Certains se cantonnent à une tâche et ne s’en départissent pas. Ils construisent l’édifice de leur vie ; D’aucuns se dédoublent comme Michel Wolkowitski, chanteur, directeur de l’Abbaye de Sylvanès, maire de cette commune, directeur du festival éponyme qui espère bien accueillir artistes et public cet été. Sans compter qu’il se partage entre deux cultures celle de Toulouse et la Russie chère à la terre de ses ancêtres.

Les mots roulent comme les rochers dévalent les causses de l’Aveyron où il habite et son nom évoque les grandes espaces russes. Avec son accent inimitable du sud-ouest, Michel Wolkowitski réunit ses deux origines. Il eut même été étonnant que le personnage se contente d’une source unique comme il peut se probable qu’il se concentre sur une seule activité. La phrase rituel du griot malien Amadou Hampâté Les Personnes de la personne sont multiples dans la personne, colle à la peau de Michel Wolkowitski, à la fois maire de la commune de Sylvanès et sa centaine d’habitants, directeur de l’abbaye cistercienne, classée monument historique, mais aussi artiste à ses heures, comme chanteur ou comme enseignant le chant par des stages.

Sans oublier la direction du festival de l’Abbaye. Si de nombreuses manifestations ont été annulées, Michel Wolkowitski et son équipe ont choisi de le maintenir. Certes, il est en attente des décisions supérieures, certes l’affiche a été modifiée pour anticiper sur les critères possibles, certes le nombre de concerts a été réduit de 35 à douze, certes le programme a été revu, comme l’explique le responsable aveyronnais : « Nous attendons des directives gouvernementales. Nous avons été obligés de sacrifier les soirées pour chœur et orchestre. Ça ne nous semblait pas réalisable. J’ai privilégié les petites formes et maintenus tous les solistes. On va proposer des concerts ensemble. »

Michel Wolkowitski répète à l’envi qu’il faut jouer, même dans une forme réduite : « Nous commencerons le 26 juillet jusqu’à la fin du mois d’août. Le festival fête sa 43e édition, cette année. Il propose toujours de la musique sacrée et de la musique qui va de l’époque  médiévale à la musique contemporaine. Notre souhait est de ne pas nous couper avec notre public et de continuer à faire vivre le site. Le village a besoin aussi des ces rencontres qui participent à l’économie. »

Comme maire pour le troisième mandat et directeur, Michel Wolkowitski connaît bien les deux facettes politique et artistique et leur complémentarité : « L’abbaye est communale et j’en assure la direction. J’ai les deux responsabilités comme propriétaire pour son entretien et comme gestionnaire, celle de faire vivre le lieu. »

Il ajoute aussi qu’après une carrière de chanteur, il s’est dirigé vers l’enseignement du chant : « J’encadre toujours des stages et des masterclass. » Il n’oublie pas non plus la terre ancestrale où dit-il il se rend régulièrement. A-t-il en lui cette âme slave ? « Je pense avoir gardé ces sentiments mélancolique et nostalgique. »

Bruno ALBERRO