Cela faisait 25 ans, peut-être plus que Marc Laho n’était plus revenu à Orange, plus particulièrement aux Chorégies. Ce vendredi 11 septembre, il foulera à nouveau la scène du Théâtre antique pour chanter à Musiques en fête. En attendant, le ténor prépare Bohème de Puccini à Lièges. Dans la saison, il sera invité à l’Opéra du Grand-Avignon.
Son nom sonne italien, Marc Laho est belge, en fait il ne se prénomme pas Marc non plus, à l’état-civil il est inscrit sous le patronyme de Marcel Lahaut. A l’âge de 25 ans, le ténor a réduit nom et prénom pour ne par être confondu avec un quasi homonyme, chanteur lyrique lui-aussi, du même pays que lui.

A Musiques en fête, Marc Laho chantera Nessun Dorma de Turandot de Puccini
Il fait son retour à Orange quelque 25 ans après avoir gravé son nom dans les augustes pierres des Chorégies. A l’époque, il avait découvert le festival sous la direction de Raymond Duffaut, mais dans Musiques en fête où la scène du théâtre antique sert d’écrin à cette émission captée en direct pour France télévision, ce vendredi 11 septembre à 21 heures.
Marc Laho n’y voit que du bonheur dans ce retour en Vaucluse, même s’il en mesure les risques : « Il ne faut pas se planter. On chante devant 3000 spectateurs et devant 1,2 ou 1,5 million de téléspectateurs. Ça met une pression supplémentaire. » S’il est pas revenu plus tôt c’est la vie d’artiste selon lui : « Ça dépend de tellement de choses : de votre agent, des directeurs qui changent et prennent d’autres artistes. »
Lui qui affiche 30 ans de carrière, la pression ? Oui, répond-il. « J’ai chanté partout mais je ne suis pas exposé comme des Alagna ou des Kaufmann. Eux n’ont pas droit à l’erreur. Ça ne m’aurait d’ailleurs pas plu d’avoir leur notoriété. »
Ce retour sur scène ne servira pas de test pour autant au chanteur, puisqu’il est en production à Lièges en Belgique pour chanter La Bohème de Puccini : « C’est une volonté des élus d’avoir rouvert la salle. On va jouer en version scénique, avec 28 musiciens dans la fosse, c’est peu. La mise en scène est revue pour respecter les distances. On ne se prendra pas dans les bras.»
Le professeur de chant Sophie Hervé expliquait que le danger pour les artistes lyriques n’était pas de perdre leur technique vocale, mais de pouvoir retrouver l’endurance physique pour tenir un opéra entier en plusieurs actes. Ce que confirme le ténor belge : « Nous sommes comme des sportifs de haut-niveau. J’ai repris le footing pour retrouver le souffle et je retrouve mon coach à la salle de sport. Pendant les mois de confinement, je m’entretenais dans mon garage, j’ai couru et fait beaucoup de marche. Il fallait travailler les muscles et les cordes vocales qui sont comme un muscle. L’effort physique m’a permis de ne pas péter un plomb.»
Le travail aussi ajoute-t-il : « En Belgique, nous n’avons pas le même régime. Quand on ne travaille pas, on n’a rien. Même si jusqu’à Noël, certains artistes ont vu leur chômage aménagé. Comme je voyais les économies fondre, j’ai repris mon ancien métier : je suis menuisier-ébéniste. J’ai fait une terrasse pour des amis. Mais j’aime bien bricoler, c’est aussi un effort physique comme le sport. Ça vide la tête. Sinon à rester enfermer sans rien faire il y avait de quoi être mal. Je sais que certains chanteurs ne savent pas travailler de leurs doigts, ça n’a pas dû être facile pour eux. »
Renseignement à Marc Laho