La situation sanitaire a contraint et forcé Quentin Hindley à arrêter sa tournée dans l’Hexagone où il devait diriger l’Orchestre de Bretagne. Le samedi 5 septembre prochain, au Jardin singulier de Saint-Léger-du-Ventoux, il tiendra la baguette devant l’Orchestre régional Avignon-Provence pour défendre la création opératique de Fabien Barcelo : « Evariste Galois ou la Nuit tragique ». Le jeune chef est un ardent défenseur de l’écriture contemporaine.
Au repos forcé ou presque, comme beaucoup de musiciens et d’artistes en ce triste printemps, Quentin Hindley redécouvre la vie de famille à plein temps : « C’est un peu la déception, on a dû annuler des concerts en série où je devais diriger l’Orchestre de Bretagne. Je prends le temps de la réflexion. Mais je constate aussi que d’être en famille avec les enfants, je me sens moins disponible. »

Après six ans comme pigiste d’un orchestre, dans le pupitre des altistes, Quentin Hindley a souhaité se tourner vers la direction musicale
: « C’est vrai que le travail de chef se passe en amont et c’est un travail solitaire. Le chef ne joue de rien mais il donne les couleurs au groupe. Néanmoins, le chef fait de la musique. Amusez-vous à regarder une vidéo et vous supprimez le son. Par la battue, en observant les respirations, le jeu est de deviner quel morceau est dirigé ? Pour moi, c’est un musicien à part entière. Il faut aussi se rappeler que tous les chefs ont joué avant d’un instrument et qu’ils ont passé des heures à travailler. »
Quentin Hindley se réjouit d’avoir vécu au sein d’une phalange toutes ces années : « Le musicien d’orchestre possède cette écoute collective. Il s’imbrique aux autres musiciens, c’est fondamental. Un orchestre, c’est une microsociété. Comme chef, on comprend les objectifs et les besoins, on connaît les problématiques. Le chef doit percevoir les problèmes et se doit de les gérer.»
Pour lui, l’époque des chefs autoritaires est révolue : « Il n’y a plus de tyran. On ne pourrait plus faire comme Toscanini faire répéter une phrase musicale indéfiniment. C’est vrai aussi qu’actuellement, il n’y a peu de chefs qui sont aussi directeurs avec les pleins pouvoirs. Et puis, les musiciens en France ont un statut. C’est déjà arrivé que les musiciens se lèvent et quittent une répétition car ils ne sont pas d’accord avec la méthode du chef. Aujourd’hui, on a un échange entre le chef et les musiciens, une collaboration. Cela n’empêche que le chef puisse avoir une personnalité forte. Il peut s’imposer en état diplomate, Il doit être convaincant sans être un tyran. »
Dans les registres de Quentin Hindley, la musique actuelle prend une part importante : « La musique d’aujourd’hui j’adore. Elle permet de pouvoir travailler avec le compositeur, c’est important pour comprendre ses intentions. Je trouve que l’on doit aussi défendre la musique de son temps, elle est à l’image de son époque. Et moi, j’aime tout que ce soit la musique tonale, post-Berg ou spectrale. »
Une approche à l’encontre de la tradition française : « Nous avons cette spécificité de vouloir mettre les gens dans des cases. J’aime les gens qui ne mettent pas les autres dans des cases. »
Il dirigera Evariste Galois ou la Nuit tragique pour la Nuit lyrique du Ventoux
Le samedi 20 juin, pour la Nuit lyrique du Ventoux, Quentin Hindley a été invité à diriger la création « Evariste Galois ou la Nuit tragique », une composition de Fabien Barcelo en cours d’écriture. Il attend sans attendre la partition, en tout cas sans inquiétude : « Je suis curieux de la découvrir, bien sûr. Mais je suis serein, c’est souvent que le chef et les musiciens travaillent dans l’urgence. On sait que l’ouverture de La Flûte enchantée a été écrite la veille au soir de la première. »
La Nuit lyrique du Ventoux en bref
- Le samedi 5 septembre à partir de 18 heures, à Saint-Léger-du-Ventoux, la Nuit lyrique du Ventoux organisée par Ventoux Opéra et le Jardin singulier présentent. En première partie Jouvance de Lucien Durosoir, la Ve symphonie de Schubert, en seconde partie « Evariste Galois ou la Nuit tragique », de Fabien Barcelo, sous la direction de Quentin Hindley avec comme chef de chant Hélène Blanic. L’opéra sera interprété par l’Orchestre régional Avignon-Provence, le Chœur de l’Opéra du Grand-Avignon, avec Chrystelle Di Marco, Lucie Roche, Mikhaël Piccone, Valentin, Pierre Guiral, Simon Calamel et François Harismendy ;
- Le jeudi 27 août à partir de 18 heures, concerts sur le thème Le baroque et la nature avec le pianiste Yoann Pourre, la soprano Jeanne Lefort et le contre-ténor Rémy Brès-Feuillet.
Renseignement au Jardin singulier