A quelques heures du début du spectacle, Jean-Louis Grinda est assis sur les chaises au premier rang à suivre les répétitions, le directeur des Chorégies d’Orange est interpelé et répond à quelques questions organisationnelles. Sur la scène pour un dernier raccord avec l’Orchestre national de Montpellier le maestro Luciano Acocella donne ses conseils aux artistes invités de Musiques en fête.

De temps à autre Jean-Louis Grinda scrute les nuages menaçants. Il a fait beau la veille, il fera beau le lendemain, comme si la météo venait ajouter aux inquiétudes des organisateurs. La menace passera toute le monde sur le plateau l’espère. Comment ignorer ces nuages noirs de plus en plus épais qui pourraient gâcher ce seul rendez-vous en présence du public des Chorégies d’Orange en partenariat avec France Télévision ? Le directeur du festival ne cesse de remercier les acteurs de la télévision publique de leur engagement et de leur volonté à réussir ce concert de ce 11 septembre, qui aurait dû avoir lieu le 20 juin dernier, repoussé pour cause de pandémie.

De sa chaise, il observe les chanteurs, fredonne les paroles, module les intonations : « Je vis la musique, c’est comme ça depuis tout le temps. Je ne pense pas à une mise en scène, j’écoute le phrasé, le rythme. Je profite du spectacle vivant. Musiques en fête soutient les jeunes artistes. Je les connais mais je ne les ai pas tous entendus chanter. Ça peut me servir de casting. C’est une occasion aussi pour moi de les découvrir. Ça s’est passé ainsi avec Valentine Lemercier et qu’ensuite je l’ai demandée. La même chose pour Amélie Robins. »

De savoir que les gradins vont se remplir le réjouit après ces mois de grise mime à se poser des questions. Certes, c’est un concert gratuit et amener 4000 personnes, masquées et séparées de 1,5 mètre pour respecter les consignes sanitaires dans une salle de 8300 places ne semble pas une gageure. Ça laisse augurer un retour à la normale pour l’été prochain, dont on connait une partie de la programmation avec des spectacles de cette année reportés, comme Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns avec l’attendu Roberto Alagna.

Mais si les obligations sanitaires restent ainsi, qu’en serait-il des Chorégies ? Jean-Louis Grinda se veut rassurant et optimiste : « Tout se passera bien, on faut le croire. »

Oui mais quand même, si la jauge est limitée à 5000 places, est-ce que le festival serait viable ? « Ce serait très compliqué, répond le maître de maison. Déjà que nous ne sommes pas dans une situation financière simple… On ne pourrait même pas envisager de doubler les représentations, car cela engagerait des frais supplémentaires importants, même si les artistes acceptaient de chanter le seconde fois gratuitement. Il y a aussi tous les techniciens, les orchestres, ça veut dire quatre dates bloquées avec les reports. Ce n’est pas envisageable.  Donc il faut se dire que tout se passera bien.»

Jean-Louis Grinda rappelle qu’il est un défenseur des services publics, comparant le statut des artistes en France et leurs collègues étrangers : «Des mesures ont été prises, avec du chômage partiel et des salaires versés.  Il y a un an tout juste j’étais à San Francisco pour une production. J’ai téléphoné l’autre jour et on vous dit que là-bas aujourd’hui, les salles sont fermées, personne n’est payé. Pareil en Italie, en Angleterre. En Allemagne, c’est un peu différent, car beaucoup d’artistes sont en troupe.»

Les dernières notes de Musiques en fête envolées, Jean-Louis Grinda est reparti vers Monaco et son bureau de directeur de l’Opéra de Monte-Carlo. Il prépare la rentrée ce samedi 19 septembre, avec un concert privé ou sur invitation devant la famille princière, place du Casino, où se produira la mezzo Cécilia Bartoli et les Musiciens du Prince. Celle qui lui succèdera en 2023. En novembre, il mettra en scène Carmen de Bizet où il retrouvera le chef Frédéric Chaslin à la baguette.

Un retour à la normale, vous dis-je !

Bruno ALBERRO

 

Au programme des Chorégies d’Orange

Les premières dates de l’affiche des Chorégies d’Orange 2021 sont connues, il s’agit de report de l’affiche 2020 avec :

  • Le 2 juillet le concert du violoniste serbe Nemanja Radulovic ;
  • Le samedi 10 juillet Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns avec le ténor Roberto Alagna ;
  • Le vendredi 16 juillet concert de Cécilia Bartoli et les Musiciens du Prince ;
  • Le jeudi 22 juillet Ballet for Life par le Béjart Ballet Lausanne ;

Un autre opéra et d’autres concerts sont attendus. L’annonce sera faite dans les prochaines semaines.

Renseignement aux Chorégies d’Orange