On s’échappe pas à ses racines et aux éléments qui les façonnent, plus encore quand on est issue d’Arménie où le mot famille, accueil, convivialité ont gardé leur sens premier. La native de Valence, Anaïs Mahikian, milite pour cette double culture, elle en extrait sa richesse d’âme.

Rien d’étonnant qu’Anaïs Mahikian soit née à Valence dans la Drôme, en France, c’est en effet la seconde ville arménienne après Marseille. Rien d’étonnant non plus qu’elle soit artiste, la musique en particulier et les arts en général sont dans les gênes des Arméniens. Et ce n’est pas parce qu’ils sont déracinés qu’ils se sentent coupés de leur identité et de ce qui les façonnent. Anaïs Mahikian glisse qu’il y a trois ans, elle a fait le voyage vers la terre de ses aïeux : « C’était fascinant. Le pays est très montagneux. Ce n’est pas rare d’entendre des gens dans la rue faire de la musique. J’ai adoré. »

La soprano Anaïs Mahikian est native de Valence

La soprano Anaïs Mahikian se dit nourrie de sa double culture française et arménienne.

Il est vrai qu’Anaïs Mahikian parle la langue, il est vrai aussi qu’elle a baigné dans cet univers par son grand-père qui présidait le culte et tenait l’école arménienne. De là à devenir chanteuse lyrique, il y a un pas que la communauté l’a aidée à franchir : « Nous avons reçu le chef Edouard Topdjian. Il était en tournée dans la région avec sa compagnie Serenata et ses musiciens et deux chanteurs. Tournée organisée par mon grand-père. Il y avait trente concerts que j’ai écoutés et j’ai été complètement fascinée. J’ai dit à mes parents que je voulais être chanteuse. Mon grand-père me poussait à chanter, dès que j’étais enfant, il disait que j’avais une jolie voix. »

A quatorze ans, Anaïs Mahikian entre au conservatoire de Romans-sur-Isère. Puis à la fac de Montpellier pour continuer ses études musicales. On sent dans sa voix que ses deux licences de lettres ou de langues, obtenues en parallèle, sont presque accessoires. Tout juste pour assurer des arrières : « Je suis allée à Bordeaux où je suis devenue professeur de chant, avant d’intégrer l’Opéra studio du Rhin à Strasbourg : Nous étions 500 candidats pour huit places comme chanteurs et deux comme pianistes. Au cours de ces deux années de formation, j’ai beaucoup appris en travaillant avec de super chefs et metteurs en scène. » Elle s’est tellement plu en Alsace qu’elle y vit toujours, dit-elle : « C’est à 1h45 de Paris. »

La soprano Anaïs Mahikian est native de Valence

La soprano Anaïs Mahikian est native de Valence

De par son cursus, on pourrait penser que l’Arménie s’est éloignée de la soprano, mais ses racines ont poussé dans le ciel et l’ont rattrapée : « Une compagnie de danse cherchait une chanteuse qui possédait une capacité physique pour danser. Comme je fais beaucoup de sport et qu’enfant j’ai beaucoup dansé aussi, j’ai été retenue. Le directeur m’a suggéré d’interpréter des airs d’opéra mélancoliques et nostalgiques. Si vraiment les Arméniens ont un trait de caractère qui les réunit c’est bien la nostalgie et la mélancolie. Dans le spectacle, on a été intégré des chansons, puis des danses arméniennes. »

La tournée des spectacles a été arrêtée suite à la crise sanitaire. Ce n’est pas pour autant qu’Anaïs Mahikian a attendu que le temps passe sans rien faire, son diplôme d’enseignante l’a rattrapée ou bien elle l’a mis à profit : « Je ne voyais pas attendre le mois de septembre que la vie reprenne et j’avais de me rendre utile auprès des enfants. Du coup, j’ai lancé l’idée de donner des cours de chant par visio. J’ai bien dit que je les assurerais jusqu’en septembre, juste pour cette période. Après je ne sais pas. »

Comme elle n’envisage pas de donner des cours maintenant : « J’ai fait un remplacement au conservatoire Saint-Louis. C’était bien mais ce n’est pas pour maintenant. Plus tard sans doute. On verra. Tous les chanteurs ont envie de transmettre. »   

 

 

Où entendre Anaïs Mahikian ?

  • Du 23 septembre au 18 octobre dans le projet Sonic Blossom, autour des lieder de Schubert, en collaboration avec l’artiste Lee Mingwei au Centre Pompidou de METZ 
  • En novembre 2020 en récital dans un programme Liebesliederwalzer de Brahms, Franche-Comté
  • En janvier 2021: en récital Soprano solo, Les Fanfares liturgiques, d’Henri Tomasi, avec l’ensemble de cuivres de l’Orchestre Symphonique de Mulhouse à Mulhouse.

Renseignement à Anaïs Mahikian