Que faire quand on est soprano lyrique léger ? Une tessiture qui compte beaucoup de chanteuses sur le marché opératique. Judith Charron s’est expatriée à Londres depuis quinze ans. A la mode anglo-saxonne elle franchit les ponts des genres pour mêler l’opéra aux mélodies ou à la musique folk. Avec le même engouement et le même intérêt quand l’émotion et le texte priment.

Judith Charron vit à Londres depuis 15 ans. La capitale anglaise convient à l’esprit éclectique de la chanteuse lyrique. D’autant qu’en France la concurrence est vive entre sopranos lyriques légers. Si en France, on aime bien classer les gens dans des catégories, la soprano lyrique léger trouve son mode d’expression en mêlant les genres. Elle s’apprête à se produire en Bretagne où elle va enchaîner quelques concerts ; on pourra l’entendre au piano à côté de Mathilde Limal  (Guitare, voix) pour trois dates. Elles ont appelé leur programme « Rêveries Musicales », construit au cœur de leur musique d’inspiration pour interpréter des airs d’opéra, des chansons folkloriques, des chansons françaises ou des airs de gospel. Difficile de faire plus éclectique pour rassembler les publics qui est le but recherché par les deux cantatrices.

La soprano Judith Charron

La soprano Judith Charron donnera trois concerts en Bretagne au début du mois d’août où elle partagera la scène avec Mathilde Limal.

En France, on pourrait s’étonner que dans un même récital on entende Le Nozze de Figaro de Mozart, Edith Piaf ou Joan Baez. D’autant que Judith Charron est née dans une famille de musiciens, avec comme parrain le metteur en scène Jean-Claude Auvray. Judith Charron est passée par le filtre des auditions dans diverses maisons d’opéra ou festivals lyriques. Tout compte fait, elle ne se voyait pas faire une carrière à incarner quelques rôles, surtout quand elle a découvert de belles choses à chanter, issues du répertoire du jazz ou de la folk-music. Judith Charron juge au contraire que c’est une chance pour l’artiste et le public de varier les genres : « Je pense qu’il faut sortir des sentiers battus et garder cette fraîcheur qui est en nous. Ce qui est important aussi c’est le texte. Dans les chansons folk on entend vraiment de beaux textes. L’opéra aussi raconte des histoires universelles d’amour, de sentiments et de mort. Il faut ensuite leur donner une âme pour toucher les émotions. Alors on peut chanter dans une même soirée des grands airs d’opéra ou des chansons folks. Nous sommes en répétition à Vannes. Avec Mathilde, nous avons le même parcours et nous avons envie de sortir des sentiers battus. Aller sur scène, ça nourrit le physique après tous ces concerts annulés. On a besoin de garder notre voix et de retrouver notre endurance. Nous nous sommes rendu compte que notre instrument n’est pas protégé, mais aussi que le situation est critique. Un ami baryton français qui travaille beaucoup en Allemagne est redevenu plombier pour faire vivre sa famille.»

Judith Charron mesure les conséquences différentes de la crise sanitaire de part et d’autre de la Manche : « En Angleterre, nous ne recevons aucune aide, il n’y a aucune indemnité de prévu. Beaucoup de musiciens sont obligés de faire autre chose. Pour les salles c’est aussi problématique. Il se dit que Covent Garden tient jusqu’en octobre avant de mettre la clef sous la porte, Albert Hall jusqu’en mars. Dans ces pays-là, comme artiste, on apprend. On savait que notre métier était fragilisé, mais pas à ce point. On se bat tous les jours pour garder le nez au-dessus de l’eau, maintenant on montre la précarité et qu’il y a quelque chose à créer. Il faut que les artistes retrouvent le sens du risque et qu’ils portent un projet autrement. Avec Mathilde, c’est que nous avons fait: on a cherché des dates chacune de notre côté. Il faut concevoir une nouvelle forme de communication en montrant nos possibilités à faire autre chose et des choses plus audacieuses. »

Entre les cours de piano et de français, Judith Charron espère patienter ainsi avant la reprise pleine et entière de son métier d’artiste : « En Angleterre, le public aime beaucoup entendre des chansons en français et même si je vis depuis 15 ans là-bas, je n’ai pas perdu mon accent. »

Un accent nourri sur les contreforts des Cévennes, d’avoir grandi à Montpellier. Ce qui lui a permis de venir de temps à autre aux Chorégies d’Orange, passer une audition ou regarder des productions.

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Judith Charron ?

Avec Mathilde Limal, guitare et voix :

  • Le dimanche 2 août à 19h à l’Église de Larmor-Baden ;
  • Le lundi 3 août à 21h à l’Église de la Turballe ;
  • Le vendredi 7 août 21h à l’Église de Piriac-sur- Mer

Le coin CD

En 2016 Judith Charron et Benjamin Kahn, pianiste, ont sorti « IN HEAVEN’S RIVER » qui rassemblent des compositions de mélodies inspirées par des poèmes japonais écrit par Enku, un moine zen sculpteur et ermite qui écrivait des haïkus, porteurs d’humanité.

Renseignement à Judith Charron