer, rares seront les organisateurs qui le feront. Si on donne le choix, le spectateur ira plus écouter Mozart qu’un compositeur d’aujourd’hui. J’aimerais que les musiciens très connus défendent la musique contemporaine, ceux qui attirent le public sur leur nom, sans que celui ne regarde le programme.»

Maité Louis violoniste enseigne à Genève à des élèves pré-professionnels.
Elle glisse que selon les lieux et les circonstances, elle insère de nouvelles écritures : « Pas quand je suis invitée dans un festival spécifique, mais à Montpellier, par exemple, j’avais prévu deux nouvelles pièces, à et à Cluny Narbonne une. En retour, je constate que la musique aime bien. Surtout quand on prend le temps d’expliquer comment l’œuvre a été écrite, quelle était son époque. Il faut faire preuve de pédagogie. Je me souviens une fois, à un concert. Il y avait une maman et une enfant qui de toute évidence venaient pour la première fois. La petite posait des questions et la maman répondait à voix haute. Beaucoup de spectateurs réagissaient. Alors j’ai pris le parti d’expliquer que le morceau que j’allais jouer était très festif et qu’elle pouvait battre des mains, que le suivant serait triste qu’il fallait écouter. Enseuite la petite fille n’a plus bougé. Elle avait compris les codes. Dans la salle une dame a dit qu’on n’était pas là pour faire de la pédagogie. Eh bien, je crois que si. Je rappelle qu’au XIXe les concerts étaient populaires, voire bruyants. J’ai le bonheur de détenir une lettre de Camille Saint-Saëns adressée à Sarasate où il donne des explications comment jouer la pièce qui lui dédicace. Quand on a cette information, forcément le jeu des l’interprète est influencé. »
Une chaîne YouTube à l’attention des jeunes publics
Cette idée d’initier les jeunes publics, Maïté Louis le réalise avec sa chaîne YouTube où elle recense 25000 vues : « Ça n’existait pas. Ça consiste à mettre en ligne des vidéos qui concernent un public spécifique qui sont en conservatoire, soit de 12 à 25 ans, notre futur public. Souvent, ils ne mettent pas les pieds aux concerts. Il y a plusieurs raisons à cela. Je m’adresse à eux par un outil qu’ils connaissent. J’explique que la musique ne s’adresse pas à une élite, mais à tout le monde quelles que soient les différences de culture, sociale, d’argent. Tout le monde est en capacité de recevoir l’émotion. L’idée est de faire venir un public potentiel par le biais de son langage, que ça ne l’effraie pas. Alors je fais de la pédagogie en expliquant les salles, les coulisses. Prochainement, je vais enregistrer une compositrice, elle expliquera son travail. »
Photos crédit Simon Huert et Cho Visual
Où écouter Maïté Louis ? (Sous réserve)
- Le 1er août au Festival « Les Grandes heures de Cluny » ;
- Du 2 au 10 août à l’Académie Musicalta à Rouffach, Alsace
- Le 13 septembre dans un programme Violon seul « Inspirations » au Musée de la vie wallonne (Liège, Belgique)
- Le 10 octobre en duo avec Gabriel Bianco au festival Rencontres Musicales en Artois.
Renseignement à Maïté Louis
Chaîne Youtube : www.youtube.com/c/MaïtéLOUIS
Le coin CD

La violoniste et le pianiste Maïté Louis et Nicolas Martin Vizcaino ont enregistré au musée de Grenoble.
La violoniste Maïté Louis et le pianiste Nicolas Martin Vizcaino ont gravé « Dans les jardins d’Espagne », produit par le label Calliope Records. Il abrite des pièces courtes de Pablo de Sarasate et des arrangements de Fritz Kriesler. Cet enregistrement rappelle l’influence des compositeurs ibériques dans l’écriture de la musique française et plus encore pour les violons.
Le disque a été enregistré à l’auditorium du Musée de Grenoble.
Renseignement à Calliope Records